Comme le Medef, il y a trois semaines, les élus de Marseille et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur affirment comprendre les motivations du gouvernement algérien. Les élus de Marseille et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, venus à Alger pour chercher des explications sur les mesures de la loi de finances complémentaire 2009, après “un long entretien” avec le Premier ministre Ahmed Ouyahia, sont repartis plus rassurés sur l'avenir des relations économiques entre l'Algérie et la France. Comme le Medef, il y a trois semaines, les élus de Marseille et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur affirment comprendre les motivations du gouvernement algérien. “Nous avons eu un échange très fructueux qui nous a permis de comprendre le point de vue algérien”, a indiqué le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur M. Vauzelle. “Le Premier ministre a expliqué les raisons qui ont motivé cette loi de finances complémentaire. Elle vise à lutter contre un déséquilibre de leur balance des paiements et à préparer, dans une vision à long terme, l'économie de production qui viendra se substituer à l'actuelle dans quarante à cinquante ans quand les réserves de pétrole seront épuisées”, a ajouté M. Roland Blum, premier adjoint du maire de Marseille. Est-ce là le signe que les affaires reprennent entre Alger et Paris ? Les inquiétudes soulevées par certains opérateurs français, notamment le port de Marseille, ne sont finalement qu'un nuage d'été. Mais en face, il y avait aussi l'intransigeance des pouvoirs publics pour qui il n'est pas question de revenir sur les mesures prises en toute souveraineté. Très pragmatiques, les Français, qui veulent garder leurs parts de marché, parlent de la nécessité d'adaptation à ces nouvelles règles qui s'imposent à tout le monde. “Les deux pays font face à la même crise bancaire, économique, mondiale et sociale. Nous avons souhaité venir afin de parler comme des frères et de voir comment affronter ensemble cette crise mondiale”, a affirmé le président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, insistant sur “le plus grand respect des choix faits en toute souveraineté par le peuple algérien, ses représentants et son gouvernement”. La loi de finances 2009 avait, lors de sa promulgation, suscité de vives critiques en France qui ont été très mal perçues, du côté algérien, notamment après que le secrétaire d'Etat au Commerce français eut déclaré que la France allait agir de concert avec l'Espagne et l'Italie pour convaincre “nos amis algériens qu'ils font fausse route”. Cette sortie du secrétaire d'Etat au Commerce français avait été lue comme une atteinte à la souveraineté nationale. M. Vauzelle a révélé que la visite de la délégation est intervenue après l'envoi d'un courrier au président de la République. La délégation comprend aussi Noël Guérini, président du Conseil général des Bouches-du-Rhône, Roland Blum, premier adjoint du maire de Marseille, Eugène Caselli, président de la Communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole, et Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence, mais aussi des chefs d'entreprise. La crise née de la promulgation, en juillet dernier, de la loi de finances complémentaire 2009, et qui a surpris les entreprises françaises, semble faire désormais partie du passé. C'est du moins le message des élus français qui repartent à Marseille “confiants et rassurés”. Les élus de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur ont même plaidé pour un partenariat renforcé entre la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et l'Algérie. Le port de Marseille Fos, qui réalise une partie importante de son trafic avec l'Algérie, avait subi de plein fouet les nouvelles mesures décidées, fin juillet, dans la loi de finances complémentaire pour 2009 quant aux modalités d'importation de marchandises. Mais selon M. Jacques Pfister, président de la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence, les PME marseillaises se sont adaptées aux mesures de la loi de finances complémentaire, “parce qu'elles ont une grande confiance du développement économique de l'Algérie”. Le port de Marseille-Fos, qu'on disait menacé, reprend son rythme normal. “La baisse n'est plus de 15%”, souligne-t-il. “La France et l'Algérie sont des partenaires importants. Nous acceptons la LFC. Nos entreprises sont en train de s'adapter. Nous voulons aller plus loin”, a indiqué pour sa part Eugène Caselli, président de la Communauté urbaine Marseille- Provence-Métropole. La délégation a d'ailleurs évoqué avec le Premier ministre des pistes de coopération. Jacques Pfister, lui, a parlé du projet de création de la maison de Marseille en Algérie qui pourrait être le lien entre les PME de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et les PME algériennes. La maquette a été présentée au journaliste à la résidence de l'ambassadeur de France à Alger. “Nous voulons créer un centre d'affaires où nous accueillerons des entreprises françaises et algériennes dans une optique d'installation. Elles auront tous les services possibles sur les marchés pour connaître les offres et le terrain. Les PME françaises auront donc un point d'appui pour se développer en Algérie. Et les PME algériennes pourraient mieux comprendre le marché français”, a expliqué Jacques Pfister. Pour rappel, l'ambassadeur de France en Algérie, au cours d'une conférence de presse organisée à la veille de la visite du Medef, avait indiqué que “les entreprises françaises ne baissent pas les bras”, précisant que “les entreprises françaises sont plus que jamais motivées pour accompagner l'Algérie dans ses nouvelles orientations”. Le chef de la mission économique de l'ambassade de France dira, lui aussi, que l'impact initial de la loi de finances complémentaire a été rapidement surmonté et les entreprises françaises comprennent les motivations des autorités.