Dans un entretien accordé à l'APS, le PDG du groupe Sonelgaz s'est expliqué sur les coupures fréquentes de l'électricité en ces périodes de grandes chaleurs. Noureddine Boutarfa ne parle pas de délestage mais de coupures «dues à une défaillance des réseaux de distribution moyenne et basse tensions». «Si le système de production-transport fonctionnait dans de très bonnes conditions, ce n'est pas le cas pour le réseau de distribution», a-t-il indiqué. Selon lui, c'est le recours «excessif» à la climatisation qui a entraîné une «importante» augmentation de la consommation d'énergie qui, en plus des «actes de piratage et d'agression», a considérablement «fragilisé les réseaux de distribution, particulièrement les postes de transformation qui, sous l'effet de la hausse des températures, perdent de leur capacité nominale». Le pic de la demande a été enregistré dans la soirée du 14 juillet, avec un appel en puissance de 6.838 MW, soit 8% de plus par rapport à la même période de l'année 2008, a-t-il précisé. Ces 8% supplémentaires équivalent, affirme Boutarfa, à l'alimentation d'une ville de la dimension du grand Alger. «Plus de 2.000 MW ont été consommés entre avril et juillet 2009 par les clients industriels et domestiques uniquement pour la climatisation», ajoute-t-il. La demande électrique a augmenté de «plus de 20% de 2008 à 2009 dans le grand Alger et de 35% au sud du pays». Un plan d'urgence a été lancé en 2009 pour faire face à cette forte demande. Il porte sur la production de 2.000 MW «ayant mobilisé un investissement de 2 milliards de dollars», a affirmé le premier responsable de Sonelgaz. Noureddine Boutarfa révèle que ce plan d'urgence a permis «d'éviter un black-out» suite à l'incident survenu le 15 juillet 2009 à Alger causant l'arrêt de trois groupes de production d'une puissance de 400 MW chacun au niveau de la centrale de Hadjret Enouss (Tipaza), «provoquant un déficit de 1.200 MW dans un laps de temps ne dépassant pas une vingtaine de secondes», a-t-il souligné, annonçant la mise en service des premiers groupes de centrales de type turbine à gaz de Larbâa (560 MW) et de Relizane (462 MW). Ces éclaircissements étant apportés, le PDG de Sonelgaz a démenti l'idée selon laquelle c'est l'exportation de l'électricité vers le Maroc et l'Espagne qui serait à l'origine des coupures signalées. Pour lui, l'interconnexion du réseau de distribution national avec ceux de ces pays est «une nécessité pour assurer la sécurité et le fonctionnement du réseau avec une réserve estimée à 800 MW». M. Boutarfa a, par ailleurs, indiqué que le groupe compte reprendre l'entretien et la maintenance de ses installations par ses propres moyens au lieu de confier cette tâche à des sous-traitants. A cet effet, un programme de formation qui s'étale sur trois ans a été prévu en vue d'initier les agents du groupe aux métiers de la maintenance, a-t-il précisé. M. Boutarfa a également mis l'accent sur la nécessité de réaliser de nouveaux postes de transformation dont l'implantation exige la mise à disposition de l'entreprise d'assiettes de terrain d'une superficie moyenne de 20 m² pour chaque poste. Le PDG de Sonelgaz a pointé du doigt «le manque de coopération des collectivités locales dans l'attribution des assiettes nécessaires», évoquant «un problème de bureaucratie». «La mise à disposition des assiettes foncières pour la construction de nouveaux postes reste un sérieux problème pour les distributeurs et retarde la réalisation de solutions qui peuvent rapidement mettre fin aux contraintes techniques enregistrées», a-t-il déclaré. Sur un autre registre, Noureddine Boutarfa a fait état d'un projet de télé-relève (facturation automatique d'électricité) pour les factures des clients moyenne tension de Sonelgaz, au niveau des centres de distribution. La mise en oeuvre de la télé-relève permettrait, selon lui, d'éviter les problèmes de surfacturation. Dans la dernière partie de l'entretien accordé à l'APS, le PDG du groupe Sonelgaz a confirmé le lancement, vers la fin de l'année en cours, d'un 6e emprunt obligataire grand public dont le montant devrait se situer entre 15 et 20 milliards de dinars. «L'emprunt sera opéré après la finalisation du dossier qui est actuellement à l'étude pour définir certains aspects financiers de l'opération», a déclaré Boutarfa.