Construite en 1881-1882 par le service de la voirie départementale, sous les auspices de M. Clément Dréveton, maire de Nemours, conseiller général de la 22ème circonscription à l'époque de l'hôtel de ville de Tlemcen ou celui d'Oran, la vieille mairie de Ghazaouet a fait l'objet d'une étude récente pour sa démolition. Occupant tout un îlot et englobant à l'époque l'état civil, la justice de paix créée en 1874 et installée en 1882, le commissariat de police en 1887, les impôts et l'école de garçons, elle a de tout temps été un bijou en matière d'architecture haussmannienne, l'endroit le plus visité de la ville mais aussi un repère pour tous les habitants. Tout semble avoir été construit autour de cet édifice et toutes les activités, commerciales ou administratives, avaient comme point de départ la mairie de Ghazaouet. Cette idée de démolition de cette bâtisse est en train de titiller la fibre affective de quelques nostalgiques et amoureux de la belle architecture qui à l'époque battaient le pavé fièrement sur les rues propres de leur ville. «C'est un pan entier du patrimoine historique et architectural de la ville des Deux Frères qui disparaîtra avec la disparition de la vieille mairie», annoncent-ils. «Et si elle tombe en désuétude, à qui la faute ?», ajoutent-ils. C'est bien entendu la faute aux différentes assemblées populaires qui se sont succédé à la tête de la ville, sans penser, un tant soit peu, à la restaurer, indifférentes à son état de délabrement, préférant en construire une autre sans discernement, sans aucun cachet architectural, une véritable horreur, au lieu de dépenser cet argent pour la réhabiliter, comme ce fut le cas à Oran et Tlemcen. Il semble qu'à Ghazaouet, l'heure est à la démolition comme ce fut le cas pour la caserne des Douanes construite en 1862. Même si l'intérieur de cette bâtisse n'était plus viable, les fondations et les murs extérieurs auraient pu être sauvegardés et auraient donné un cachet à la bâtisse qui va la remplacer et contribuer ainsi au charme de la ville. On se demande aussi si l'on ne doit pas détruire tous les immeubles de l'avenue de la République (ex-rue Gambetta), construits eux aussi à la même époque et appartenant aujourd'hui à des privés qui ont été destinataires d'arrêtés de démolition ou de rénovation. «La bâtisse la plus délabrée et qui pourrait être détruite sans regret, serait la caserne construite en 1859, qui de belle qu'elle avait été en son temps, est devenue hideuse et regarde la ville de ses yeux aveugles. Puisque l'emplacement du souk hebdomadaire pose problème, ce serait l'endroit idéal pour l'installer, car bien entendu il ne viendrait à l'idée de personne d'y créer un grand jardin», enchaînera un autre nostalgique du bon vieux temps où l'on s'occupait bien du patrimoine en rappelant tout simplement ce qui est fait à Oran, concernant la réhabilitation du quartier espagnol, du vieil hôpital par des associations caritatives. «Pourquoi cela ne pourrait-il pas être fait chez nous ? C'est dans cette mairie que nous avons tous été inscrits et l'une des illustres figures de cette mairie a été feu monsieur Bezghoud qui connaissait l'état civil de chacun de nous». Mais un autre son de cloche se fait entendre depuis déjà quelque années, Ghazaouet ferait peut-être partie du nouveau découpage qui la propulserait au statut de wilaya déléguée. Mais est-ce pour autant un argument pour détruire tout ce qui est vieux. En tous les cas, les 7 familles qui habitent depuis toujours dans les locaux de la vieille mairie ont été sommées depuis plus de 20 jours de quitter les lieux afin d'entamer les travaux de démolition.