Une ambiance de fête bien particulière L'ambiance est au grand jour avec ses embouteillages et sa foule bigarrée faisant le coude-à-coude dans les marchés et la liesse n'étant pas près de s'estomper après la victoire de notre équipe nationale de football lors de son légendaire match de Khartoum. Elle semble faire jonction avec la fête de l'Aïd El-Adha. La tête est au mouton et aux Fennecs. Les décors ont changé, mais c'est toujours la grande animation et les jeunes, ne ratant aucune occasion pour faire du commerce conjoncturel, se font grand plaisir à vendre tout ce qui se confond avec la fête du sacrifice. Au niveau de tous les quartiers d'Oran, à l'instar de toutes les villes du pays, El-Hamri, Medioni, Maraval, Cité Petit... c'est le petit commerce informel des accessoires qui a pris place. Les vendeurs occasionnels étaient nombreux à étaler toute la panoplie d'outils du parfait «debbah», barbecues et autres. Un jeune vendeur, journal à la main, répondait difficilement aux clients qui le sollicitaient sur les prix. Près de lui, un jeune palabrant au milieu de plusieurs de ses camardes qui buvaient comme du miel le témoignage de sa campagne de Khartoum. Ce vendeur installé informellement à El-Hamri, comme chaque année, jouxte un forgeron qui aiguise pour la circonstance les couteaux à raison de 50 dinars l'unité. Côté accessoires, une hache au prix de 3.800 dinars haut de gamme et celle de moindre qualité à 800 dinars, la différence est de taille. Le kilo de charbon est à 70 dinars et le brasero en tôle varie entre 150 et 450 dinars, selon le volume de contenance. Les couteaux de toutes sortes valant entre 150 et 850 dinars, là également les prix varient en fonction de la qualité. Les broches de toutes sortes entre 80 et 200 dinars pour un étui de cinq unités. Les grills sont entre 20 et 25 dinars. Les pompes, pour ceux qui ne peuvent souffler le mouton une fois sacrifié, coûtent 400 dinars. Le rush a commencé assez tard, compte tenu de tout ce qui a entouré le match de Khartoum, avant, pendant et après. Même décor à M'dina Jdida et mêmes discussions. Le flux de la clientèle a commencé à atteindre sa vitesse de croisière, lundi. Et les prix commencent à accuser une légère baisse, les maquignons ayant peu de temps pour écouler leur marchandise. Ailleurs, à M'sila, les marchés hebdomadaires de bétail connaissent un «rush» impressionnant et ininterrompu. Le mouton de la steppe, nourri au «chih» (armoise blanche) dont le délicat parfum parfume la viande, a gardé intacte sa réputation qui l'a toujours distingué des troupeaux pâturant dans les autres contrées algériennes, ce qui explique l'irrésistible attrait qu'il exerce. Depuis trois semaines, les va-et-vient des éleveurs transportant leurs troupeaux sur camions, dans les principaux axes routiers de la wilaya du Hodna, semblent ne plus vouloir cesser, les vendeurs étant de toute évidence soucieux de mettre leur offre au diapason de la demande. C'est que la clientèle vient des quatre coins du pays avec un seul but: décrocher à bon prix un beau bélier cornu et bien portant ou, à défaut, un «theni» ou même une brebis qui fera aussi l'affaire le jour de l'Aïd pour les moins nantis. A l'approche de l'Aïd, les marchés de bétail de M'sila sont aussi envahis par des spéculateurs et des revendeurs à l'origine de la flambée des prix. Ils achètent sur place de petits troupeaux chez des éleveurs et les revendent sans les déplacer à des prix supérieurs d'un quart des tarifs d'achat. A Khenchela, l'avenue «Souafa» du centre-ville est longée d'une impressionnante procession d'affûteurs de couteaux. Pour ces artisans, cette activité saisonnière est l'occasion rêvée de réaliser des revenus conséquents au regard de la forte demande sur ce service. L'odeur dégagée par le métal en train de s'aiguiser se confond, dans cette avenue bondée toute la journée ou presque, avec les effluves dégagés par les autres boutiques et commerces de parfums, de détergents, d'alimentation générale et des boucheries. Les espaces pour piétons y sont pratiquement squattés par une multitude de vendeurs de barbecues forgés à la va-vite et de charbon emballé dans des sacs en papier plus ou moins volumineux selon le poids. De jeunes gens pour la plupart, ces marchands s'égosillent pour attirer les clients dans une compétition qui confère à cette place les airs d'un immense bazar. Quant aux bouchers, ils ne chômeront pas le jour de l'Aïd, loin s'en faut. Egorger puis dépouiller le mouton c'est leur spécialité, et certains d'entre eux tiennent de véritables carnets de rendez-vous tant leurs services sont fortement sollicités durant la matinée de l'Aïd. D'autres encore se contentent de proposer leur service le jour J en déambulant armés de leurs couteaux à travers les cités d'habitation. Les peaux de mouton sont par ailleurs données en aumône aux mosquées où les associations religieuses se chargent de les revendre à des opérateurs qui les recèdent à leur tour aux mégisseries de la région. A Ghardaïa, le marché à bestiaux s'est enflammé à deux jours de la fête du sacrifice. Les bêtes les plus lourdes, 40 kilogrammes et plus, atteignent jusqu'à 50.000 dinars. Les éleveurs justifient ces prix exorbitants par la cherté des aliments de bétail. De nombreux pères de familles ne vont pas faire le sacrifice cette année.