A quelques jours de l'entrée en vigueur du nouveau congé de fin de semaine, le flou le plus total règne encore. Des secteurs d'activité ont reçu des instructions spécifiant le nouveau mode de fonctionnement et d'autres ne savent pas s'ils doivent se fier uniquement au communiqué de presse publié dans ce sens. Ainsi, la journée de jeudi prochain, soit le 13 août, sera exceptionnellement une journée chômée et payée pour les travailleurs de certains organismes et tout spécialement les travailleurs de Sonelgaz. Ces derniers auront également droit au repos vendredi et samedi, conformément au décret exécutif n°09-24 du 22.07.2009, ceci en attendant que les autres organismes se décident. Donc week-end prolongé pour ces travailleurs obligés d'entrer dans le rythme imposé par le changement des jours de repos hebdomadaire qui, comme chacun le sait, seront désormais fixés à vendredi et samedi, sans pour autant léser les employés. Il est à noter que cette disposition a été consacrée pour la conformité du pointage, étant donné que la semaine de travail en temps normal est fixée à 40 heures. Si jeudi prochain avait été retenu comme journée de travail normale, le semaine en cours serait décomptée à 48 heures. Mais ce n'est pas le cas des travailleurs de la Sonatrach, pourtant relevant de la même tutelle. Le patron d'une filiale nous affirme que jusqu'ici, aucune note ne lui est parvenue pour lui expliciter les modalités pratiques de ce changement du congé hebdomadaire. Notre interlocuteur nous précisera que les autres filiales de l'entreprise mère se trouvent dans la même expectative que celle qu'il dirige. Par ailleurs, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Rachid Harraoubia, a souligné, hier à Alger, que le vendredi restera «un jour de repos officiel», alors que le samedi sera une journée de repos, appelant les responsables du secteur à s'organiser dans ce sens. Au cours de la conférence nationale des chefs d'établissements d'enseignement supérieur, le ministre a indiqué «qu'afin de lever toute ambiguïté à ce sujet, le vendredi restera un jour de repos officiel pour le secteur de l'enseignement supérieur, tandis que le samedi sera un jour de repos et les responsables des établissements sont appelés à s'organiser et revoir leur planning pour bien gérer cette situation et récupérer les cours donnés jeudi dans l'ancien système». Il a précisé, à ce propos, que «la nouvelle rentrée universitaire aura lieu après le mois sacré de Ramadhan». D'autre part, nous apprenons d'une source digne de foi que la justice a été destinataire d'une note de la tutelle précisant que les présentations programmées pour le samedi auront lieu le jeudi. Autrement dit, celles du début de semaine auront lieu à la fin de la semaine. Cependant, notre source précise que cette instruction ne règle pas tout, puisque des justiciables déjà convoqués selon l'ancien régime de fin de semaine n'ont pas été saisis pour être informés. Dans ce cadre, on nous signale que des greffiers ont été empêchés de prendre leurs vacances de fin d'année pour « refaire » les convocations. Quant aux avocats, bousculés par ce changement jugé impromptu, chacun essaye à sa manière d'arranger son futur emploi du temps. Un autre secteur de service public est lui aussi encore dans l'attente. Il s'agit du secteur sanitaire. Un professeur, chef de service, nous confirme que jusqu'à présent, aucune note ou instruction ne lui est parvenue. Il estimera que si la direction du CHU Oran où il exerce est saisie par la tutelle, elle ne peut pas se permettre de ne pas ventiler une telle instruction. Donc, lui aussi s'interroge sur ce retard. La même interrogation, mais autrement formulée, nous l'avons relevée chez les travailleurs du secteur financier, le plus concerné par les échanges internationaux. En effet, les employés des banques et des assurances ne travaillent pas le vendredi et le samedi. Sont-ils exceptés du changement décidé tel que le signale le communiqué annonçant le nouveau week-end ou seront-ils obligés de décaler leur week-end pour être en phase avec la sphère de la finance internationale ? Pour le moment, ils attendent une précision de la part de leur tutelle, nous dit-on. C'est exactement le même cas pour une partie de l'administration locale qui observait son jour de repos hebdomadaire le vendredi et le samedi. D'autre part, on nous indique que le secteur privé ne s'encombre pas de ce genre de question, puisque l'absence de contrôle et la précarité des travailleurs permettent une plus grande flexibilité des jours et horaires du travail. Tous ceux que nous avons interrogés ont une seule question à la bouche. «Doit-on se fier à une information publiée par voie de presse ou, au contraire, doit-on attendre une note de la part de notre tutelle ?». Cette interrogation appelle une autre : s'agit-il d'un déficit de communication officielle ou d'un refus de se départager de la culture du décret d'application qui a bloqué ou dénaturé tant de textes de lois ?