L'exécutif gouvernemental a sorti la grande artillerie pour contrer la campagne médiatique engagée par le patronat privé contre sa loi de finances complémentaire 2009. Une brochette de ministres s'impliquent en effet dans la controverse pour défendre la pertinence et la nécessité des mesures que conteste ce patronat. L'angle de riposte du staff gouvernemental consiste à faire valoir que ces mesures ont été rendues indispensables par les répercussions que la crise mondiale a sur l'économie nationale, qui obligent l'Etat à cadrer les importations excessives dont le financement détériore la balance commerciale du pays. Ce que faisant, d'après ces avocats de la démarche controversée, les autorités protègent ainsi la production nationale en lui offrant des avantages qui devraient lui permettre de s'affirmer sur le marché national. Offensifs pour cette fois, nos ministres croisent le fer avec le patronat privé en faisant sous-entendre que les récriminations de celui-ci font dans «l'exagération» et ignorent l'obligation qu'ont les pouvoirs publics de protéger l'économie et les entreprises nationales. Le ministre de la petite et moyenne Entreprise, Mustapha Benbada, s'est montré le plus incisif dans l'exercice en soutenant que le mécontentement qui se manifeste à l'égard des mesures gouvernementales est le fait «d'un patronat adonné à l'importation, alors que «celui qui est productif les soutient à 96%». Le même ministre s'est même déclaré étonné que le patronat puisse ne pas être «d'accord avec les mesures arrêtées par le gouvernement, puisqu'en signant le pacte économique et social, il a admis que les pouvoirs publics ont pour rôle de renforcer l'investissement national et de protéger l'intérêt de l'économie nationale». L'on retiendra toutefois que Benbada a également déclaré à l'intention de ce patronat que l'exécutif ne ferme pas la porte du dialogue sur ces sujets qui fâchent et font controverse. Il lui a au contraire fait savoir que la prochaine tripartite prévue pour la rentrée sociale devrait être le lieu et l'occasion d'une concertation à même de permettre de «rectifier les erreurs et de les corriger dans la prochaine loi des finances». Ce qui laisse donc supposer que le gouvernement pourrait réviser d'une façon ou d'une autre les mesures controversées. Mais alors pourquoi n'a-t-il pas initié un dialogue avec le monde concerné avant de les décider ? Et c'est précisément ce comportement autoritaire que lui reprochent les patrons privés, qui considèrent non sans raison qu'en tant que partenaires sociaux de l'Etat, ils auraient dû être préalablement au moins consultés. Un terrain d'accord sur lequel s'entendraient a posteriori gouvernement et patronat privé sur les mesures litigieuses calmerait peut-être l'ire de ce dernier, mais ne fera que confirmer au final que les décisions dans notre pays se prennent au pied levé et ne sont pas dictées par une volonté politique s'inspirant d'une stratégie économique aux buts clairement définis et ciblés.