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Nucléaire iranien : les enjeux israéliens
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 07 - 2009

Derrière l'intransigeance affichée de l'Etat hébreu sur le dossier du nucléaire iranien, deux options restent ouvertes : la volonté d'une offensive à tout prix ; à laquelle Tel-Aviv pourrait éventuellement renoncer contre d'importantes contreparties. Mais lesquelles ?
Barack Obama a envoyé pas moins de quatre émissaires en Israël en début de semaine. Outre, Robert Gates, George Mitchell, l'émissaire spécial du président américain pour le Proche-Orient, James Jones le conseiller à la sécurité nationale et Dennis Ross, le conseiller spécial d'Hillary Clinton, ont tenté de convaincre l'Etat hébreu de ne pas faire cavalier seul sur la question du nucléaire iranien, et laisser à la diplomatie washingtonienne, le temps de porter ses fruits. Robert Gates s'est voulu évidemment rassurant : la main tendue à l'Iran n'est évidemment que temporaire : « L'offre de dialogue américaine, a expliqué le secrétaire d'état américain à la défense, n'est pas « à durée indéterminée ». « Nous traiterons la situation au moment approprié », a-t-il commenté.
Des sanctions sont une possibilité si la diplomatie échoue, a ajouté Robert Gates, en mentionnant également des projets pour un «parapluie de défense», destiné à protéger les alliés américains dans la région.
Ce vieux concept, issu de la Guerre froide, a été ressorti par Hillary Clinton, en tournée dans les pays du Golfe, le 21 juillet dernier.
Tel-Aviv se méfie du «parapluie de défense»
La ministre américaine des Affaires étrangères a déclaré la semaine dernière que l'Iran ne pourrait pas intimider et dominer la région si les Etats-Unis déployaient un tel « parapluie de défense ». Elle n'a hélas guère fourni de détails sur ce nouveau dispositif : à qui serait-il proposé ? Quelles représailles militaires américaines en cas d'agression de l'un de ses alliés ? La très grande timidité des USA lors de l'offensive russe en Géorgie a enlevé beaucoup d'illusions à nombre de capitales amies.
Face à Robert Gates, Ehud Barak, son homologue israélien est resté dans le vague : « Israël reste sur sa position fondamentale selon laquelle aucune option ne doit être écartée, même si la priorité à ce stade doit être donnée à la diplomatie », a commenté le ministre israélien de la Défense. De son côté, le pouvoir à Téhéran balaie d'un revers de main, une proposition qui à l'évidence ne lui est pas destinée : « Il n'y a pas besoin d'un parapluie de défense américain », a commenté lundi un porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hassan Qashqavi. Il est en revanche nécessaire que Washington demande à l'Etat hébreu de «démanteler ses propres 200 têtes nucléaires», a-t-il affirmé. «Bibi» Netanyahou doit partager la même opinion: au regard des risques actuels, Israël n'a pas vraiment besoin d'un parapluie nucléaire américain et tout à perdre à une dénucléarisation de l'ensemble du Moyen-Orient. Car c'est bien là, l'une des dimensions du dossier en cours. L'an prochain, un nouveau cycle de discussions sur l'arsenal nucléaire international va s'ouvrir. C'était l'un des principaux thèmes abordés par Barack Obama lors du dernier sommet de Moscou. Le Président américain estime possible de réduire le stock général des bombes possédées par les différentes puissances nucléaires officielles (USA, Russie, France, Grande Bretagne, Chine), d'établir des contraintes pour les états qui n'ont pas signé le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) – Inde, Pakistan, Israël -, de faire rentrer dans le rang les indisciplinés (Corée du Nord, Iran), de dissuader les pays qui pourraient être tentés d'accéder à la bombe ( Egypte, Arabie, Brésil, Afrique du Sud, Algérie…). Une telle négociation ne pourrait aboutir au mieux qu'à une stabilisation de la situation actuelle. Son succès nécessiterait néanmoins de fortes pressions sur les états rétifs, tout en proposant aux uns et aux autres de sérieuses contreparties. Parmi celles-ci, figure au 1er plan, un plan de stabilisation de la grande région moyen-orientale qui passe prioritairement par un règlement honorable du très vieux conflit israélo-palestinien.
D'où les fortes inquiétudes de Tel-Aviv et les tentations du gouvernement ultra Netanyahou – Libermann de jouer les va-t'en guerre, d'autant qu'un apaisement durable des tensions au Moyen-Orient ferait perdre à Israël sa situation privilégiée « d'allié ultime des Etats-Unis et de l'Occident ».
