Pour clôturer le cycle «Nuits de Ramadhan», l'Institut Cervantès, initiateur de la manifestation, a programmé un groupe de flamenco venu de Séville, «Malasangre». Le spectacle était prévu au Théâtre de verdure, mais il a été transféré au conservatoire par crainte de pluie. L'intimité que confère le lieu a déteint sur le spectacle, où le fossé entre le groupe et son public s'est comblé presque naturellement. Cinq femmes alignées, une guitare électrique, une guitare sèche et deux cajons (tiroirs). Voilà la première image que le groupe «Malasangre» a donné à voir. Mais avant le spectacle, le groupe a réussi à briser la distance le séparant du public. Quand une des cinq femmes s'est exprimée dans un français approximatif mais avec un accent mignon. Elle persistera dans son effort de communication avec des mots d'arabe. Cette opération de charme a produit ses effets. La musique et surtout le rythme endiablé de leur musique feront le reste. Après une ou deux chansons, deux chanteuses se dégagent pour exécuter une sorte de petit sketch. Avec humour, elles passent aux confidences ou aux aveux. Elles reconnaissent ne pas chanter bien et ne pas danser bien. Chose que certains spectateurs ont relevée. Mais elles excellent dans la création de l'ambiance. Elles ont réussi à entraîner tout le monde. Les mêmes femmes reviendront une seconde fois à la charge pour s'expliquer sur leur style musical. Elles annoncent qu'elles empruntent à tous les genres : «nous faisons dans la fusion». Cependant, leur préférence va pour la sévillana. D'ailleurs, elles exécuteront deux ou trois morceaux de ce style de flamenco. Ne s'imposant aucune barrière, elles ont changé de registre à leur guise. Elles se sont débarrassées de leur guitare pour les castagnettes pour offrir au public une chanson au rythme endiablé. Pour calmer l'ambiance, elles ont exécuté une chanson très mélodieuse. D'ailleurs, vers la fin de leur production, elles ont chanté un texte du grand poète Lorca, histoire de se prémunir d'une référence lourde. Elles se sont même permises de donner un coup de pub à leur CD en le présentant avec humour au public et en signalant même son prix. Bien conseillées, les femmes composant «Malasangre» tenteront d'impliquer le public malgré la barrière linguistique. Elles reproduiront sur un écriteau, que l'une d'elles exhibera au public, le refrain qu'il doit répéter avec elles. Le coup n'a pas totalement réussi. Bref, alternant tantôt chant et danse et tantôt chant et jeu de théâtre, les hôtesses de l'Institut Cervantès ont réussi à capturer et à intéresser leur public. Les 90 minutes qu'a duré leur prestation n'ont pas été entachées d'ennui. «Malasangre» a offert aux Oranais un spectacle, certes pas grandiose, mais plein. Pour sa part, le directeur de Cervantès a toutes les raisons d'être satisfait. Ses premières «Nuits de Ramadhan» ont été une réussite.