L'errance d'dipe, fils de Jocaste et de Laïos, roi de Thèbes, avait beaucoup inspiré des conteurs et autres bardes foisonnant depuis toujours tout autour de la Méditerranée, berceau des civilisations et religions monothéistes. Alors que son complexe mis en évidence au 20 é siècle par le célèbre psychanalyste Sigmund Freud, il constitue un axe de prospection susceptible d'éclairer le chemin menant vers la recherche identitaire, aujourd'hui en vogue dans certains pays de «l'ancienne Europe». Il permettrait, également, la mise en évidence des traits psychosociaux spécifiques aux sociétés maghrébines ainsi ancrées sur l'état d'esprit matrilinéaire régissant la vie familiale et, à partir de là, sur celui de l'ensemble méditerranéen. Ce qui nous incitent, de par les observations effectuées au sein des strates sociales de proximité, de mettre en relief d'une manière succincte les frustrations psychiques s'apparentant au complexe d'dipe voire en extrapoler d'autres liés aux pouvoirs dominateurs, tels que pratiqués dans les pays psychologiquement déstructurés, car polarisés par la folie des grandeurs pour les uns, de mirages pour les autres. La célèbre devinette du Sphinx, sondant l'intelligence d'dipe le voyageur errant, constitue un formidable test lié à la décrépitude graduelle de la nature humaine obnubilée constamment sur son avenir terrestre. Cette énigme, assez connue, est la suivante : Quelle créature possède quatre pattes le matin, deux à midi et trois le soir ? Ainsi, le cycle de vie des êtres humains, à un moment donné, il nécessite le ressourcement afin d'accomplir le trajet sans épreuves périlleuses, ni illusions ne menant nulle part, sinon aux déboires. Par conséquent, il est utile d'éviter les longs parcours entrepris à un age avancé. dipe, quant à lui, continuait son errance identitaire, dans le regret et la souffrance morale, d'autant plus qu'il était devenu aveugle et grabataire à la fin de sa vie. Un naufrage pathétique ! LE COMPLEXE D'DIPE, UNE FRUSTRATION DE JEUNESSE EN MAL IDENTITAIRE ET DE PERSONNALITE Et, particulièrement, les frustrations vécues dans l'adolescence. L'âge de la vulnérabilité, de la recherche identitaire et instabilités existentielles. En fait, la période propice au dédoublement de la personnalité. Une abominable souffrance au tréfonds du caractère de l'individu confondant mythe et réalité. Ainsi, dipe fut la victime expiatoire, de par son dit complexe défini à l'attirance maladive pour la mère, symbolisant le réel pouvoir familial, et une aversion redoutable voire psycho-maniaco-agressif à l'encontre du père représentant, quant à lui, celui considéré comme dépaysant, passager, inconsistant et fuyant. Donc, devant cet insaisissable père, l'aîné des garçons se forge dans son imaginaire une autre représentation paternelle souvent cristallisée autour d'une forte personnalité politique, artistique, footballistique , laquelle est détestée à son tour lorsqu'elle ne remplit plus le rôle de parrain, d'exemple à suivre, de tuteur protecteur, de vedette, de machines à sou à l'exemple de la Sonatrach, entre autres sanctuaires oedipiens, que la presse rapporte en grandes manchettes et le plus souvent en petites pour certains médias en laisse comme une mère le fait pour le fils à maman. Silence, silence s'il vous plait ! On «joue» au football. Quelle aubaine ! La tragique saga d'dipe est une fatidique altération des relations avec la mère, d'une part et, d'autre part, une envie psychique irrésistible de vouloir éliminer le père autour duquel les frustrations se cristallisent et, de ce fait, l'aîné des fils se retrouve ainsi coincé, malgré lui, par la tentation criminogène. Comme ce fut le cas, dés le début de l'Humanité et pour d'autres considérations, du dramatique fratricide exécuté par Caïn sur son frère cadet Abel. dipe, quant à lui, a fait aussi bien le parricide que l'inceste sans le savoir semble-t-il. D'après la légende, il en est devenu aveugle à la fin de sa vie et tellement abattu, atone, voire détraqué. C'est donc un amour fou pour la maman, jusqu'a s'automutiler et qu'il implorait le ciel pour le débarrasser de cette sujétion étouffante. De nos jours, peu de personnes, atteintes par ce mal terrible, parviennent à s'en dégager complètement. A l'image de la lutte difficile contre la corruption, que le Président de la République semble toutefois déterminé cette fois-ci de la mener d'une façon radicale et implacable, et ce, au vu de sa dernière circulaire à ce sujet. Bien que cette lutte semble disproportionnée, au vu de la complexité du phénomène, il y'a de l'espoir dans l'air. Espérons le, sans réserve, car c'est le plus match depuis l'indépendance ! LE COMPLEXE D'DIPE FACE AUX COMPLICATIONS EXISTENTIELLES D'HIER ET DE CELLES D'AUJOURDHUI Nous citons quelques exemples représentatifs, et ce, dans le sillage de l'imaginaire voyage d'dipe au Maghreb, tout proche de la Grèce d'où sont issues quelques tribus, ayant migré en Afrique du nord, fortement influencée donc, initialement, par la civilisation gréco-romaine dans son ensemble et notamment dans le domaine des croyances mythologiques, liées au genre féminin, lesquelles avaient rayonnées sur tout le pourtour du bassin méditerranéen. En Tunisie, les Carthaginois avaient fondé la «ville de gena» du nom de leur reine venue d'Orient, et