Cela relève de la psychiatrie ! Les dirigeants voyous et leurs porte-voix que l'Egypte de l'inusable mais néanmoins vieillard Hosni Moubarak et de Suzanne s'est donné pour élite vivent aux basques du régime. Avec beaucoup d'aplomb, ils humilient un peuple endurant mais pas dupe. Le peuple égyptien est pétri d'attachantes qualités. Le clan Moubarak a été contrarié alors qu'il s'apprêtait à léguer le pouvoir à des rejetons autocrates bien comme il se doit. Ils tiennent le parti avant de tenir le peuple égyptien. Cette passation de témoin entre le père et le fils se serait certainement passée dans des conditions idoines si les Algériens ne s'étaient pas rebiffés pour transformer le rêve du potentat Moubarak en cauchemar. Le football, en Egypte comme ailleurs, permet de faire avaler les pilules les plus amères aux populations. Le désenchantement fut brutal, il ne peut plus surfer sur une victoire. La crainte du mécontentement populaire rendit donc vital, pour le régime, l'orchestration d'une hystérie médiatique inouïe pour canaliser la colère de la rue égyptienne contre l'Algérie et surtout contre le peuple algérien. Le Caire ne pouvait pas risquer de laisser le Nil lui ramener les tumultes de la défaite, le tsunami généré aurait pulvérisé la dynastie Moubarak avant qu'elle n'entame la préface du deuxième feuilleton : indubitablement, le régime a peur, ses jours sont comptés et qu'il profite des nuits qui lui restent pour fantasmer sur les Algériens. Sans nuance, belliqueux et outranciers, les journaleux, écrivaillions et autres pleureurs de séries aussi larmoyantes qu'abrutissantes, fidèles suppôts du régime, ont franchi le Rubicon toute bride lâchée. S'appuyant sur le désarroi des jeunes gens d'Egypte, attisés par la déception du père et des fils, ils s'époumonent à ânonner d'énormes bêtises, à l'image d'oustaz Brahim qualifié très pertinemment par El Watan de journaliste-procureur et qui sévit sur Nile sport. Rivarol a raison, c'est un délice de fin gourmet que de se faire traiter de bête par un sot de cet acabit. Leurs gosiers sont à l'évidence devenus de véritables exutoires d'égouts, ils éructent inlassablement les mensonges les plus éhontés pour se consoler, exhalant de bien nauséabondes pensées, confirmant effectivement que la boîte qui leur sert d'encéphale renferme un bouillon de culture hors du commun, ou d'inculture ! Au choix, à prendre dans le sens propre. Leur réaction, disproportionnée dans la forme et intolérable dans le fond, relève de la psychiatrie ; au lieu de digérer leur déconfiture dans une certaine dignité, ils n'ont pas cessé de projeter sur le peuple algérien leurs propres tares : leur animosité, leurs attaques ad hominem contre l'Algérien me rassurent donc, pleinement. L'Egypte, De Khan Khalili au Haï Ech-Chafiï Les chaînes satellitaires font défiler tout ce que l'Egypte compte de starlettes et de plumitifs. Ils ont allégrement atteint les confins de l'indécence et persistent à se complaire sur un tas d'immondices médiatiques pour insulter plus l'avenir que les Algériens. Je ne commettrais pas la stupidité de les y rejoindre, j'ai une réelle et profonde considération pour le peuple égyptien, celui que chante le regretté Cheikh Imam et Fouad Negm. Pour m'être laissé un jour engouffrer dans les inextricables dédales constitués par les obscurs et insalubres ateliers d'artisanats adossés au célèbre souk de Khan Khalili, je sais combien le petit peuple du Caire inspire respect et commisération, tant il est besogneux, laborieux et industrieux. On se surprend à penser que si ces malheureux triment sans rechigner, l'émergence des pyramides en Egypte n'est pas un événement fortuit dans l'histoire. Les paroles de Cheikh Imam résonnent encore dans ma tête, elles sont encore d'une terrible