Evolution n Du week-end universel, l'Algérie est passée à un week-end «islamique» puis au week-end «semi-universel». En effet, de 1962 à 1976, le week-end des Algériens était conforme à celui de la plupart des pays du monde. Le week-end universel était en vigueur dans tous les secteurs d'activité et les échanges commerciaux avec les autres pays se faisaient normalement. Aucun retard n'était enregistré. Sur le plan social, les Algériens n'avaient aucun souci d'adaptation, puisque ce week-end était appliqué depuis 1830. La vie religieuse n'était pas affectée, puisque les gens trouvaient le temps nécessaire pour accomplir la prière du vendredi. «Tout le monde y trouvait son compte. Même dans la société, personne ne soulevait le problème de la prière du vendredi. Il y avait une telle tolérance que les pratiquants accomplissaient leurs devoirs religieux au moment où les autres faisaient ce que bon leur semblait…», se rappelle Aâmi Omar, la soixantaine. Notre interlocuteur explique les réticences du gouvernement à retourner au week-end universel par la montée en force de la mouvance islamiste et son influence sur les décisions politiques. C'est d'ailleurs, l'explication partagée par la majeure partie des citoyens qui imputent la non-adoption du week-end universel au souci du gouvernement de ne pas contrarier les fervents défenseurs du week-end «islamique». «Sinon, comment expliquer le fait que le jeudi ait été chamboulé et que le vendredi n'ait pas été touché ?», s'interroge un groupe de jeunes. Le week-end universel n'a survécu, en effet, qu'une quinzaine d'années dans l'Algérie indépendante, avant que l'ex-président, le défunt Houari Boumediene, ne décide, en 1976, de décréter le week-end islamique (jeudi et vendredi). C'était l'ordonnance 76-77 du 11 août 1976, «fixant le jour de repos hebdomadaire» qui a décrété le nouveau week-end. «Le jour de repos hebdomadaire est fixé au vendredi sur l'ensemble du territoire national», stipule le texte. L'ordonnance avait pris effet le vendredi 1er ramadan 1396, correspondant au 27 août 1976. Un vendredi et le premier jour du mois sacré de ramadan, ce qui suffit amplement pour comprendre les motivations de la décision. Depuis cette date, l'économie nationale n'a cessé d'enregistrer des reculs, de connaître chaque année des pertes colossales. 33 ans durant, les Algériens se sont habitués à cette formule de week-end et ont adapté leurs habitudes, notamment les fêtes familiales, à cette nouvelle donne.