Le tribunal criminel de Constantine a condamné hier l'accusé principal Y.A., âgé de 31 ans, à 20 ans de réclusion criminelle pour le grief «d'adhésion à groupe terroriste et détention de minutions et d'explosifs». Deux autres accusés, L.A. et H.H., âgés de 33 et 24 ans, qui comparaissaient à ses côtés pour «adhésion et soutien aux groupes terroristes», ont écopé chacun d'une peine de 5 ans de réclusion criminelle, assortie d'une amende de 20 millions de centimes. L'avocat général, qui n'a pas manqué de souligner la gravité des faits retenus contre les accusés, notamment les menaces qu'ils faisaient peser sur la vie des personnes, ainsi que les mesures d'apaisement et d'incitation appelant les «égarés» au repentir, avait pour sa part requis la peine de mort contre l'accusé principal et une peine de 10 ans de réclusion criminelle, assortie d'une amende de 50 millions de centimes contre les deux autres. Les activités de ces accusés, qui remontent à l'été 2008, jusqu'au jour du démantèlement de cette cellule terroriste au mois de novembre 2008, ont un lien direct et avéré avec les terroristes du maquis, dépassant le stade du soutien logistique, notamment pour l'accusé principal. En effet, outre qu'il se chargeait de l'organisation de la logistique destinée aux terroristes, il s'occupait aussi du recrutement et du transport de l'armement et autres explosifs. Il reconnaîtra hier devant le tribunal criminel avoir remis aux terroristes plusieurs téléphones portables, deux bombes artisanales, et qu'il a pris soin de leur procurer une clé Internet «Nedjma», ainsi que la réparation d'un micro portable. Aussi, il avait pour mission de suivre le mouvement des services de sécurité chargés de la protection des sites aux alentours du projet de l'autoroute Est/Ouest, de placer des bombes près des sièges de sûreté et de suivre de près le mouvement des personnes bien nanties, et ce dans le but de concocter des plans de kidnapping. Lors de son arrestation le 17 novembre 2008 au niveau de la gare routière de Boussouf, l'accusé n'a pas hésité de faire exploser une bombe au milieu des policiers venus en renfort pour l'appréhender. Résultat : la bombe lui explosera entre les mains. Il sera ainsi amputé des doigts des deux mains, mais l'explosion causera aussi des blessures à un agent des services de sécurité. Après cette arrestation qui a failli tourner au drame, la perquisition du domicile de l'accusé permettra aux agents de sécurité de mettre la main sur 91 balles de calibre 9 mm (pistolet automatique) et 10 autres balles de calibre 54x7.62 (mitrailleuse). Quant aux deux autres accusés, qui nieront les faits qui leur sont reprochés, l'un s'est mêlé de la vente de portables pour le compte de l'organisation terroriste. Le second, un taxieur clandestin, comme il l'a soutenu devant le tribunal criminel, se chargeait du transport de la marchandise et des personnes à l'aide de sa voiture de marque Peugeot 306. Il assura qu'il n'était pas au courant des activités de l'accusé principal, s'occupant uniquement de le transporter sans poser de questions. Au bout de ses délibérations, le tribunal criminel condamnera l'accusé principal à 20 ans de réclusion criminelle et infligera 5 ans de réclusion criminelle pour chacun des deux autres accusés, ainsi que 20 millions de centimes d'amende pour ces deux derniers.