Encore une fois, la Ligue arabe a montré son incroyable déphasage par rapport aux souffrances des «frères». Réputée pour servir de pompier dés que la rue gronde contre Israël et les Etats-Unis, l'organisation n'a pas dérogé à sa règle qui consiste à attendre avant de se positionner. En effet, 24 heures après le drame de Ghaza, pas un mot de condamnation n'a été prononcé par la Ligue de Amr Moussa. C'est une autre humiliation pour une organisation qualifiée, à juste titre, d'antichambre du ministère des Affaires étrangères (MAE) égyptien, alors que l'Egypte devait se sentir gênée par ce qui vient d'arriver à la flottille de la Liberté, car entretenant de très bonnes relations avec l'agresseur. Amr Moussa qui était le chef de la diplomatie de Moubarak a donc calqué l'action de la Ligue sur celle du MAE de son pays. Les images de manifestations de rue dans tous les pays arabes, diffusées sur les chaînes satellitaires, contrastent terriblement avec le silence complice de cette organisation basée au Caire qui attendait, hier, de tenir une réunion «d'urgence». «La Ligue arabe devait se réunir hier pour définir une réponse collective» annonçait-on. Entre l'Egypte, la Jordanie, les Emirats et, à un degré moindre, l'Arabie saoudite -tentés de mettre les formes pour montrer leur «modération» à l'allié américain- et la Syrie, l'Algérie, le Liban et le reste, résolument hostiles à Israël, il est difficile d'aboutir à un consensus. En clair, la Ligue arabe est un condensé de contradictions, un terrain miné qui a du mal à forcer la décision qui rend la dignité aux pays arabes. Alors que le monde entier a pris position contre Israël et que l'ONU a rendu son verdict, la Ligue arabe attend d'«adopter une position arabe collective». Comme quoi, le consensus n'est pas garanti… Hosni Moubarak a donné le ton hier en ne dénonçant qu'«un usage excessif de la force par Israël». Pis, le président égyptien a fait implicitement porter le chapeau au mouvement Hamas dans la poursuite du blocus israélien imposé à l'enclave depuis 2007. En tout état de cause, le silence troublant de la Ligue arabe confirme que cette organisation constitue une autre «Nakba» pour les Palestiniens qui viennent juste de célébrer celle de 1948.