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Manque de parkings et problèmes de stationnement: Les fourrières font recette
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 09 - 2009

Qui n'a pas eu de problèmes pour garer sa voiture ? Tout le monde ! semble être la réponse. Si par malheur, à votre retour, vous ne retrouvez pas votre voiture là où vous l'avez laissée, ne paniquez surtout pas, vous la retrouverez à tous les coups à la fourrière !
Pour accompagner l'explosion du parc automobile de ces dernières années, des infrastructures qui doivent suivre n'ont pas été construites. Trouver une place en ville, relève de l'exploit. On tourne en rond pendant des heures et quand on a la chance d'en repérer une, un «gugusse» pointe le nez de nulle part pour vous faire comprendre qu'il est là pour veiller sur votre «bien».
En véritable «Rambo» il ne vous laisse guère le choix: payer sinon à votre retour une désagréable surprise vous attend, vous trouverez le pare-brise de votre automobile lézardé, ou un pneu crevé au meilleur des cas. De toutes les façons, il y aura toujours quelque chose de désagréable après votre course. Du coup, les automobilistes se résignent et se laissent «racketter» parfois plusieurs fois par jour selon les déplacements qui doivent être effectués.
Une bien triste réalité car ce sont parfois de petits voyous qui se convertissent dans cette activité ou des chômeurs qui ont trouvé le filon d'or. Un travail pénard. Ils se partagent le territoire comme le ferait une mafia organisée. Ils ont leur code d'honneur et leurs petits business rapportent gros. Le vol est «institué» d'un accord tacite. Les autorités publiques ne bronchent pas. Les élus ne s'inquiètent pas de ce phénomène et tout le monde accepte en fermant les yeux sur ces graves dérapages. Le citoyen qui pour la plupart du temps a acheté sa voiture à crédit se voit impliqué dans ces magouilles de rue auxquelles il contribue en mettant la main à la poche.
Mais ces «Rambos» des parkings sauvages ne préservent pas les automobilistes de la fourrière et dès que la voiture de police arrive, ils détalent comme des lapins et s'en lavent les mains. Ils laissent leurs pauvres victimes qui ont payé rubis sur l'ongle et qu'ils ont pourtant rassérénées auparavant d'un solennel «pas de problème, je suis là, makach mouchkil !», se débrouiller avec «lhoukouma». Et c'est avec «l'Autorité» qu'il faut négocier même si cette dernière se montre intransigeante. On ne badine pas avec la loi qui durcit de plus en plus quand il s'agit de stationner dans une aire interdite et comme presque toutes les rues sont interdites, il faut beaucoup d'imagination pour tricher avec la loi.
Une «erreur» qui coûte cher
Djahida B., gérante d'une société d'aromatiques, en a fait les frais. Nous l'avons suivie dans sa galère pour récupérer sa voiture à la fourrière de la rue Béziers à Alger. C'est jeudi. Les rues grouillent de monde. Les gens vaquent à leurs occupations. Djahida est membre d'une association féminine. Elle doit rencontrer ses amies mais elle est un peu en retard. Elle tourne en rond. Au bout d'un quart d'heure, elle s'impatiente. Pas une place vide. Elle se dit finalement qu'elle n'en a pas pour longtemps et lasse de chercher une place de parking, elle se résigne à enfreindre la loi mais comptant sur sa bonne étoile, elle se dit que le week-end les agents de l'ordre sont plus indulgents. Ils «laissent faire». Une erreur de jugement qui va lui coûter cher et qu'elle regrettera amèrement.
Une demi-heure plus tard, sa réunion avec ses camarades terminée, elle sort mais elle a l'estomac noué. Elle a un mauvais pressentiment. Elle s'est garée dans une venelle interdite au stationnement. D'un pas nonchalant, elle essuie son front en se doutant que quelque chose est arrivé. Elle cherche des yeux désespérément sa voiture et réalise qu'elle n'est plus là. Elle accélère la cadence de ses pas et se rend compte qu'à quelques mètres l'alarme d'un véhicule qu'elle reconnaît bien retentit non loin d'elle. Elle s'approche et assiste ébahie au passage de la remorque qui vient d'embarquer sa Tiida Nissan. L'alarme de la voiture actionnée continue à émettre un son strident.
«C'est ma voiture, «tounoubile diali» !», s'écrie-t-elle en courant comme une dératée à la poursuite de son véhicule dont l'alarme donne l'impression qu'elle pleure parce qu'on vient de la kidnapper. «Attendez ! Monsieur l'agent !». Son teint est devenu d'un seul coup blafard. Elle imagine les pires scénarii à la fourrière. «Elle sera livrée aux voleurs qui vont la désosser», pense-t-elle. En suppliant les agents, elle essaie de connaître la destination que va prendre sa voiture. «S'il vous plaît, insiste-t-elle, où la prenez-vous ?» «A la fourrière de Béziers», lui lance une voix rauque et indifférente. «C'est où ça Béziers ?», interroge-t-elle inquiète. La réponse est expéditive «à côté des douanes. Tafourah !».
Elle s'empresse de héler un taxi. Sa voiture qui «crie» s'éloigne jusqu'à disparaître hors de sa vue. Un taxi s'arrête à son niveau. Elle lui indique l'adresse. Une fois arrivée, le chauffeur exige la monnaie. Elle n'a que des billets de 1000 DA et un autre de 200 DA. D'un air exaspéré, il lui rend son billet d'argent et démarre en trombe en pestant. Elle arrive à temps. Au même moment où l'on repose sa voiture. Des automobilistes malchanceux sont là pour attendre ce qu'on appelle «la mainlevée», un document dûment signé par le commissaire chargé de l'enlèvement qui se trouve à Bab Ezzouar. Par la suite, il faut descendre jusqu'au guichet qui se trouve sous le pont du parking de Tafourah pour payer le procès et récupérer sa voiture.
En attendant, on assiste à un défilé de voitures qu'on ramène pour stationnement interdit. «Pas moins de 150 véhicules sont acheminés par jour vers la fourrière», nous dit-on. Elles ne sont récupérées qu'après le payement de 2500 DA d'amende. Les fourrières font recette. Les automobilistes qui négligent leurs voitures en les laissant à la fourrière, ne les trouvent pas toujours dans l'état où ils les ont laissées.
Le mois dernier a vu les mesures d'interdiction de stationner se durcir. Les patrouilles de police qui repèrent les voitures mal garées n'hésitent pas à leur mettre les sabots.
Ces mesures soulèvent l'indignation des automobilistes qui qualifient ces dispositions d'injustes d'autant plus que rien n'est fait pour rétablir l'équilibre entre le nombre de parkings et celui du parc automobile. En attendant que l'Etat se penche sur la question, la situation continue à profiter aux «racketeurs» des parkings sauvages et des fourrières qui font le plein.


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