Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l'Espérance de Mostaganem, leader du championnat de Seconde division, est au bord de l'implosion. En effet, les jours se suivent et se ressemblent à l'ESM, et le bras de fer qui oppose les joueurs aux dirigeants risque de coûter cher, voire très cher à la formation du Dahra lors de la phase retour. «La première place que nous occupons ne doit pas être considérée comme l'arbre qui cache la forêt », expliquera l'entraîneur Assas Mokhtar, qui, il faut le dire, a réussi à bâtir un groupe homogène et solide depuis son installation à la tête de la barre technique de l'Espérance la saison écoulée. Cette année, et en dépit des problèmes vécus lors de l'intersaison, l'ESM s'est idéalement distinguée, terminant la première manche avec 33 points sur les 51 possibles, soit un taux de réussite de 64%. Cela est d'autant plus impressionnant si l'on prend en compte ses difficultés financières et le risque du forfait qui menaçait l'ESM à une semaine du début du championnat. Aujourd'hui, les joueurs estiment qu'ils ont réalisé une remarquable performance, restant fidèles au club même dans les moments les plus difficiles. En conséquence, ils exigent le versement de leurs dûs. Ils continuent de boycotter les entraînements, au plus grand désarroi du coach Assas, qui a tout simplement préféré rester chez lui en attendant que la situation se débloque. «Certes, les joueurs ont le droit de réclamer leur argent, surtout après le parcours honorable réussi durant la première moitié de championnat. Mais j'estime que le boycott des entraînements n'est pas la meilleure solution pour réclamer ses droits. Il faut admettre que l'équipe dirigeante, à sa tête les frères Benchenni, a donné des garanties. Je ne vous cache pas, par ailleurs, que les joueurs ont perçu une partie de leur argent. Or, ils réclament la totalité, estimant avoir fait leurs preuves », dira l'entraîneur. Il ajoutera : « Nous avons fait contre mauvaise fortune bon coeur, et nous avons concentré notre travail sur le plan psychologique. Il ne faut pas oublier que les joueurs sont pour la plupart des jeunes et ils ont besoin d'être orientés ». Par ailleurs, la direction de l'Espérance a beau tenter de sensibiliser les joueurs afin qu'ils reprennent les entraînements, en leur affirmant qu'ils seront régularisés une fois les caisses du club renflouées, rien ne semble convaincre les coéquipiers de Madouni, qui continuent de camper sur leur décision. A ce sujet, Assas Mokhtar nous dira: «Franchement, personne ne comprend absolument rien à ce qui arrive à l'équipe. Leader avec deux points d'avance sur le MCS, et qualifié pour les 32èmes de finale de la Coupe d'Algérie, le club vit une crise financière sans précédent. Je pense que les dirigeants doivent sérieusement se secouer pour trouver des solutions avant qu'il ne soit trop tard». Dans un autre registre, signalons que plusieurs joueurs, sollicités par d'autres équipes, veulent partir à l'approche de l'ouverture du mercato d'hiver. Plusieurs d'entre eux estiment qu'ils ont rempli leur contrat et veulent partir monnayer leurs talents ailleurs, tels Beloufa, Boukemecha et Belarbi, qui espèrent obtenir leur lettre de libération. Face à cet état de fait, l'entraîneur de l'ESM ne semble pas inquiet, affirmant que les joueurs finiront par revenir à de meilleurs sentiments. Mais à la question de savoir s'il poursuivra sa mission à l'ESM, il dira: « Je n'ai pas pris de décision encore. La seule chose que je peux dire, c'est que je ne poursuivrai pas ma mission si la situation n'évolue pas ». Quoi qu'il en soit, et en attendant des jours meilleurs, les dirigeants de l'ESM sont appelés à réagir, car un club de la trempe de l'ESM, qui n'est autre que le porte-drapeau de la wilaya en Seconde division, mérite plus d'égards.