actualité. Il mettait en garde Anouar Sadate avec cette inimitable voix, rauque et émouvante, sur l'indigestion que risque de se payer celui qui cherche à n'en faire qu'une bouchée du peuple égyptien. L'explication se trouve dans ce plat du pauvre, « el kouchari », dont la chair de l'égyptien est la quintessence. Rassasiant et équilibré, fait de pâtes et de légumes secs, mais qui résume tristement la vie et l'univers de la population démunie à force d'en constituer la seule pitance quotidienne. En me baladant dans le quartier Haï Ech Chafï que surplombe la superbe mosquée Mehemet-Ali (1857), dominant la citadelle de Salah Ed-Dine El Ayyoubi, j'ai été émerveillé de découvrir un îlot de modestes mausolées, sortes de sépulcres des notables de l'époque ottomane. Le basculement d'une grande artère urbaine dans quasiment l'au-delà était stupéfiant. Séduit néanmoins par la délicatesse des motifs décorant ces véritables joyaux architecturaux et mus par un irrésistible besoin de satisfaire ma curiosité, je me suis rapproché pour admirer ces jolies constructions à travers les grilles des portillons qui ponctuent le mur d'enceinte construit pour isoler ces demeures quelque peu incongrues en zone citadine. Mal m'en a pris car j'ai été désarçonné par une voix qui m'apostrophait fermement : Bit-boss eh ! (que cherches-tu ?) J'ai naturellement vite compris que ces résidences n'abritaient pas que des morts. Elles sont squattées par le lupen-prolétariat cairote qui y habite. J'ai répondu que je me contentais d'admirer ces caveaux de luxes. Rassuré par mon accent que je ne pouvais pas être un représentant d'une quelconque administration égyptienne, il lâcha avec une authentique intonation de colère contenue « Haq ! El madafin hilouwa, bess el houkouma maouch hilwa ! » (Effectivement, les caveaux sont charmants, mais le gouvernement l'est moins !) Il finit par me conseiller de ne pas trop m'écarter de la grande avenue si je ne voulais pas me faire détrousser. Illico presto, j'ai repris le bus qui me ramena vers le centre-ville pour rejoindre mon hôtel dans le quartier Ed Dokki, longeant le majestueux Nil, très représentatif du Caire utile, c'est-à-dire très sécurisé, car c'est aussi celui des régiments de touristes, l'anecdote vaut ce qu'elle vaut ; elle m'a valu une petite frayeur vite dissipée, mais elle présage du sentiment de révolte qui couve sous le difficile quotidien du petit peuple cairote. Il s'exprimera bien un jour pour emporter ceux qui ont mis le peuple égyptien sous leur tutelle. Jusque-là, les aboyeurs de service ne leurrent personne. Les quatre vérités Quelle mouche a piqué l'intelligentsia de fortune du Caire de se fourvoyer en soutenant cette scandaleuse exigence égyptienne de se prévaloir d'un droit à la victoire. Une revendication qui ne se fonde sur aucune règle, mais qui tirerait sa légitimité d'un leadership indu sur le monde arabe. Ahurissant ! Le pharaon, dans sa folie de disputer le ciel à Dieu, n'accusa-t-il pas Moïse de vouloir anéantir le mode de vie exemplaire des Egyptiens ? N'a-t-il pas puni son staff technique (essahara/les magiciens), uniquement parce qu'ils se sont soustraits à l'autorité du maître et à sa permission pour se soumettre et adhérer au Dieu unique de Moïse. Un rapide survol des arguments développés par les chaînes satellitaires - il est donc toujours question de ciel ! - fait ressortir qu'à plus d'un égard, c'est avec les mêmes ingrédients que le Caire s'échine à animer ce tintamarre vaudevillesque. Indéniablement, la classe politico-médiatique égyptienne grouille d'hypocrites, et sans coup férir, ils s'attribuent des mérites dont ils ne sont pas capables. Qu'ils se mentent à eux-mêmes ou qu'ils soient les seuls à y croire, c'est des virtuoses ! Ils récitent les