À l'arrêt depuis plus de quatorze ans, ce projet connaîtra une autre destination. L'association Belhaffaf-Ghazali accuse l'APC de détourner le projet de sa vocation initiale. “Il y a deux mois, nous avons rencontré le maire au sujet de la relance du projet. Ce dernier serait sur le point de changer d'objectif après avoir été conçu pour des logements au profit de 112 familles. C'est une grave décision. Personne n'a le droit de décider à la place de ces familles. Pour notre part, nous agirons avec tous les moyens légaux afin de reprendre nos droits spoliés.” C'est ainsi que s'est exprimé le président de l'association en question, M. Ahmed Djidda, qui s'est rendu à notre rédaction accompagné de deux membres. Cette réaction est venue justement suite aux déclarations du maire de Sidi M'hamed au sujet de ce dossier, affirmant que la décision de transformer le projet en utilité publique a été prise par le wali délégué de la circonscription administrative de Sidi M'hamed. Ce dernier aurait réagi ainsi en constatant que ce chantier, qui a démarré en 1989, était resté à l'arrêt depuis plus de quatorze ans. Dans sa requête, le président de l'association fait savoir que, contrairement aux allégations du P/APC, l'îlot Belhaffaf a fait l'objet d'une délibération n°07/89 du 18/01/89 approuvée par le wali le 20/05/1989 sous le n°1632. Pour le lancement des travaux de terrassement, l'APC a inscrit au budget primitif de l'exercice 1989 un crédit de 11 500 000 DA dans sa délibération de 1991 n°09/90. Pour l'inscription au budget supplémentaire, un crédit de 20 000 000 DA a été approuvé par le wali le 26/03/1991. Sur proposition de l'assemblée communale, l'Ofares a réalisé une étude sur le projet (voir correspondance du 10/04/1989). La liste des bénéficiaires a été établie par la commission adhoc composée de représentants de la wilaya, l'APC de Sidi M'hamed, l'Opgi et l'Eplf. L'arrêt des travaux n'est nullement la conséquence de l'irresponsabilité des prédécesseurs de l'actuel P/APC mais uniquement la cessation d'activité de l'entreprise Enri touchée par la crise des entreprises du bâtiment. Par ailleurs, ajoute la requête, l'actuel P/APC, lors de sa campagne électorale, a promis de relancer le projet en question. Ce dernier, pour échapper aux différentes lacunes enregistrées dans le traitement du dossier, fuit tout débat avec les membres de l'association en tenant une assemblée le 24/11/2004 à huis clos pour changer de destination au projet des 112 logements. “Nous constatons que le P/APC est en infraction en piétinant les textes en vigueur. En conséquence, nous, membres de l'association, réunis en assemblée générale le 27/11/2004, avons décidés de recourir à tous les moyens légaux jusqu'à rétablissement de nos droits”, conclut la requête. Côté APC, le maire précise d'emblée que la délibération dont il est fait référence n'existe même pas pour la bonne et simple raison qu'elle a été carrément rejetée par le wali d'Alger, justifiant cela par la priorité qu'il fallait donner aux nombreux sinistrés de la commune, d'une part, et, d'autre part, la liste des bénéficiaires n'indiquait pas le quota réservé aux employés de l'APC. De plus, la délibération du 16/01/1989 n'a jamais été présidée par le P/APC mais par un vice-président, constate le maire. Ce dernier explique également que les listes des bénéficiaires ne sont pas revêtues des signature et cachet de l'Opgi et l'APC. “La vérification de ces listes fait ressortir d'ailleurs des anomalies puisque certains bénéficiaires ne sont pas repris dans les différentes listes établies. Quant aux prétendues décisions signées par l'APC à l'époque du FIS ce ne sont que des préaffectations sans aucune garantie.” “Une escroquerie politique” Le P/APC rappelle que l'association Belhaffaf-Ghazali ne possède pas d'agrément officiel. “Pour preuve, elle continue depuis 1993 à activer avec un simple récépissé sans aucune demande de renouvellement. La dernière convocation à l'AG est une escroquerie politique. De quel droit ces personnes s'arrogent-elles pour tenir une assemblée non autorisée ? C'est une infraction à la loi. Ces gens veulent allumer les feux de la fitna”, dit-il. S'agissant de la décision de changer la destination du projet, il fera noter que cette dernière était collégiale. “C'est le conseil réuni en séance ouverte qui a voté à 12 contre 2 et un absent. Le conseil est souverain, et je dois rappeler qu'aucune séance n'a été tenue à huis clos. Il faut savoir que ce projet entre dans le cadre de l'aménagement global de la commune qui souffre du manque d'un centre des services. En tant qu'élus, notre souci est d'être à l'écoute des citoyens pour leur bien-être mais non dans des projets fictifs.” En matière de logement, d'autres solutions, plus adéquates et réalistes, ont été trouvées pour soulager la population de Sidi M'hamed, confie le maire en parlant des 170 logements à Douéra et 118 autres à Dar El-Beïda. “La préoccupation majeure de l'APC est de travailler dans la transparence totale. Les dossiers qui ne sont pas élaborés dans la clarté, comme c'est le cas du projet Belhaffaf, ne nous intéressent pas”, observe-t-il. A. F.