Le prédicateur égyptien Amr Khaled, qui a construit sa célébrité sur plusieurs chaînes satellitaires du Moyen-Orient, a décidé de quitter son pays, l'Egypte, pour la seconde fois. Cette décision n'a pas laissé indifférente la rue, et la presse de spéculer sur les motifs du départ du pays du Nil de l'une des figures qui aurait marqué de son empreinte l'orientation de l'opinion publique en tant qu'alternative médiane entre El-Azhar et les Frères Musulmans, d'abord en Egypte et puis dans tout le monde arabe. C'est le journal égyptien «Echourouk» qui a été le premier à parler de ce départ, et citant des sources qu'il a qualifiées de crédibles, il a expliqué que la décision de Amr Khaled reposerait sur la demande que lui auraient formulée des personnalités influentes du parti nationaliste au pouvoir de participer à l'organisation de sa commission politique et de mener une offensive en direction des Frères Musulmans à travers ses émissions télévisées. Les mêmes sources, selon le journal, précisent que le prédicateur aurait refusé cette sollicitation étant donné qu'il est plus porteur d'un message d'apaisement en direction notamment des jeunes, et qu'il refuse de facto d'entrer dans des confrontations avec une quelconque partie pour ne pas porter atteinte à l'essence même de sa mission de prédication. Echourouk rappelle que l'offre du parti au pouvoir en Egypte s'inscrit dans le cadre de la préparation de la prochaine élection présidentielle, vu que la popularité de Amr Khaled dans les rangs de la jeunesse peut constituer un atout à faire valoir et qui peut s'avérer déterminant dans le choix du futur président égyptien. Pressé par le même journal de s'exprimer, Amr Khaled s'est dit satisfait de son séjour au bord de la Tamise et que la difficile épreuve qu'il a endurée est à mettre à l'oubli, et qu'il va persévérer dans la même voie pour la renaissance de la nation et de sa jeunesse en dépit des entraves de certains pour faire taire sa voix en Egypte. De son côté, le journal «Elmasri Elyoum» a indiqué que cette décision a été prise suite à l'interdiction d'une des émissions de Amr Khaled qui remonte à 6 mois, en raison de différends entre ce dernier et les autorités sur le contenu à donner au programme de lutte contre la pauvreté. Les services de sécurité égyptiens auraient intervenu, selon le même journal, pour annuler l'émission «Elmoudjadidoune» avant d'interdire la diffusion sur les chaînes satellitaires égyptiennes de la seconde partie de l'émission «Contes du Coran», une mesure qui a été, selon les adeptes du prédicateur, le point de non-retour et le début de la crise. Cette émission de grande audience durant le mois de Ramadan a été officiellement annulée. Le paroxysme du différend a été atteint lorsque Amr Khaled devait consacrer une de ses émissions sur les prophètes, à Moussa qui a affronté le puissant Pharaon d'Egypte. Soumis à l'appréciation des téléspectateurs par courrier électronique, cet épisode a été unanimement vu comme étant à l'origine de la situation vécue actuellement en Egypte. Une thèse qu'a infirmée le prédicateur en précisant que cette accusation ne lui a jamais été notifiée. La même source a indiqué que Amr Khaled a décidé de demeurer à Londres durant deux, voire trois ans, et qu'il ne se rendrait au Caire que pour rendre visite à ses parents, avec néanmoins son interdiction de faire des apparitions publiques. Le même quotidien rappelle que le conflit entre le prédicateur et les services de sécurité égyptiens remonte à l'annonce qu'il a faite lors d'une émission télévisée, pour la mobilisation de 70 000 volontaires pour venir en aide à 35 000 familles dans tout le pays, notamment pour initier de petits projets leur pouvant d'améliorer leur situation socio-économique à l'exemple d'expériences similaires vécues au Soudan, en Jordanie et au Yemen. Cette annonce n'a pas été du goût du parti national qui a considéré qu'elle mettait de l'ombre sur le projet qu'il a initié et portant sur le développement de 1.000 villages dont le niveau de vie est précaire. En réaction à toutes ces accusations, d'autres journaux ont riposté en mettant en évidence la manipulation des médias qui ont amplifié cette affaire. Ils ont estimé que ces médias ont escamoté à chaque fois les précisions de Amr Khaled comme celle adressée à Elmasri Elyoum sur la liberté de ses mouvements. A propos de sa présence dans la capitale britannique, une polémique a eu lieu entre ce média et un autre défendant la ligne du parti El Wafd. Alors que le premier maintenait sa version, le second journal révélait que la présence de Khaled à Londres était pour une conférence et que son émission, objet de discorde dans son pays, a été refusée par la chaîne El Hayat, dont le patron n'est autre qu'un membre influent d'El Wafd. Dans sa riposte, le prédicateur a même adressé une lettre de mise au point à Elmasri Elyoum pour l'interroger sur les sources qui lui auraient avancé tous les mensonges notamment sur le contenu qu'il devait donner à l'histoire du prophète Moussa alors qu'il n'a pas encore été défini au moment de la publication de l'article. Il s'en prendra également au journal El Karama, qui a publié un texte faisant état de la décision de la police égyptienne de l'expulser d'Egypte, un fait qu'il a toujours réfuté.