discours les plus grotesques comme des partitions caricaturales jouées par une fanfare militaire. C'est risible, mais personne n'a le droit de l'ouvrir ! Nous sommes en 2009, bientôt 2010 ! Oui, mais il ne faut pas trop le leur rabâcher non plus ! Merci de le comprendre ! En s'attaquant de la plus vile des manières aux Algériens, ils remettent encore une couche pour ternir davantage leur dossier déjà bien noir devant Dieu et le monde. Nasser rencontra l'histoire en homme, ils n'en possèdent pas l'étoffe. L'audace du général Chazli, fierté de tous les Arabes, a été dilapidé jusqu'à la dernière piastre. La duplicité leur a phagocyté l'âme. La seule ressource qui reste aux héritiers d'Anouar Sadate est d'espérer quelques subsides de l'US Aid qui veille au grain. En 1996, j'avais constaté combien la présence de cette organisation américaine était remarquable dans la mégapole cairote, notamment à travers les véhicules des ministères offerts, un peu comme chez nous, les bus « solidarité » de Djamel Ould Abbès, notre papa Noël national. Il est à parier qu'aujourd'hui la reconnaissance américaine, pour la conduite irréprochable de l'Egypte vis-à-vis d'Israël, soit devenue envahissante et un peu plus avilissante. L'Egypte n'a-t-elle pas servie de seconde mâchoire de l'étau pour broyer impitoyablement le peuple de Ghaza. Eh Hosni, ne force pas trop sur la harissa et les bonbons avec ton ami Shimon ! Tapis rouge, oui, mais il faut s'économiser à ton âge jusqu'à la transmission du flambeau ! Dis à Alaâ de ne pas se brûler à jouer avec le feu ! Relativisons ! Nous rendormir sur nos lauriers est notre sempiternel péché mignon. Les médias égyptiens, au lieu de consoler leur public, se sont donné beaucoup de mal à nous rappeler notre imperfection, on devrait songer à les en remercier pour tant de sollicitudes. Ils nous passent un check-up sans concession ni complaisance et nous établissent un diagnostic avec, somme toute, un pronostic favorable. Je suis déjà un peu plus serein. Voyez par vous-mêmes, même un spin-doctor égyptien peut dresser la liste de nos défauts avec une célérité prodigieuse. Nous sommes donc amendables. En revanche, je m'inquiète pour les cireurs de bottes du pouvoir égyptien. On les savait d'une obséquiosité comme cela ne devrait pas être permis, voilà que dorénavant, il suffira d'en nommer le meilleur d'entre eux pour évoquer les infortunes congénitales les plus incurables, celles de l'esprit et bien d'autres calamités humaines ! Des élites incompétentes qui exhibent sans retenue tout ce qu'il y a d'exécrable pour corrompre la nature humaine. Quel gâchis ! Voilà un mot qui nous va bien aussi, mais pour des raisons bien distinctes. S'agissant du microcosme vaguement intellectuel du Caire, la gabegie trouve son origine dans une évidente pour tout observateur de la frange intellectuelle de la société égyptienne, dont l'idéologie correspond à un océan de fatuité et de veulerie assaisonné d'un zeste de culture. L'avant-dernier mot pour Hanane Hanane est perplexe. Est-il permis d'être aussi impudent qu'Amr Zaki, se demande-t-elle. En effet, ce pharaon aurait affirmé que ses amis arabes l'ont contacté de plusieurs capitales pour le soutenir. Ils sont unanimes à souhaiter être représentés par l'Egypte. Rien que ça ! Les vents prennent parfois des directions qui déplaisent aux barreurs des meilleurs voiliers. Voilà qui illustre une grande réalité récurrente dans la vie de tous et qui échappe sans doute à la sagacité d'Amr Zaki. Qu'il ne s'en offusque pas si je laisse Hanane lui rappeler qu'une participation en Coupe du monde s'arrache sous les auspices d'un slogan largement admis : « Que le meilleur gagne ! » Il ne faut pas subrepticement déposséder les équipes, fussent-elles nationales, de leurs