Le prix du mouton sort de l'ordinaire. Il faudra miser 25.000 à 50.000 DA pour quelque 20 à 30kg de viande. A l'approche de l'Aïd El Adha, «Alger la Blanche» est devenue un «souk» pour les ovins. La quasi-totalité des quartiers se sont transformés en centres pour la vente de moutons. Des garages, des parkings et même des impasses servent, ces jours-ci, de «parcs» pour moutons. Une station de lavage de voitures à Kouba, par exemple, a été divisée en deux parties. La première moitié continue son activité tandis que la seconde est pleine de mangeoires, de foin et évidemment, de quelque 60 moutons. Les transactions s'effectuent généralement de manière anarchique, sans aucune précaution contre les risques que peuvent engendrer ces manières de faire. En effet, un nombre indéterminé de marchés s'ouvre au gré des disponibilités du terrain et des conjonctures. A cela s'ajoute le laisser-faire des autorités locales qui, dans certaines communes, ferment les yeux et tolèrent cette situation pour des périodes déterminées. Pourtant, la direction de l'agriculture vient de prendre une série de mesures destinées à préserver le cadre de vie et lutter contre les risques de dégradation. Cette mesure est constituée par la détermination des lieux d'installation des marchés de moutons de l'Aïd El Adha, au niveau de la capitale. Ainsi, des lieux de vente de moutons seront bientôt fixés dans toutes les communes de la wilaya d'Alger pour garantir la propreté de la ville alors que des agents de nettoyage seront chargés du ramassage des déchets ou autres fourrages consacrés aux moutons du sacrifice. «Une commission composée des représentants de différentes institutions concernées par les préparatifs de l'Aïd El Adha sera mise en place conjointement avec les vétérinaires et les responsables de la même direction. L'objectif est d' établir des plans, voire des cartes à respecter dans chacune des communes quant à la vente du cheptel», a-t-on appris de sources proches du ministère de l'Agriculture. Pour le cheptel qui est déjà sur place à Alger, sa situation serait réexaminée. Sur le volet des achats, nombreux sont les acquéreurs qui ont déjà fait leur choix de la bête à immoler. C'est souvent le choix des enfants qui prime. Les parents ayant des petites bourses recourent à des avances, à des prêts ou à des crédits bancaires uniquement pour ne pas priver leurs enfants de cette joie collective: «La joie de mes enfants est au-dessus de toutes les dépenses» déclare A. Ahmed dont le fils a choisi un mouton estimé à 35.000 DA. L'Aïd el Adha, tout comme le Ramadhan, est le terrain propice pour «tomber de Charybde en Scylla». Malheureux sont ces parents qui, pour échapper à la tristesse de leurs enfants le jour de la Fête, préfèrent s'endetter. C'est après la Fête que l'on se gratte la tête, comme dit la sagesse populaire. Lors de notre passage à Djelfa, la semaine dernière, le prix du mouton sortait complètement de l'ordinaire. Il faudra miser entre 25.000 à 50.000DA pour quelque 20 à 30kg de viande. La différence des prix ne réside pas dans le poids mais dans les cornes! Les moutons ayant de grands appendices céphaliques en spirale et pointus, sont chouchoutés par leurs propriétaires. La nature a gâté cette fois-ci les éleveurs. Les pluies torrentielles qui ont causé des inondations et ont engendré la mort de milliers de têtes de bétail, ont fait également pousser de l'herbe. Les éleveurs, souvent des nomades, n'ont pas eu de souci à se faire à propos de l'alimentation. En quelque sorte, la nature a assuré la nourriture des ovins. Concernant l'autre catégorie d'éleveurs, c'est-à-dire les non- nomades, ou éleveurs occasionnels, qui veulent engranger le maximum d'argent et rapidement, ils n'hésitent pas à employer les grands moyens, peu importe les contre-indications. Pour ce faire, ces opportunistes utilisent un aliment de croissance destiné au poulet de chair, «la finition». Pour les connaisseurs, rencontrés sur place, «l'engraissement des moutons par cet aliment est visible sur les viandes de boucherie avec des parties grasses et d'autres maigres». La finition permet de transformer un poussin de quelques grammes en un poulet de 3kg et plus, et ce, en 45 jours seulement. Imaginez un mouton qui a cette nourriture en abondance!!! Les Algériens ont l'habitude de voir des locaux changer d'activité périodiquement. C'est le cas durant le Ramadhan, la fête de l'Aïd El Adha, et bien sûr les rendez-vous politiques. Après la Fête du sacrifice, il est à parier que beaucoup de locaux, généralement bien situés, seront «réquisitionnés» pour la «vente» de différents produits politiques.