De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Historique fut la victoire des Verts, magnifiques et euphoriques furent la fête et la joie grandioses qui ont envahi les esprits et le cœur mercredi dernier à Bouira après le coup de sifflet final du match entre l'équipe nationale algérienne et son homologue d'Egypte, qualificatif pour la Coupe du monde prévue en Afrique du Sud en 2010. Les Bouiris n'ont jamais assisté à un tel déferlement de citoyens de toutes catégories d'âge et de sexe. Ils ont envahi les différentes artères et rues des grandes villes de la wilaya pour fêter la victoire des Verts, criant de vive voix «one, two, three, viva l'Algérie», chantant et dansant sur les airs des chansons folkloriques et sportives mises sur le marché à la gloire du onze national. Sous les concerts de klaxons, cris et youyous stridents, de nombreuses familles ont vécu une nuit blanche. L'explosion de joie a été totale, digne d'un «Indépendance day», similaire à celui célébré par les Algériens un certain 5 juillet 1962. En effet, après la courte liesse des Cairotes et les quatre jours de stress et d'angoisse ressentis localement, vinrent la victoire et la fête durable. «Il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué», le match de Khartoum, dirigé par l'arbitre seychellois Maillet Eddy Allen, suivi par des dizaines de millions d'Algériens, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, ainsi que par les amateurs du football à travers le monde, a bien montré la suprématie technique et tactique «des guerriers du Sahara». La liesse honteuse et chimérique des Egyptiens avec leurs lâches agressions, leurs velléités d'intimidation et la bassesse de leurs propos à l'égard de l'Algérie, son peuple et son équipe ayant marqué l'avant et l'après-match du Cairo Stadium, ont été remises en cause par la détermination des camarades de Ziani qui voulaient se qualifier avec «nif» et honneur, soutenus dans cette aventure de manière grandiose par tout un peuple, la presse et surtout par un Président qui n'a pas hésité à lancer la machine de soutien de l'Etat, en donnant la chance à des milliers de jeunes d'effectuer le déplacement au Soudan pour être aux côtés de l'équipe nationale. Ainsi, durant ces deux derniers jours, les Bouiris, quelle que soit leur catégorie sociale, ont exprimé leur exultation et leur attachement à leur pays et à ses couleurs. C'est la résurrection du nationalisme porté cette fois-ci par une foule immense. Ils chantaient et dansaient, ils étaient très heureux de cette consécration qui survient après 25 ans d'absence de l'équipe nationale sur la scène footballistique internationale et engendré une liesse populaire indescriptible, après les années tragiques ayant endeuillé des milliers de familles. Les cortèges de véhicules et tous les moyens de transport bondés ont sillonné les différents quartiers du chef-lieu de wilaya, et des milliers de jeunes avides de victoires, se sont donné à fond au milieu des fumigènes et des produits pyrotechniques. Les adorateurs des Verts, arborant des drapeaux, des chapeaux, des écharpes et des maillots aux couleurs nationales ont déambulé toute une nuit, d'autres affirment avoir passé une nuit blanche. De longs moments de joie ont été enregistrés à l'aide de caméras et de téléphones portables sophistiqués, «c'est une joie à ne pas rater», lance un jeune qui était en train d'immortaliser ces moments en filmant cette foule en délire, composée de filles, de femmes, de jeunes, d'hommes et même de vieux. Dans la journée de jeudi, le même décor de fête s'est installé dans différents endroits de la ville, toutes les discussions tournaient autour de la fête du match, c'est la grande fête. «Nous avons gagné. Nous avons obtenu justice sur un terrain neutre. Dieu merci !» Pour d'autres citoyens, c'est surtout l'attitude des médias égyptiens qui les faisaient réagir : «Quoi qu'ils disent, c'est l'Algérie qui va représenter l'Afrique du Nord et les pays musulmans au Mondial 2010.» Selon les propos et analyses diffusés en France et dans les pays du Maghreb, l'équipe nationale a bien mérité la qualification : «Les protégés de Saadane ont prouvé leur suprématie sur les arrogants pharaons, sans faire dans la triche ni dans l'indélicatesse». Pour ce qui est des commentaires de dénigrement, un fonctionnaire a déclaré : «Les chiens aboient et la caravane passe.» Hier, alors que l'ambiance festive commençait à s'estomper dans certaines localités, les jeunes ont fêté la victoire et le retour des Verts, tout en gardant une oreille tendue vers l'actualité concernant les décisions qui pourront être prises par la FIFA à l'encontre de l'équipe égyptienne à la suite des agressions dont ont été victimes des joueurs et des supporters de l'équipe nationale avant et après le match du caire.