La Constitution de 1989 a généré une démocratisation de la vie politique algérienne qui, inexorablement, a débouché sur un multipartisme farfelu qui n'a pas compris les exigences du siècle,qui a fait de la poursuite frénétique de la satisfaction des intérêts, un puissant pôle d'idées-forces. Les discours carottes qui s'entrechoquaient, s'érigeaient chacun à sa façon en défenseur des grandes causes nationales, en chantres de la démocratie et s'autoproclamaient dépositaires des aspirations du peuple et de la conscience nationale, sans pour autant choisir de se mettre du côté du droit, de la justice et de la liberté de la pensée. Sans pour autant avoir la verve de faire face aux fléaux qui menacent la sécurité des citoyens et des biens, la stabilité de l'Etat, l'ouverture de la nation sur le monde. Ces discours qui donnent l'impression de se réconcilier bien que leurs objectifs soient par nature inconciliables, se liguent pour tenter de saper l'évolution et le mérite d'une gouvernance qui a fait que la précarité sociale, la défaite économique, l'instabilité politique et l'insécurité soient une affectation définitive. Un fait marquant ne fait aucun doute. L'aspiration tacitement partagée par les dirigeants, boulimiques et mégalomanes, de la classe politique dite opposée aux préceptes de la gouvernance pilotée par Abdelaziz Bouteflika, est leur épanouissement propre par l'accaparement et l'usage du pouvoir. Une réflexion sur le rôle que jouera l'Algérie dans le monde futur, est le benjamin de leurs soucis. La négligence qui était délibérément affichée à l'endroit du peuple, a conduit à l'étouffement de son initiative et de sa créativité à telle enseigne qu'il ne percevait plus sa réalité sociale. Ses tressaillements étaient bâillonnés. Le doute et le désespoir avaient investi les lieux. Appelée pourtant à accompagner les transformations sous-jacentes à la culture de la démocratie fondée sur les droits et les devoirs qui font la citoyenneté, l'élite n'arrive toujours pas et au seuil de ce troisième millénaire, se placer au premier rang des constructeurs de l'avenir. Les autres s'en font leur chasse gardée. Convergents dans un hégémonisme particulier à chacun d'entre-eux, (les uns s'accaparant la région, d'autres l'ouverture sur le monde, d'autres encore les symboles identitaires telle que la religion, la langue, le paradigme culturel et civilisationnel national), les partis qui veulent configurer le champ politique algérien, ne font pas dans l'opposition pour approfondir et prolonger la réflexion sur la chose politique en vue de contribuer à une meilleure compréhension des variables qui conditionnent son évolution. Ils se sont investis dans la conception et dans la mise en oeuvre d'un processus étriqué qui s'enlise au gré de variables endogènes, à telle enseigne qu'ils ont fini par perdre de vue, voire ignorer les mutations qui s'opèrent par delà leurs frontières idéelles et idéologiques. Le débat égoïste qui s'y déroule ne concerne que leur avenir partisan. Le contexte Algérie et son intégration dans la perspective mondiale, ne les intéressent pas. Campant sur la promotion de leurs idées inertes, introverties et dont ils ne peuvent s'en défaire, ils ne trouvent de mieux à faire que se référer au passé pour vivre l'avenir. Le flash-back est devenu une norme alors qu'il devrait être l'exception. Au lieu d'apporter des éclairages nouveaux en recoupant les sources d'information, en repérant les incohérences du plan de développement en cours et en proposant des rectifications afin de contribuer à l'accomplissement des priorités stratégiques définies, ils font délibérément fi du programme-tactique engagé par le Président Abdelaziz Bouteflika et qui consiste pourtant, à modifier et à orienter les perspectives nationales en vue de leur ancrage sur la perspective mondiale. A propos de la gestion de la perspective mondiale où des soubresauts pourraient remettre en cause l'évolution linéaire du contexte international, les partis politiques et plus particulièrement ceux qui s'étaient auto-définis partis de l'alliance, ont-ils répertoriés les facteurs qui détermineront le monde futur ? Ont-ils élaborés des scénarios, (tout en minimisant les incertitudes), pour affronter les défis majeurs tels que la gestion des catastrophes naturelles, de l'après pétrole, de la démographie, de la progression des flux migratoires qui s'annoncent, de la propagation des maladies contagieuses et des épidémies, de la protection de l'environnement, de la pénurie d'eau, de la pollution urbaine ? Ont-ils intégré dans leurs programmes une prospective stratégique ? A l'heure de la mondialisation, les axes du débat sur les écarts constatés par rapport aux prévisions établies par le programme du développement national, sont purement et simplement occultés alors qu'ils devraient occuper l'esprit et la conscience de la classe