Comme chaque année, Alger a fêté cet événement en se vidant de ses habitants. Depuis le week-end, la gare routière, la gare ferroviaire et les différentes stations de taxi qui assurent la liaison entre les wilayas et la capitale ne désemplissaient pas de tous ceux qui ont choisi de fêter l'Aïd, au sein de la grande famille à l'intérieur du pays. De plus, la quasi-totalité des commerces, surtout les taxiphones et exception faite de quelques boulangeries, sont restés fermés. La circulation, pendant les deux jours de fête, d'habitude si difficile à Alger, était très fluide. Concernant le sacrifice rituel du mouton, en référence au sacrifice d'Abraham, force est de constater que la tradition a été difficilement respectée. Près d'une famille sur trois n'a pas sacrifié de mouton pour des raisons financières évidentes. En effet, le «mouton de l'Aïd» est demeuré cette année encore difficilement accessible aux bourses moyennes. Les prix, selon les éleveurs, n'ont pas changé par rapport à l'année dernière, se situant entre 12.000 et 40.000 dinars. Une dizaine de jours avant la fête, des marchés à bestiaux se sont improvisés d'une manière anarchique dans la capitale, aux abords des autoroutes et dans les quartiers où des locaux ont été aménagés dans des rez-de-chaussée d'immeubles. Mais cette hausse de prix des moutons décourage les petites bourses. Des entreprises ont adopté la méthode de vente par facilités au profit de leurs employés après avoir effectué des achats groupés. Par ailleurs, le recours à l'emprunt par certains pères de famille pour l'achat du mouton afin de ne pas décevoir leurs enfants, a été pratiqué. Une manière de cacher sa misère en ce jour de fête. Un sexagénaire, chauffeur de taxi, s'est élevé contre ce type de pratiques en accusant l'Etat d'être laxiste à l'égard des maquignons qu'il qualifie de «trabendistes de l'Aïd». Il se demande «pourquoi les instances compétentes ne prennent pas des mesures en faveur de l'importation du mouton à la veille du sacrifice pour casser ce monopole déguisé et permettre un Aïd décent aux plus fragiles de la société». Sur le plan sanitaire, même si la situation a été jugée satisfaisante, il reste le problème du kyste hydatique qui persiste en raison de la prolifération des chiens errants à travers le pays. En ce qui concerne la permanence des vétérinaires et des abattoirs le jour du sacrifice pour le bon déroulement de l'opération, plusieurs interventions des médecins ont été relevées à Alger, mardi dernier, à la satisfaction des habitants. A l'instar des autres années, et malgré la disponibilité de l'eau en ce jour de sacrifice, le manque de civisme de certains habitants a donné lieu à des scènes déplorables. Des mares de sang laissées par les moutons sacrifiés que leurs propriétaires n'ont pas daigné nettoyer. Ces petits malins comptaient peut-être sur la pluie qui ne viendra pas pour faire le nettoyage à leur place. Notons également que le prêche de la prière de l'Aïd El Adha donné par l'imam de la grande mosquée d'Alger, était un rappel que l'Aïd est l'occasion pour les musulmans d'exprimer leur joie et aider les démunis dont les moyens ne leur permettent pas d'accomplir le rituel du sacrifice. L'imam a également souligné que l'Aïd est «une journée de générosité et de piété», appelant les fidèles «à éviter les conflits et à faire face aux agressions perpétrées contre la nation musulmane». Dans la foulée, il appellera les musulmans «à défendre l'image de l'islam et celle de la nation musulmane». Enfin, l'Aïd El-Kébir a été l'occasion de multiples opérations de solidarité en faveur des couches sociales démunies, et ce, à travers le territoire national. Le centre de Sidi Moussa pour personnes âgées, dans la wilaya de Blida, où le ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, M.Tayeb Belaiz, s'était rendu lundi dernier, a critiqué la méthode de travail et la qualité des services. La situation de ce centre, qui accueille 212 personnes âgées, est déplorable vu les conditions d'hébergement et la qualité des services de santé offerts à cette catégorie de personnes.