Une peine de 15 ans de réclusion a été prononcée hier par le tribunal criminel d'Oran contre deux frères accusés d'assassinat. Ch.K. et Ch.H., âgés respectivement de 31 et 26 ans, comparaissaient pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, ainsi que le délit connexe de dégradation de bien d'autrui. L'affaire revient après une double cassation. Les faits remontent au 13 décembre 2006, au village d'Ayaïda, Arzew. La victime, Othmane, 28 ans, fut sauvagement tuée par les deux frères accusés alors qu'elle rentait chez elle, accompagnée de sa mère, après une visite familiale rendue à l'oncle à l'occasion de son retour des Lieux Saints. Enfant et mère furent pris dans un « faux barrage » dressé par les deux frères, à quelques encablures du faubourg d'Ayaïda. Othmane fut impitoyablement poignardé par les deux agresseurs sous le regard impuissant de sa mère. Ni les implorations ni les cris de la pauvre mère ne purent faire renoncer les deux frères à accomplir leur acte. Lardée de coups de couteau, la victime succomba à ses blessures le lendemain. Un des nombreux coups reçu, celui au niveau du thorax, lui fut fatal. Ne se contentant pas de l'effusion de sang, les deux frères s'en prirent à la vieille dame, puis... à la voiture de la victime, une Renault Mégane, qu'ils dégradèrent délibérément. Mobile du crime : « l'honneur de la famille ! ». C'est du moins la version de la partie accusée. Pas facile à « avaler » vu les circonstances du drame. Selon les deux frères, la victime harcelait sans répit leur soeur et la faisait chanter. Or, l'assassinat survint après près de deux mois de son mariage. Aux yeux des deux frères, il était coupable d'avoir abusé de la bonne foi de leur soeur qu'il a laissé tomber pour une autre. Il fallait donc le châtier. Le châtiment était plus sévère que le péché, si péché vraiment y avait. L'avocat général a requis la peine capitale contre les deux frères. Le tribunal a été plutôt clément en prononçant une peine de 15 ans d'emprisonnement contre eux, au grand dam de la mère de la victime et de sa femme laissée veuve avec un enfant, qui, au moment du drame, était encore dans son ventre. Il est à noter par ailleurs que le rapport d'enquête sociale et psychologique établi sur les deux accusés les présente comme étant «deux individus très violents, extrêmement agressifs et de caractère asocial».