La grande faiblesse de ce nouveau TNP repose néanmoins sur un vice de construction originel.
L'issue éventuellement positive d'un tel « deal » international, verrait en effet se confirmer la prééminence nucléaire des seules puissances « occidentales », plus la Chine. Toutes dénoncent les dangers de la prolifération nucléaire tout en en gardant soigneusement le monopôle.
Israël, 6ème puissance nucléaire mondiale
Les vingt dernières années n'ont pas hélas démontré, notamment après les turpitudes américaines dans un certain nombre de continents, une sagesse occidentale particulière en matière de relations internationales.
D'autant que «l'ouverture» au nucléaire se fait au cas par cas. Washington de façon contradictoire, a autorisé l'arme nucléaire au Pakistan pour la déplorer par la suite et Hillary Clinton a, lors de son voyage en Inde, ce mois-ci, conforter la coopération nucléaire des USA avec ce pays.
La position iranienne se comprend d'ailleurs fort bien dans ce contexte : ses principaux voisins (Pakistan, Russie, Israël) sont tous des puissances nucléaires. Pour cette raison, l'ensemble des composantes politiques de ce pays, quelles que soient leurs divergences par ailleurs, sont unanimes sur ce point : dans un contexte hostile et instable, la puissance perse doit se doter de l'arme de dissuasion. suprême. Face à cette volonté iranienne, les positions israéliennes ne sont pas, contrairement aux apparences, univoques. Selon Pierre Razou de l'IFRI, deux tendances, s'affrontaient en 2007 dans l'appareil d'état. Dans les faits aujourd'hui, elles continuent de coexister, les frontières entre les uns et les autres étant mouvantes au gré des circonstances.
Pour la 1ère position, la doctrine officielle, Israël n'acceptera jamais que l'Iran se dote de l'armement nucléaire « pour des raisons de survie » de l'état hébreu. Cette affirmation a été confortée par les déclarations irresponsables ou provocatrices d'Ahmadinejad appelant à la destruction d'Israël. Cette « menace vitale » serait renforcée, selon ses contempteurs, par « le renforcement de capacités militaires stratégiques qui permettraient aux Iraniens de s'en prendre plus facilement à Israël, telles que l'acquisition clandestine de douze missiles de croisière de type Kh-55 (crédité d'une portée de 3 000 km) auprès de l'Ukraine déjà en 2001, ou bien encore la mise en orbite par Téhéran du satellite de reconnaissance Sina-1 (par un lanceur russe) au mois d'octobre 2005 ».
Les tenants de la position intransigeante mettent également en valeur l'affaiblissement relatif du poids stratégique et géopolitique israélien dans la grande région, en cas d'apparition d'un nouveau compétiteur. Israël, avec environ 200 têtes nucléaires (dont plusieurs méga nucléaires) la possession de multiples vecteurs de frappes (avions missiles, sous-marins) est la 6ème puissance nucléaire mondiale, capable de frappes sur tout le territoire couvrant de l'Algérie au Pakistan, grâce notamment aux missiles Jéricho III. Une position de force qui lui serait contestée non seulement par l'Iran mais également avec l'apparition de candidats probables, surtout inquiets de la montée perse, à savoir l'Egypte et l'Arabie saoudite. Une autre position existe en Israël. Ses tenants insistent davantage sur le caractère inexorable de l'acquisition de l'arme nucléaire par l'Iran et sur la faible possibilité d'un conflit ouvert entre Israël et l'Iran. En outre, ils soulignent pour les décennies qui viennent « la disproportion énorme entre l'arsenal iranien, virtuel pour le moment, et l'arsenal israélien, bien réel celui-ci », précisait le chercheur en 2007. Ils mettent également en avant le fait que la reconnaissance de fait d'une bombe iranienne permettrait à la puissance nucléaire israélienne d'être officiellement reconnue et à l'état hébreu de négocier en contreparties des garanties militaires et politiques américaines sur le très long terme.
Les Etats-Unis résignés au nucléaire iranien ?
La position dure s'est indiscutablement renforcée après les dernières élections israéliennes. Le Premier ministre Binyamin Netanyahou, l'extrémiste Avigdor Lieberman, ministre des affaires étrangères et le faucon Ehud Barak, ministre de la Défense nationale multiplient les ultimatums et les menaces.
