Dimanche, à 10h, dans le grand auditorium du centre universitaire de Khemis Miliana, devant une assistance nombreuse composée d'étudiants, de professeurs, de cadres du centre, des autorités civiles et militaires, de directeurs de l'exécutif de la wilaya, M. Kadhi Abdelkader, wali de Aïn Defla, a procédé à l'ouverture officielle et solennelle de l'année universitaire 2009/2010. A cette occasion, M. Chaabani Mohammed, professeur d'économie, a donné une conférence sur l'histoire de l'université algérienne et les perspectives de son développement en précisant les grands événements qui ont marqué cette histoire. Tout d'abord, l'orateur a rappelé que l'université en Algérie est née après la promulgation d'un décret adopté par l'Assemblée nationale de l'époque, décret daté du 30/12/1909. Cette naissance a fait suite à l'existence de 4 grandes écoles supérieures qui datent de 1877. Mais, l'Algérie n'a pas attendu cette époque pour s'introduire dans le monde du savoir universel puisque des grandes écoles, comme celle de Tlemcen et Béjaïa, ont donné au pays et au monde de la connaissance de grands savants dans de nombreuses disciplines, a précisé le conférencier. 9 ans après sa création, destinée en premier lieu aux enfants des colons, en 1910, l'université d'Alger ne comptait que 10 Algériens musulmans et 29 ans après, en 1930, année où la puissance colonisatrice fêtait le centenaire de sa «présence» en Algérie, il n'y avait que 100 Algériens, appelés à l'époque «franco-musulmans» dont une seule fille, donc 100 étudiants algériens sur les 3.000 inscrits de l'époque. Cette marginalisation des Algériens, cette exclusion n'était pas le fait du hadsard, mais planifiée par le pouvoir colonial en place de peur de former une élite capable de semer les graines de la liberté et de l'indépendance au sein d'une population qui avait été dans l'analphabétisme, en marge du savoir et de la connaissance. Cependant, le processus historique a quand même contredit les plans du pouvoir colonial puisque bien qu'en nombre limité chez les Algériens universitaires, les idées de liberté et d'indépendance ont quand même fleuri puisqu'en 1955, l'histoire du mouvement estudiantin a enregistré la naissance de l'Union générale des étudiants musulmans algériens UGEMA qui a d'abord exigé l'égalité devant l'école et le savoir, dénoncé l'exclusion et la marginalisation des Algériens. Dans sa tentative d'étouffer et de stopper des idées qu'il avait jugé subversives qui menaçaient ce pouvoir là, l'UGEMA a été dissoute en 1957 et certains de ses responsables emprisonnés, responsables parmi lesquels, cite le conférencier, il y a eu les Youcef Benkhadda, Saad Dahleb, A. Mehri, Seddik Benyahia parmi tant d'autres. Et, le 19 mai 1956, nombreux étaient de ces étudiants qui ont abandonné les amphi à l'appel du FLN et rejoints les maquis de l'ALN. L'université algérienne a aussi subi les atrocités de l'OAS et les assassinats des intellectuels dont Mouloud Feraoun et autres Max marchand. Depuis, a-t-il rappelé, l'Algérie compte quelque 60 universités et centres universitaires et le nombre d'étudiants algériens avoisine le million et demi. Par ailleurs, en marge de cette conférence, quelques chiffres sur la situation actuelle du centre universitaire de Khemis Miliana qui compte pour cette rentrée 9.552 étudiants inscrits, soit 500 de plus que l'année dernière avec 1.852 nouveaux étudiants et les 1.360 sorties en juin dernier en fin de parcours. Le système LDM fait tache d'huile et on en est actuellement à 50 % entre l'ancien système et le nouveau. Le LMD ayant été introduit ici dès la rentrée 2004. Le centre universitaire de Khemis Miliana s'enrichit de 3 nouvelles filières : français, langue étrangère, sociologie et philosophie avec l'ouverture de 5 «Masters» dans les filières des sciences de la vie et de la terre et 2 dans les sciences techniques, qui exigent un encadrement de haut niveau. Cependant, selon certaines sources, le centre universitaire se trouve confronté à 2 problèmes majeurs. D'abord, le plan de gestion des ressources humaines est bloqué avec 79 postes budgétaires ouverts par le ministère de tutelle, un plan rejeté alors qu'il aurait été profitable de l'admettre avec des réserves à lever et ce, au moment où les universités se disputent le meilleur encadrement sur «le marché du travail». Le second problème, selon d'autres sources, concerne le logement des enseignants. Le logement demeure une source très attractive pour le recrutement dans le milieu enseignant. On indique qu'un projet pour la réalisation d'un lot de 50 logements a été adopté il y a 2 ans de cela mais qu'à ce jour, rien n'a été fait dans ce cadre. Cependant, après la visite d'un chantier où s'effectuent la finition de la réalisation d'un restaurant universitaire de 1.000 places, le wali, M. Kadhi Abdelkader, s'est dit très satisfait du développement du centre universitaire : maintenant nous manquons d'étudiants». Selon la direction des études, le centre dispose encore de 5 à 6.000 places pédagogiques vacantes.