La loi de finances complémentaire 2009 a cessé d'être la sardine qui bouche le port de Marseille. Il y a quelques semaines, c'était l'alerte générale et un élu de la région marseillaise a même soulevé la question à l'Assemblée nationale... française, suscitant une réponse, fort maladroite, du secrétaire d'Etat français au Commerce, Hervé Novelli. La bonne vieille règle qui veut que l'on s'informe avant de parler a été rappelée par l'ambassadeur de France à Alger. Depuis, une délégation du Medef est venue à Alger, suivie par celle d'élus provençaux. Les partenaires français ont saisi qu'il n'y a rien à gagner à contester à l'Etat algérien le droit de mener sa propre politique économique. Ils ont pu également mesurer qu'il ne manque pas d'opérateurs algériens à contester - et c'est leur droit - certains aspects de cette nouvelle politique. Les hommes d'affaires français, comme les élus provençaux dont la région a des liens économiques importants avec l'Algérie, avaient fonctionné sur l'idée, très sommaire, que la LFC 2009 était «anti-française». Même si l'impact des mesures décidées par le gouvernement algérien pour brider les importations a été ressenti en France et notamment dans la région marseillaise, croire que les mesures ont été pensées pour nuire aux intérêts français relève d'une forme de paranoïa. Les Chinois, dont les exportations vers l'Algérie augmentent, seraient tout aussi fondés à voir dans les mesures prises comme une attaque contre leurs intérêts. Ils ne le font pas d'une manière générale, car ils trouvent naturel qu'un Etat puisse réagir à certaines situations qu'il juge préjudiciables à son économie. Et aussi parce qu'ils ne considèrent pas que le marché algérien puisse être une chasse gardée. Ils s'adaptent. Ils le font d'autant plus que, contrairement à l'image simplificatrice, la LFC 2009 n'a pas banni les importations - chose évidemment impossible - mais a tenté de corriger certains excès. On peut comprendre aisément que des opérateurs qui avaient pris certaines habitudes dans une Algérie qui ne jurait, il y a quelque temps, que par les IDE - qui ne sont guère venus - n'apprécient pas que l'on réintroduise des verrous. Pour autant, l'Algérie ne s'est pas refermée subitement. Le port de Marseille, qui avait accusé fortement le coup après l'entrée en vigueur des nouvelles mesures, reprend donc ses activités avec l'Algérie après «adaptation» des opérateurs. Ainsi, selon Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence, après que «le trafic eut chuté de près de 50% dans les conteneurs en août, il est à -15% au mois d'octobre, on a regagné du terrain petit à petit». On ne sait pas si les opérateurs français font désormais dans la diplomatie après avoir fait preuve d'alarmisme. Mais pour l'économie algérienne, le besoin d'une diversification qui sort l'Algérie du «tout import» se pose avec acuité. Il n'est pas soluble dans les mesures prises par la loi de finances complémentaire.