L'armée israélienne, humiliée au Liban rêve d'une opération lui permettant de récupérer son aura et d'augmenter ses budgets (qui sont passés de 34% du budget de l'état en 1974 à 12% aujourd'hui). La population israélienne, gavée de prédictions alarmistes ne peut être qu'extrêmement inquiète…
Mais les deux écoles de pensée qui traversent l'exécutif israélien sont au moins d'accord sur un point: une intervention contre l'Iran des seules forces de « Tsahal » serait pour le moins aventureuse et sans garanties de beaucoup de succès. Il n'est plus question de rééditer la frappe militaire contre les installations nucléaires irakiennes d'Osirak, l'opération «Opéra» lancée par le gouvernement hébreu, le 7 juin 1981.
Le dispositif iranien est fortement déconcentré, enterré et bien défendu. Même une opération de bombardements, doublée d'assauts de commandos n'est pas sûr d'aboutir significativement.
Et ses conséquences géopolitiques régionales seraient évidemment dramatiques dans une région déjà sous tension. Tel-Aviv sait de surcroît que Washington ne donnerait pas son « feu vert », contrairement aux opérations menées en 2007 et 2009 contre des installations en construction en Syrie. Le gouvernement israélien craint qu'au contraire, les Etats-Unis et, secondairement, l'Union européenne, aient renoncé à toute intervention militaire et se prépare à s'accommoder du fait nucléaire iranien. Il semblerait en effet que les objectifs des possibles négociations à venir soient d'obtenir que l'Iran se contente du « seuil nucléaire », c'est-à-dire d'accepter de se doter de tous les moyens nécessaires (vecteurs compris) pour réaliser très rapidement des armes nucléaires sans passer en tant que tel à la production de bombes. C'est la situation actuelle du Japon et pourrait être, à tout moment, celle de l'Allemagne.
Les évènements qui sont intervenues en Iran, la division du pouvoir actuel, n'ont infléchi la position de Téhéran sur l'arme nucléaire ni dans un sens, ni dans un autre. Mieux, Khamenei et Ahmadinejad ne manqueraient pas d'exploiter à leur profit, un raid israélien en balayant toutes les revendications démocratiques au nom de « l'unité nationale » face à l'agression extérieure.
L'ensemble des facteurs pèsent donc contre une intervention militaire israélienne isolée et des sanctions économiques renforcées en début d'année prochaine ne risquent pas dans la conjoncture actuelle, d'obtenir des effets rapides.
La tentation d'un «coup» spectaculaire
D'où l'insistance de Washington à trouver des solutions même si elles sont plus symboliques que réelles, au problème palestinien, dans le droit fil du discours de Caire et de l'apaisement des tensions entre les Etats-Unis et le monde arabo-musulman. Mais là encore, la Maison-Blanche se heurte à l'intransigeance de l'état hébreu : Tel-Aviv, loin d'accepter de démonter les colonies de Cisjordanie, se refuse même à interdire les implantations sauvages en cours : selon Haaretz, le nombre des colons juifs installés en Cisjordanie a dépassé en juin le chiffre de 300000, en hausse 2,3% depuis janvier, chiffre auquel il faut ajouter les 200000 israéliens établis à Jérusalem-Est.
Netanyahou se refuse à tous compromis, sachant que la coalition électorale aussi extrémiste qu'hétéroclite qui le soutient, n'y résistera pas. Mais cette intransigeance agace le gouvernement américain, revenu à une vision très pragmatique de ses purs intérêts nationaux. Les négociations économiques qui s'ouvrent la semaine prochaine avec le gouvernement chinois a beaucoup plus d'importance à ses yeux que les hourivaris du parlement israélien. Quitte, au besoin, à agiter la menace de sanctions financières ou le ralentissement de l'aide militaire . D'autant qu'il faut faire des économies : le budget de défense US représente 60% des budgets militaires de la planète et les 700 milliards dépensés chaque année sur les fronts extérieurs ne permet même pas à l'armée américaine de trouver une sortie honorable tant en Irak qu'en Afghanistan. L'obstination israélienne est d'autant plus mal ressentie que l'image internationale de l'état hébreu s'est encore davantage ternie avec le brutal écrasement de Gaza. Le gouvernement israélien est donc coincé. Sera-t-il tenté de desserrer l'étreinte en montant un «coup» plus médiatique que militaire contre l'Iran, au risque et au bénéfice simultanés, d'une nouvelle crise internationale qui une fois de plus, marginaliserait la question des frontières israéliennes au détriment d'une déstabilisation régionale ? Le peu de crédit politique du gouvernement Netanyahou-Libermann à Washington, y compris au sein même du congrès américain, rend cet opération peu probable. Mais pas impossible.


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