Nouveau round de discussions entre le Front Polisario et le Maroc aujourd'hui à Vienne où les deux protagonistes doivent donner le ton à une reprise des pourparlers pour un règlement définitif de ce dernier dossier de décolonisation en Afrique. Prévu sur deux jours, ce round informel, selon des sources marocaines et sahraouies, doit en principe juste (re)huiler un processus de négociations grippé depuis l'épisode de Manhasset. Un épisode qui a été marqué par des déclarations déplacées de l'ex-envoyé personnel du SG de l'ONU, l'ancien diplomate néerlandais Peter van Valsum. Avec la nomination du diplomate Christopher Ross, M. Ban Ki-moon veut manifestement démontrer qu'il prend à coeur ce dossier, d'autant qu'à Washington et avec l'arrivée des démocrates à la Maison Blanche, le conflit au Sahara Occidental devrait être replacé dans son véritable contexte ; celui d'un problème de décolonisation que la communauté internationale tarde à concrétiser. Dans la capitale autrichienne, l'envoyé personnel de Ban Ki-moon, qui a convoqué cette rencontre pour déblayer le terrain à une reprise des négociations entre les parties au conflit, devrait avoir une idée plus précise des positions des deux parties. Certes, le monarque marocain Mohamed VI avait lancé de véritables torpilles contre ce processus de reprise des négociations de paix en réaffirmant, lors d'un discours fin juillet dernier à l'occasion de l'anniversaire de son accession au trône, une large autonomie au Sahara Occidental, présentée par Rabat comme sa seule proposition durant les quatre rounds de Manhasset. D'où les interrogations des observateurs quant à la réelle volonté des Marocains de discuter sur une véritable sortie de crise de ce conflit. A Vienne, la délégation marocaine sera conduite par son chef de la diplomatie, Taïeb Fassi Fihri, un des dépositaires de ce dossier avec Yacine Mansouri, chef du renseignement, et le ministre de l'Intérieur Mohamed Benmoussa. A eux trois, ils sont chargés par le Roi de négocier le rattachement «pur et simple» du Sahara Occidental au royaume du Maroc. Au moment où les efforts de la communauté internationale, l'ONU, les Etats-Unis et les parties amies tentent de faire comprendre à la partie marocaine d'accepter de faire appliquer la légalité internationale. «Le royaume du Maroc participera, du 9 au 11 août, à une réunion informelle restreinte, préparatoire du cinquième round de négociations, visant à trouver une solution politique et définitive au sujet du Sahara marocain», a annoncé le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué. La même source a précisé que «cette réunion informelle restreinte se déroulera dans le cadre de la mise en oeuvre de la résolution 1871 du Conseil de sécurité». De son côté, le Front Polisario a confirmé qu'il assistera à cette rencontre dont les travaux devraient être «arbitrés» par M. Ross, qui voudrait vite conclure pour une reprise des négociations directes de Manhasset. A Vienne, les discussions se dérouleront vraisemblablement à huis clos. Les deux parties, le Maroc et le Polisario, devront discuter de l'avenir du processus de Manhasset qui repose sur une proposition du Maroc relative à une large autonomie au Sahara Occidental, et sur la proposition sahraouie, qui reste ouverte à beaucoup d'options «démocratiques», et qui met en avant le principe du processus référendaire pour décider de l'avenir politique de ce territoire.