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C'est les week-ends qui manquent le moins
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 11 - 08 - 2009

Désormais, à partir du 14 août, il faudra régler son repos hebdomadaire au nouveau week-end semi-universel. Les derniers «jeudi-vendredi» de l'histoire de l'Algérie alimentent le débat sur les nouveaux jours de repos du guerrier. La dernière trouvaille du gouvernement suscite la controverse entre partisans du week-end universel et ceux qui trouvent dans cette formule originale de semi-universel la réponse qui allierait les considérations économiques et religieuses
Pour les détracteurs du week-end universel, le décryptage qui se fait aujourd'hui de cette expression d'universalité du week-end n'est pas tout à fait dénué de religiosité. Pour eux, samedi et dimanche riment avec synagogue et église donc le vendredi est indéboulonnable. C'est une question de foi et de principes. Tout en renchérissant que ces concepts de modernité et d'universalité ont servi et servent encore au bout du compte et dans une ribambelle de situations qu'une partie bien connue du Monde. Pour ces derniers, les exemples font légion.
De plus, ces opposants au week-end universel pensent que tous ces illuminés, qui prédisent que l'Algérie serait plus prospère avec un week-end universel, se trompent lourdement. Pour eux, le mal est ailleurs. Au contraire ce nouveau week-end rallonge la relation avec le monde économique à 4 journées par semaine (lundi, mardi, mercredi et jeudi) et permettra de réduire de moitié les dépenses antécédentes. Ce qui est une avancée en soi. Cette nouvelle mesure facilitera de nouveau aux pratiquants d'accomplir leur devoir religieux. Pour ces adeptes du vendredi-samedi, tant que la manne financière est là pour parer à toute perte, il faut en profiter et ne pas délaisser ses convictions. Aussi, pourquoi se faire du mourant puisque ces quelques millions de dollars engrangés iront comme à l'accoutumée dans les mêmes poches.
Pour les autres, partisans du samedi-dimanche, l'argument de taille est d'abord économique. Avec la formule ancienne, l'Algérie ne travaillait que trois jours par semaine (lundi, mardi et mercredi) dans ses échanges économiques avec le monde, plus une facture salée de centaines de millions de dollars: ce qui est une calamité économique en soi. Pour ces adeptes du week-end universel, il faudra sortir du champ idéologique pour aller vers l'efficacité économique et apporter des changements. L'impératif économique mondial exige que l'Algérie travaille au rythme de ses partenaires étrangers.
En outre, les défenseurs du week-end universel pensent qu'il peut y avoir des améliorations qui ne remettent pas en cause les convictions religieuses. Ils se demandent pourquoi mettre en avant à chaque fois ce côté religieux.
La prière du vendredi ne dépasse pas une petite heure et encore pour les retardataires. Donc pour eux, même si le vendredi devait être un jour ouvrable, cela ne changerait pas grand-chose aux pratiques religieuses mais choisir le week-end universel changerait beaucoup sur le plan économique. Le pays en a bien besoin. Pour ces partisans du week-end universel, l'ignorance continue de faire le lit des intégristes. On rompt avec le week-end islamique pour un repos hebdomadaire hybride. Et puis comme l'Algérie est le pays des miracles, ce nouveau week-end la projette hors du temps universel. Elle commence la semaine de travail le jour même où le monde entier la termine.
En somme, on continue de s'enliser dans les débats sempiternels et on oublie à chaque fois le vrai joyau de la controverse.
La caricature qui résume la polémique du «week-end semi-universel» en deux camps: le vendredi-samedi les Algériens se reposent, le dimanche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, ils (les Chinois) travaillent, n'est pas aussi loin de la réalité. Si le pays est au point mort où tout s'importe et se paye cash au port avec ces bateaux qui accostent et qui exigent des paiements de retards, c'est que quelque part on a rien fait pour renverser la tendance. On n'est pas aussi fameux que ça dans la trime pour polémiquer sur les jours de repos. On prêche les faux-fuyants. On prend le taureau par la queue pour que la fuite soit plus facile.
L'évidence nous dicte obligatoirement de retrousser les manches pour éviter que demain les enfants de ce pays ne retombent pas dans l'histoire de ce restaurateur qui avait mis un écriteau sur sa devanture où on lisait «Mangez, vos enfants paieront pour vous». Profitant de l'aubaine qui se présentait, un bonhomme entra et commanda un repas frugal. Une fois régalé, il allait sortir sans payer comme mentionné dans l'écriteau... Le restaurateur l'interpella «Monsieur, SVP, payez ce que votre père a mangé».
Aussi, le laboureur aurait peut-être insufflé aujourd'hui à ses enfants de travailler, de prendre de la peine, car au fond c'est les week-ends qui manquent le moins dans ce pays.
*Universitaire


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