Les couleurs nationales, le virus grippal et la LFC seraient les symboles les plus rabâchés au cours de l'année qui s'en est allée. Sinon, tout le reste reste semblable et similaire à tous les autres points communs et usuels. rien à changer. Tout est pareil. L'angoisse est instituée partout. Le bonheur est parfois là, le plus souvent ailleurs. Insaisissable. Et dire que la vie, comme les jours continue malgré bon an, mal an. L'année 2009 ne peut constituer une halte décisive pour le pays. Forçant à outrance un recentrage de débat, elle n'avait pas à arrimer tout un peuple sur les vices ou les appétits liés à la passion d'exercer le pouvoir. Le mal de vivre continue. Une année pleine d'angoisse et de vicissitudes s'en va. Une autre aussi incertaine, vague et indéfinie se pointe. Entre les deux le peuple s'accroche pêle-mêle aux infimes espoirs qu'offre la providence. Une rétrospective synoptique de 2009 renseigne sur les aléas et les défis qui guettent le pays. Le feuilleton «la course au pouvoir» dont les acteurs essentiels sont définis, demeure inachevé tant que le scénario des derniers épisode est toujours en phase de montage. La fin de l'année nous dévoilera le mystère des héros. Cette année aurait vu ce qu'auraient vu cent. La politique s'est entremêlée au meurtre lorsque l'école avait fait les frais des fausses visions scolaires. Le logement avait pris ses divers F dans les programmes malingres et mensongers des différents candidats aux postes de direction des affaires publiques. La blague, tellement vraie et authentique, est devenue une expression caricaturale d'un humour qui ne fait point rire. L'angoisse frôlait l'alarme nationale. Elle aurait vu cette année, encore des fois et des fois, réussir les traînards là où échouèrent les prestiges des grands managers. La marginalisation et l'exclusion avaient emporté dans leur élan le mérite, le brio et l'action ; ne laissant le soin du mérite qu'aux seuls critères de la caporalisation, la régionalisation et le copinage de bas étages. L'on avait fait semblant de remplir les annales quotidiennes d'un ordre du jour politique mal dressé, eu égard aux grands écarts constatés dans l'hégémonie tant du gouvernement que dans la sphère que l'on nous sommes de dénommer, sans crainte, le gotha des décideurs. En fait qui sont-ils ces décideurs ? Tout l'esprit social, dans le ciblage et la tentative d'identification de ces «personnes» semble être braqué vers des «gens» qui n'ont des attributions que comparables à celles des autres à des degrés divers dans la nature et l'importance. Un général n'octroie pas les décisions d'avantages fiscaux. Comme il ne peut statutairement attribuer des lots marginaux ni faire de la concession d'un édifice public ; une affaire familiale. Il ne pourra contrairement au président de la république nommer des walis ou des gardes champêtres avec cette différence dans le traitement amical observé chez un responsable et non chez l'autre. Il peut toutefois influencer alternativement de telles décisions. Est ce pour cela, que l'on puisse dire, selon le raisonnement factice procrée à bon escient dans le subconscient civil de la société ; que «les décideurs» sont inidentifiables ? La réalité est toute autre. Chacun dans son truc est décideur. «Chaque fauve dans son giron est vainqueur» (koul saïd fi ghabtou gatal) a-t-on entendu dire nos vieux. Encore ne faudrait-il pas s'interpeller pour savoir à quel moment précis cette notion de «décideurs» fut-elle inconsciemment greffée aux gens de l'armée ? Sont-ils de ce fait les seuls à pouvoir décider de tout ? Sachant que le parrainage existe un peu partout dans les rouages de l'Etat, l'on n'ose pas pour autant distinguer entre le parrain et les parrainés. Tout s'enchevêtre. Ainsi, il ne s'agit plus de force corporatiste plus qu'il ne s'agit de faiblesse dans la mise en place d'un circuit fluide de la prise de décision adéquate, opportune et es-qualité. Quant un wali se substitue à un architecte et décide de la conception d'une stèle commémorative, il ne reste à l'architecte qu'à abandonner sa tablette et s'inscrire comme futur député ou en attente d'une liste de politicards communaux. Le pays est certes géré d'une façon toute aussi coutumière, qu'il n'apparaît pas aux yeux d'autrui souffrir d'un discrédit politique interne. Le mal qu'emmagasine le plus souvent en silence la forte majorité n'aurait pu faire décider «l'opposition» à plus d'actes et de combat. Celle-ci se confinant dans un veuvage mal en point ou à la limite tend à marquer une présence oppositionnelle de façade à ne voir qu'aux circonstances électorales, n'avait pu hélas porter les aspirations de millions d'adhérents. Dire que l'opposition chez nous n'est qu'une excroissance naturelle du pouvoir. Elle survient à des moments opportuns. Dans un temps où le pouvoir manifeste un besoin, démocratie oblige ; de se faire valoir, ouvert, moderniste et garant des hautes prescriptions relatives aux droits de l'homme et du citoyen. Cette opposition tient à poinçonner son existence organique à l'aide de communiqués laconiques. Voir le Hamas développer longuement un réquisitoire contre les Etats-Unis dans leur offensive anti-irakienne, et s'abstenir de crier l'état de nos routes meurtrières, ou d'enquiquiner le pouvoir à propos des scandales liés à l'autoroute ou encore sur la situation léthargique du métro d'Alger. Cette année là, la loi de finances complémentaire malgré le climat économique délétère qui perdure sera une année encore remise à flot, par un gouvernement inapte à s'atteler un jour ou l'autre à désamorcer définitivement et sûrement cette nébuleuse crise que certains aillent jusqu'à la considérer, en termes de dévastation, comme étant une crise un peu spécifique. Le dialogue pour dénouer une grève qui ne finit pas, tant dans la santé, l'éducation qu'à la fonction publique n'est pas de la compromission. Il est l'expression civilisationnelle d'un comportement responsable. La concession est parfois une aubaine dans la satisfaction de revendications demeurées longtemps enfouies au risque de devenir des tabous inabordables. Rien ne s'efforce, rien ne s'impose de part et d'autre, tout se concerte et se converse. L'impasse a aussi des issues. Comme la concertation à ses outils. La sagesse idéale n'est-elle pas un moyen juste, légal et légitime pour aplatir tout obstacle ? La gestion des communes se confond avec la congélation de nombreux cadres. Ceux-ci , à chaque nouveauté dans la prise de rennes sont fin prêts pour faire office d'offrande sur l'autel du sacrifice pour raison d'harmonie et de confiance. Ils vont, ils reviennent au gré des accointances et des équilibres. L'entreprise publique se débat à son tour dans la gesticule des leaders syndicaux ou dans la frime de ministres connaissant mal le travailleur algérien. Nonobstant son appartenance pédagogique aux hautes instances financières de ce monde, un «élève» international qu'il soit ministre ou assimilé, ne pourra rendre docile la hargne nostalgique d'un chef dévoué aux attaques sériées et programmées dans le temps. La bipartite à trois dimensions s'apparente à un ticket d'accès aux gradins du système lorsque l'entrée commence à amasser des files et des files de prétendants. La course vers le vouloir du pouvoir. Au moment où l'on est incapable de privatiser les toilettes d'un petit aéroport ou sa cafète, l'on s'évertue à gros coups de gueule à s'aventurer à privatiser Sonatrach ou les eaux territoriales. Le spectre du scrutin ou le pré-vote qui chez les partisans ne se termine jamais aurait fait quant à lui le plein en ces années de mauvaise législature. La députation qui avait gangrené le RND en faisant noircir les listes présentées à la représentation populaire, n'a pas manqué d'entraîner les feux en tir croisé vers la personne du sieur Ouyahia. Les incendies carcéraux n'ont pu laisser sur son palmarès des traces ou des éclats d'obus à retardement tant il a remis par le biais d'un ministère rattaché au président, le tablier de sapeur à un autre qui sans tenir compte de la «reforme de la justice» penche à reformer les prisons d'abord. Il faudrait réfléchir en amont. Au FLN, c'est l'agonie après l'euphorie sans mesure et sans aura qui tient haut le pavé de toutes les élections. Les mairies ballottées n'ont pu par le truchement d'une circulaire échapper aux avatars du plus vieux. Le candidat le plus âgé. La compétence est-elle synonyme d'âge ? Ou la majorité est-elle l'expression d'une ancienneté dans les jours que vous offre la divinité ? Et le restant des voix qu'en fait-on ? De toute manière les deux élections (législatives et locales 2002 ou 2007) n'auraient pu à juste titre produire un déclic dans la tradition politique de l'exercice du mandat populaire. Des personnes d'horizon différent ont différencié