victoires. Les joueurs, quand ils ont la fibre patriotique vivante et reconnaissante, poussent la délicatesse à dédier leurs exploits à leur pays et à leur nation. Les gens sont ensuite libres de s'identifier aux héros qu'ils se choisissent. Hanane propose un challenge à Amr Zaki. Chiche ! Elargissons le cercle des votants au-delà des amis d'Amr Zaki et demandons à la FIFA une dérogation pour désigner le représentant arabe pour la Coupe du monde en Afrique du Sud 2010. Une élection démocratique à l'échelle du monde arabe. Mon petit de doigt, qui me susurre toujours des choses, parie sur l'Algérie gagnante ! Ne tire pas ! Non, ce n'est pas à toi, Antar Yahia que je m'adresse ! Il y a ce va-t-en guerre d'Amr Zaki qui dégaine déjà ! Ce ne sont que des mots. Les balbutiements liminaires, de ce qui n'est qu'un rêve, me les font semer aux vents. Quel joli rêve ! Trop joli pour nous autres Arabes. Je crains, sécurité d'Israël oblige, qu'il ne figure sur une blacklist américaine et, par conséquent, qu'il ne nous soit pas autorisé par les Pharaons locaux et leurs acolytes ! Continuez à vendre du vent, mais pas sur la chaîne Dream. C'est comme si vous nous le proposiez dans des filets ! « Rih fi ech-beck ! » On ne fait pas de rêves avec ça ! Après nous avoir ouvert les yeux, vous nous maintenez éveillés ! Merci ! Mais prenez garde de prendre pour votre grade en récoltant des tempêtes ! Ouyoun bahia ! Je suis dans une certaine expectative pour remercier Chahata, il a tout de même amplement contribué à notre allégresse en mettant beaucoup du sien à motiver les nôtres. Bof ! Le temps du pardon viendra bien un jour. On pardonnera. Mais il ne faudra pas que l'on oublie. Le pire serait que l'on se lance dans un renchérissement effréné à coups de résolutions pour ne jamais pardonner et qu'en deux temps, trois mouvements, comme d'habitude, notre mémoire fera pschitt ! Laissons-les jours (el ayyam) passer. Les journaleux égyptiens exaltés ont réveillé en moi l'envie de danser, longtemps anesthésié par des préoccupations, qui, de leur propre aveu, les ont réjouis. J'aurais volontiers dansé sur des airs arrivant du Nil ; mais le vacarme que vous faites stupidement couvre les rythmes tantôt envoûtants, tantôt endiablés de cette Egypte éternelle que nous aimons. Je me rattrape en chantant à mon Algérie « an'ti aâmri » (tu es ma vie) en rêvant très fort de ouyoun bahia ! (les yeux de bahia) En ces jours bénis de l'Aïd El Adha, nous pavoisons en rendant grâce à Dieu. Il est plus grand que tous les Pharaons d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Les Algériens s'en remettront toujours à lui et continueront à pénétrer les arènes où l'issue des combats n'est jamais convenue à l'avance avec fantazia. Vous avez déclenché les hostilités, ils prennent l'initiative de l'apaisement. La perspicacité de mes compatriotes ayant déteint quelque peu sur mon bon sens de paysan, je suis de bon conseil. Vous seriez bien avisés de fréquenter les Algériens et prenez-en de la graine de leur bravoure et leur témérité sur lesquels vous vous êtes mépris, car édulcorés par leur tempérament paisible et leur humilité naturelle. De la confrontation sportive entre l'Egypte et l'Algérie, je retiendrais, qu'encore une fois, la petite histoire, après la grande, souligne l'acuité de Napoléon Bonaparte : « Le vrai caractère perce presque toujours dans les grandes occasions. » Le mot de la fin, j'ai commémoré le souvenir de Sidna Ibrahim en sacrifiant un mouton, dans la joie. Je prie Dieu d'agréer mon intention, mais je vous confesserais qu'au moment fatidique pour la bête, j'ai eu l'impression qu'Oussama, mon fils, était en train d'égorger Amon, le Dieu suprême du panthéon égyptien dont le bélier était un de ses attributs. Université de Mostaganem