politique. A l'heure de la mondialisation, celle-ci n'est soucieuse que de faire valoir un statut de puissance prédominante quand bien même, fantasmatique, et n'est inspirée que par des intérêts à préserver. La mondialisation accélérant le rythme, l'étendue et la portée des mutations, au plan politique, elle entraîne des bouleversements, impose des équilibres et instruit les acteurs à s'y préparer. Au plan économique, l'intégration mondiale des marchés impose une concurrence accrue entre ensembles régionaux qui, d'ores et déjà, se bousculent pour tenter de se doter d'un temps d'avance les uns sur les autres. Moralité, la prévision n'est plus un luxe, elle est une obligation de du troisième millénaire. Avec ses bienfaits et ses méfaits, elle est donc et avant tout, un processus qui ne peut être stoppé. Cela dit, pour anticiper et maîtriser l'évolution des mutations qu'elle génère au lieu de les subir, auquel cas, elle émargera au registre des pays qui se seraient auto-marginalisés, l'Algérie qui ne peut plus se concevoir sans comprendre le monde et sans se mettre en phase avec ses soucis et ses inquiétudes, ne peut demeurer recroquevillée sur elle-même. La mondialisation ne peut plus continuer à y être perçue comme une menace et le futur, comme une agression. Elle se doit, par conséquent, de rompre qualitativement avec un attelage politique inopérant parce qu'inefficace ou même épuisé qui, tout compte fait, après en avoir fait un faubourg malfamé du monde, il en a fait le plus grand mouroir de la planète. Elle se dotera d'un outil politique nouveau qui lui permettra une meilleure visibilité des enjeux à venir. Un outilpolitique éloigné des sentiers battus Se doter d'un outil politique éloigné des sentiers battus et qui concourra au développement de la liberté de penser et de la citoyenneté intelligente, ce n'est pas faire fausse route. Il est grand temps de dissiper l'opacité qui s'est confondue dans un ordre établi et qui s'est érigée au rang de constante nationale. Il est grand temps de corriger la maladresse d'une traditionnelle politique monopolistique, sécrétive, jalouse de son autorité et inefficace, ce qui évidemment n'incite l'élan national ni ne mobilise l'esprit de citoyenneté. Il s'agit désormais de projeter une vision claire du futur ciblé et les modalités de sa construction. A ce propos, le discours simpliste n'est plus de mise. Il est désormais question d'un discours porteur d'une grande ambition nationale, mettre le citoyen à l'abri du besoin et le former pour qu'il soit capable de vivre et d'évoluer au rythme de l'international. Le contexte politique à édifier sera mis en oeuvre dans le cadre d'une démarche globale et cohérente. Il ne se détournera pas de sa finalité, répondre aux attentes légitimes et aux besoins réels de la société qui ne feront plus l'objet. D'appréciations approximatives et controversées par rapport au véritable défi, répondre aux exigences du développement économique, social et culturel avec comme objectif la modernisation de la société, exigences qui ne sont plus, c'est une évidence, subordonnées à la possession des richesses naturelles fussent-elles des plus stratégiques. Notons qu'à l'heure de la mondialisation où la compétition internationale devient impitoyable, ce sont les savoirs et les innovations scientifiques et technologiques qui redistribuent les cartes de la richesse et de la puissance. Le plan d'action de cet outil politique se rapporte à des questions cruciales et déterminantes pour l'Algérie. Il exprime clairement les enjeux que représente son développement. Bien que les efforts consentis par le Président Abdelaziz Bouteflika, en vue de contenir la poudrière dont il a héritée, en structurant les conditions sociales et professionnelles qui se dégradaient, en réanimant une économie stagnante, en réhabilitant l'Etat de droit et son autorité, soient conséquents et éloquents, les mutations qu'implique l'embrayage sur une véritable ère de développement durable, restent encore pour l'essentiel à opérer, bien que la problématique ait été bien définie et les solutions débattues et arrêtées. L'objectif fondamental que s'assigne cet outil à l'effet de maîtriser ces mutations en vue de leur exploitation à bon escient, est de mettre en oeuvre et de manière concertée la pertinence de cette plate forme. Il s'agit de lever les hypothèques sur les perspectives de la croissance édictées par les lois de la mondialisation qui ont fait que les enjeux économiques et sociaux soient désormais globaux, d'où la nécessité d'intégrer cette problématique de façon appropriée dans les politiques de développement et de coopération internationales. Il s'agit de tendre à favoriser une réadaptation et un renforcement du système de croissance nationale de manière qu'il puisse assurer les assises d'un développement durable. · Directeur de l'éducation de la wilaya de Mascara