C'est la première fois que nous sommes sollicités pour un concert musical d'un autre genre. Effectivement, notre surprise fut grande lorsque nous avons appris que les enseignants des 70 logements de Bouhenak sont quelque peu perturbés dans leur sommeil nocturne par le coassement de grenouilles qui ont élu domicile dans leur cité. La cité des 70 logements en est pratiquement envahie. Elles sont partout, la nuit quand le calme se fait sentir. Il y en a même dans les cages d'escaliers et on nous confie même que certaines arrivent à gravir les marchés des escaliers. Et pour cause, la cité des 70 logements comme beaucoup d'autres à Bouhenak, situées en périphérie de la ville, a connu les affres des fuites d'eau qui persistent encore par endroits. Des mares se sont créées, propices à la vie de ces batraciens qui y ont séjourné durant des mois, s'y accouplant et se multipliant, la saison étant favorable grâce aux dernières pluies. «Il fallait voir les enfants ramassant de pleines poches de têtards durant le printemps. Maintenant, celles qui ont échappé à leur innocence nous enveniment avec leur symphonie durant ces nuits caniculaires». Mais cette «grenouillade» n'est qu'un prétexte pour parler de leur cité. Ce dimanche, nous avons entendu dire à plusieurs reprises que l'on n'avait plus souvent vu des responsables défiler en ces lieux. Et pourtant, ils sont à quelques encablures du nouveau pôle universitaire, de la rocade et à 2 km de l'autoroute Est-Ouest, tant de projets porteurs d'espoir nécessaires à l'amélioration, un tant soit peu, de leurs conditions de vie. Même si la route fut goudronnée, les bus flambant neuf de l'entreprise publique qui arrivent à leur cité, ils n'ont pas trouvé réponse à toutes leurs attentes. Leur cité-dortoir croule sous le manque d'entretien des voies de communication après les différents travaux qui y ont été effectués ça et là, elle croule sous le manque d'hygiène, puisque jamais n'y a été affecté un agent de nettoyage. Les rats, dit-on, sont les plus gros de la wilaya. Même le véhicule de démoustication n'y entre pas et les contribuables font la lutte contre les essaims de moustiques à coups de feu de broussailles car une véritable jungle d'orties et de chardons y a érigé ses droits. Les revendications sont nombreuses et les habitants de la cité des 70 logements et celles avoisinantes, telle la cité des Jasmins, qui n'a de jasmin que le nom, prennent leur mal en patience en se délectant chaque nuit de ces symphonies... «amphibiennes».