l'homogénéité de la carte représentative. Pour certains partis, les candidats sont éternellement les mêmes, pour d'autres l'on est allé puiser dans l'anonymat et le quelconque. L'on ne serait finalement pas bien loti ni bien parti avec ces joutes. Le ridicule a remplacé le ridicule. La touche de la diversité se trouverait essentiellement dans l'absence d'engagement ou le défaut d'idéologie. Même les sénatoriales de fin d'année, n'ont pu faire que continuer le désarroi qui mine les rangs de chaque parti. L'unanimité est devenue une denrée politique rare. L'on fait dans le moins mauvais, le plus cool, le plus docile, le gentil, le bon père de famille et hop, voilà un bon renouvellement du tiers. Que dire du projet de société que prône dans les faits chaque formation politique ? Elles sont toutes d'accord pour un Etat républicain, une vraie démocratie, l'islam comme religion, l'alternance au pouvoir etc. tout semble ne pas les départager. Et pourtant aucun front des fronts supposés confédérer les idées, n'est venu fusionner la force précaire que ces formations s'éreintaient à nous faire démontrer. En cette année là, ni le lancement de ALSAT 1, ni la fatwa autorisant la greffe des organes ne se couronnent-ils de confirmer un brin d'avancement technologique ou cultuel à travers l'évolution de la société. Les émeutes continuelles ou la grogne piqueuse des syndicats libres ne feront certainement pas une belle affiche finale pour l'année. Comme le logement participatif, nouvelle formule après les toutes dernières (logement évolutif, clos et couvet, participatif, rural, social, promotionnel, etc. ) n'aura à dissoudre les commissions de distribution, les conseils des EPLF ou les compte-épargnes de la CNEP. Le bi-répetita gagnera également les douze mois à venir. Tout va se ressembler. Le salut n'est-il pas dans la table rase ? Du moins dans la vraie et authentique rupture que dis-je là ? Le jet de pavé dans l'intimité des relations algéro-égyptiennes est un jet d'opprobre à la mémoire de vaillants combattants. La révolution et ses martyrs ont fait tout à fait gratuitement les frais d'une obsession maniaque et politicienne douée d'une chronique aiguë due à la nostalgie de pouvoir par les Moubarak. Le mutisme officiel aurait fait une autre sorte de honte nationale. L'histoire dans toute sa dimension universelle s'est trouvée quelque part prise en otage de la part parfois de ceux-là même qui ont eu à la construire. Ailleurs que dans les faits annuels, il reste à constater que la tension, la crise et la convulsion qui font sursauter le corps social en entier, n'iraient pas s'appesantir outre mesure, si 2009 venait à voir des changements radicaux, ne serait-ce que dans le mode mental de la gestion ordinaire. Même l'éboueur du quartier ne fait bien son boulot que si l'on lui un offre un café chaud ou à défaut un petit sourire compatissant. L'hostilité est dans la rue comme le crime n'est pas exclusivement dans les monts. Le terrorisme est un autre mal majeur et essentiel dans l'éventualité de toute volonté de changer les choses. Il sera déterminant pour les politiques futures devant expédier tout l'avenir d'une nation. Rien ne prédispose la situation à connaître un semblant de transformation. Le mal est viral. Pas dans les hommes mais bel et bien ancré dans le système qui fait vivre ces hommes. 2009, aurait été un espace temporel fortement incrusté côté politique. Le manque perpétuel de changement gouvernemental, la défection partisane ; la zizanie du système, l'éternel limogeage de cadres, en dehors de l'élection présidentielle et ce qu'elle avait engendré comme tribulations dans tous ce qui en gravite autour comme presse, incarcération, intimidations, arrestation, suspension seront en fait de simples faits marquant ses annales. Mais en toute circonstance, le génie humain, la hargne de survie de l'Algérien et contre fer, sang et pleurs ; l'espoir reste une assurance quant à la perfection des choses et des êtres. Il vaudrait mieux espérer que de s'immoler. Nous aurions vu quand bien même passer une longue année, qui sans se différencier des autres, aurait au moins permis en fin de cycle de donner une grosse euphorie, un souffle après le 18 novembre à Khartoum. Là, l'Algérie était vraiment algérienne. La fierté d'y appartenir remplissait tout cœur. Pourvu que 2010, en Angola, puis en Afrique du sud, puisse maintenir ce rythme d'allégresse.