Les Constantinois viennent à peine de sortir d'une profonde léthargie qui leur a fait oublier que l'Aïd El-Adha était à nos portes et qu'il fallait songer au mouton du sacrifice. Il est évident que les deux matches de foot joués contre l'Egypte sont les causes principales de cet oubli. Mais une fois que les clameurs de la victoire se sont tues, on prend conscience et on commence à «faire» les marchés aux bestiaux des environs ou à contacter des connaissances ou des amis pour être orienté vers la ferme d'un éleveur de la région, connu pour la bonne qualité de ses bêtes et surtout s'il n'est pas trop «gourmand» pour ce qui est des prix. D'autres par contre, ayant eu connaissance de l'ouverture depuis quelques jours de plusieurs points de ventes autorisés par la mairie de Constantine, ont eu l'idée de s'y rendre pour tâter le marché et éventuellement acheter ce «cher» mouton. Toujours est-il que depuis deux jours au moins, résonnent les bêlements de moutons dans plusieurs quartiers de la ville. La plupart de ces animaux sont solidement attachés aux barreaux d'un balcon ou mis sur la terrasse pour ceux qui en possèdent. Ce qui est sûr, c'est que tout le monde dénonce avec véhémence la cherté «inadmissible». Selon quelques personnes, «cette situation s'explique par le fait que de nombreux responsables ont affirmé par le biais des médias que les moutons étaient largement disponibles. Mais à l'évidence, nos chevillards ne l'entendent pas de cette oreille et veulent absolument imposer une fausse réalité. La semaine dernière, dans les marchés d'El-Khroub ou de Zighoud Youcef par exemple, un agneau de lait de moins d'un an était proposé 18.000 dinars, soit près de 1.800 dinars le kilo, son poids ne dépassant pas dix kilos. Pour les autres catégories, les prix varient de 28.000 à 34.000 dinars la tête. Et c'est un bon prix, assure doctement le vendeur à un client estomaqué. Les points de vente à Constantine étaient assez peu fréquentés. Tout juste une dizaine de bêtes étaient visibles au quatrième kilomètre et près du carrefour donnant accès à Aïn Smara. Des automobilistes se sont arrêtés mais ils ont vite quitté les lieux : là aussi, les bêtes étaient intouchables. Un mouton moyen, de 15 à 20 kilos environ, coûtait 29.000 dinars. Et c'est 32 à 35.000 dinars qu'il faut mettre pour un animal bien cornu et un peu plus gros. D'ailleurs, selon les dires de plusieurs personnes, les arrivées des moutons en provenance des zones pastorales du sud-ouest ne sauraient tarder. Alors peut-être que les prix seront revus à la baisse, car les maquignons de ces régions seraient moins «gourmands» et surtout ne voudraient pas retourner avec leurs bêtes invendues. En ce qui concerne la cherté, chacun y va de ses explications : de la rareté des produits pour la nourriture des bêtes, jusqu'aux dépenses chez les vétérinaires pour prévenir la maladie de la langue bleue surtout, des frais de transport, etc. Enfin, du côté de la direction de l'agriculture, on assure «que tout est paré pour les préparatifs des contrôles vétérinaires». Les rues et les quartiers de la ville seront sillonnés jusque dans l'après-midi de vendredi et, dit-on, même les abattoirs seront ouverts au public pour ceux qui désirent y faire le sacrifice.