A la veille de l'assemblée générale de l'Onu, il y a un Président qui n'a pas droit à l'erreur. Barack Obama, bien sûr. En prenant le risque de réunir Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahu, les deux hommes que tout sépare, il s'expose à de violentes attaques de la part de ses adversaires républicains qui ne lui ont pas encore pardonné sa «naïveté» au sujet de sa rétraction sur le bouclier antimissiles en Europe. Lavera-t-il l'honneur de son émissaire qui n'a fait que constater les dégâts politiques causés par la guerre de Ghaza et la colonisation qui se poursuit à un rythme effréné ? La publication du rapport des Nations unies sur les crimes de guerre de la soldatesque d'Ehud Barak et la résolution de l'AIEA, qui réclame à Tel-Aviv d'ouvrir ses sites nucléaires militaires aux inspecteurs internationaux, auraient pu jouer en faveur du président Obama. Mais de telles pressions ne sont pas pour intimider le colon à deux têtes. George Mitchell en a eu pour son grade, le gouvernement ultraconservateur israélien a tracé sa ligne rouge : le gel de la colonisation n'ira pas au-delà de neuf mois. Dépassé ce répit, l'expansionnisme reprendra de plus belle. Pourquoi l'Etat juif devra-t-il s'en priver à présent que le président iranien vient de lui offrir de quoi rallier les Occidentaux qui ont osé hausser le ton contre les fervents partisans de la colonisation. Mahmoud Ahmadinejad peut être fier d'avoir scandalisé l'Occident, en réémettant des doutes sur l'existence de l'holocauste et le massacre de six millions de juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, mais son discours révisionniste ne rendrait pas tant service aux Palestiniens qui n'ont pas perdu de vue la création de leur Etat. Les réformateurs iraniens auraient-ils eu raison de penser haut et fort que le pouvoir en place à Téhéran ne doit son salut qu'à l'atout majeur qu'est le conflit palestino-israélien ? Le gouvernement de Netanyahu est entièrement de cet avis. Si lors de son voyage secret à Moscou, le chef de file des colons n'a pas tout à fait convaincu les autorités du Kremlin d'annuler sa vente de missiles à la République islamique d'Iran, il n'est pas dit que l'Etat hébreu a tiré un trait sur ses ambitions militaires. Selon le chef de l'état-major israélien, toutes les options restent sur la table. Quant à la table des négociations new-yorkaise, Barack Obama ne doit pas se faire beaucoup d'illusions. A en croire l'un de ses proches conseillers, Netanyahu ne pliera pas sur la question des colonies puisqu'il ne voit rien de positif dans le gel que les Palestiniens veulent total et éternel. A se demander pourquoi le président Obama a décidé de mettre les pieds sur ce terrain miné où il y a risque que tout explose au moindre faux petit pas. Bien que son proche entourage ait pris le soin de présenter ce sommet à trois comme étant préparatoire, le test qu'il faut absolument tenir faute de réussir, le président Obama hypothéquerait ses chances de retrouver la popularité dont il a joui au lendemain de son élection. Et ce n'est pas son actuelle politique étrangère qui va l'aider. Alors qu'il s'apprête à réduire l'arsenal nucléaire des Etats-Unis, contre l'avis de ses adversaires et de certains de son propre camp, c'est en Afghanistan que les mauvais tours s'enchaînent. S'il tarde trop à envoyer des troupes supplémentaires c'est dans le mur que l'Otan finira sa course poursuite contre Al Qaïda. C'est ce qu'a prédit le patron des forces alliées au moment où le contesté Hamid Karzaï a tenté pour la énième fois une réconciliation jusque-là impossible. S'il n'y avait que le front antitalibans qui posait problème, l'Amérique d'Obama aurait jeté toutes ses forces dans la bataille mais voilà qu'en Irak la stabilisation politico-sécuritaire est loin d'être un long fleuve tranquille. A New York, Obama et ses deux hôtes n'accrocheraient un sourire «complice» que durant la pause photo.