A moins de quinze jours de la fête du sacrifice, l'Aïd El-Adha, «les prix des viandes rouges et blanches ont carrément pris l'ascenseur», affirment plusieurs Constantinois rencontrés hier aux marchés de Boumezzou et des frères Bettou. La viande de mouton se négocie à 85O dinars le kilo et sur laquelle vient de s'aligner celle du boeuf (sans os, cette dernière se négocie entre 9OO et 95O dinars), et selon beaucoup de monde il faut s'attendre à plus cher encore. Aussi, et pour ne pas être en reste, le poulet est monté ces derniers jours à 31O, voire 320 dinars le kilo chez la plupart des marchands de viandes blanches installés aussi bien dans les marchés populaires de la ville des ponts que dans certains quartiers. Interrogés sur le pourquoi de cette soudaine flambée, les bouchers et les marchands de poulets ont répondu unanimement que d'un côté, nous sommes en pleine période des fêtes organisées à l'occasion des départs des hadjis vers les lieux saints de l'Islam, voire l'accélération du nombre de mariages à fêter avant l'aïd, et de l'autre côté, l'enchérissement de plus en plus grand des prix de la nourriture des animaux, ainsi que les nombreuses contraintes auxquelles font face les éleveurs. Mais les clients pensent plutôt que ces éleveurs font de la rétention pour faire augmenter régulièrement le prix du poulet à l'abattoir, qui fatalement se répercute sur les consommateurs, et qui sont à l'origine de cette flambée des prix qui, il faut craindre, risque de s'inscrire dans la durée. Car sinon, disent ces consommateurs, comment expliquer cette variation des prix du kilo de poulet qui, en quelques jours, passe de 240 à 320 dinars le kilo, comme ça, sans explication, si ce n'est de la rétention volontaire et de la spéculation que nous sommes les seuls à payer. D'autres versions sont avancées par certains, comme un client qui semble être connaisseur: «A mon avis, c'est surtout la proximité de la fête du sacrifice qui provoque l'envolée du prix du poulet». Et d'ajouter : «Comme il va y avoir maintenant une forte demande sur la viande de mouton, dit-il à un auditoire approbateur formé de clients et même de marchands de volailles, le prix de celle-ci augmente, entraînant dans son mouvement celui du poulet, puisque la demande sur celui-ci va aussi augmenter, en ce sens que les bourses modestes ne pouvant se payer le mouton, vont se tourner vers le poulet». Enfin, plusieurs autres personnes disent que ce sont les facteurs climatiques qui doivent également être pris en compte pour expliquer le phénomène, tant il est vrai que les éleveurs, spéculant fortement sur une saison particulièrement pluvieuse, ne seront plus pressés de vendre. Et comme les fêtes de l'aïd sont à nos portes, la spéculation bat son plein.