qu'ils avaient institués les premiers comptoirs commerciaux sur tout le pourtour de la mer bleue. Actuellement, la femme tunisienne détient un rôle prépondérant à tous les niveaux de la société. A ce sujet, le défunt président Habib Bourguiba - 1903.2000 - le maître de Carthage, fut le précurseur, à l'échelle du Maghreb voire du monde arabo-musulman, de l'émancipation de la femme. Il avait osé faire ôter le voile publiquement, devant la télévision, à un certain nombre de tunisiennes enveloppées dans de beaux draps. Un geste fondateur et émancipateur en même temps. Le défunt Président avait pleuré en public, tout en se rappelant de sa mère. Il disait : «j'aurais bien voulu honorer ma mère voyant la condition actuelle de la femme tunisienne, et ma situation en tant que guide suprême de la Tunisie». Cela dit, il n'était nullement dénué de malices opportunistes. A ce propos, le Général De Gaule, qui le recevait à l'Elysée fut sidéré par la jovialité du Président tunisien. Ce dernier, pour impressionner son vis-à-vis, lui dit : «Savez-vous, Monsieur le président, que lorsque j'étudiais le Droit à Paris, j'étais un acteur dans un théâtre de la Comédie-Française ?» Le Général aurait, d'après des indiscrétions diplomatiques, répondu : «Vous l'êtes toujours, Monsieur le Président». On était à la veille des brouilles entre les deux pays, a cause de la présence militaire française dans Bizerte : De Ben Zareth, cela veut dire littéralement fils de la visiteuse. En Algérie, d'innombrables exemples ont jalonné le processus émancipateur du genre féminin lequel, à son tour, a engendré d'énergiques résistantes et résistants aux colonialismes sous toutes ses formes. De la Kahéna, reine des Amazigh, à la noble Fatma Nsoumer l'héroïne vertueuse du Djurdjura, jusqu'aux épervières novembristes ainsi qualifiées par l'ex Président français François Mitterrand. Tout juste après l'indépendance, des valeureux combattants qui avaient libéré le pays du joug colonial, ils n'ont pas pu s'affranchirent des emprises de leurs mères exagérément possessives; soit ils sont tombés dans les nasses d'épouses non moins enveloppantes profitant ainsi du dur «labeur» préparatoire des mères. A titre d'exemple, parmi d'autres qu'on a eu l'occasion d'observer au réel ; un jeune combattant, fils unique, rentré des frontières de l'est du pays, ne pouvant pas concilier sa jeune épouse cousine de surcroît, avec sa maman ; alors il met fin à ses jours par le fusil de son père ! D'autres ont carrément décliné le mariage, sinon ils l'ont fait tardivement pour d'autres motifs et objectifs qui leur sont propres, pour ne pas froisser leurs génitrices parfois confondues, à tort ou à raison, à la mère patrie comme figurée plus haut. Aujourd'hui, des femmes excellent dans plusieurs métiers. A titre d'illustration, une Général d'armée ainsi que d'autres hautes gradées accomplissent avec abnégation leurs missions dans les différents corps constitués. La dite dame première officière supérieure du genre, décorée par le président de la République, médecin spécialiste dans le secteur de la santé militaire, avait refusée une promotion de fonction administrative afin qu'elle puisse continuer d'exercer dans le domaine purement scientifique. Coup de chapeau, Madame. Le Maroc, quant à lui, vient tout juste d'ouvrir les deux portes de la liberté, tous azimuts, afin de permettre aux femmes marocaines, notamment les jeunes, assoiffées d'émancipations tous azimuts, pour qu'elles puissent aller vers un plus non pas seulement de modernisme des comportements et moeurs mais, également, de les faire participer intensément à la production des richesses notamment agricoles qui, il faut le reconnaître, réalisent déjà des merveilles de ce coté-là. Au Maroc et ailleurs. Ces prouesses, sont issues de l'exemplaire polyvalence domestique aussi bien au plan interne et, ouverte, à celui externe, notamment touristique et artisanal à l'image des tunisiennes, que la femme marocaine, notamment rurale, multiplie admirablement dans l'ensemble des terroirs ainsi valorisés. Un dynamisme et un savoir-faire culturel que la femme algérienne rurale devrait jalouser. Cependant, dans son ensemble, la société marocaine rencontre d'autres blocages, non encore franchis pour le moment D'un autre angle de vue, nous invoquons le sort tragique de Boabdil - Mohamed XI 1482.1492 - le prince de Grenade en Andalousie, suite à la prise de sa principauté par les troupes de Ferdinand V. Il avait à peine 30 ans. En route vers l'exil au Maroc, et sans égards de la part de sa mère qui lui dit cette célèbre remontrance accablante voire destructrice : «Pleure comme une femme, ce royaume hérité de ton père que tu n'as pas su sauvegarder comme un homme». Des paroles, humiliantes et intensément complexant, proférées par sa mère elle-même déboussolée par tant de déceptions et de malheurs. D'autres Boabdil les traînent pendant toute leur longue vie. C'est pire que de mourir ! Ceci pour dire que l'ambition des mères poules, obnubilées par l'accession à n'importe quel pouvoir par le biais de sa progéniture male, notamment quand elles vont se rappeler, par différentes manières suggestives, les bassesses et faiblesses du père qui n'avait pas su convoiter le pouvoir de l'argent ou celui lié à la gouvernance politique prolongement et finalité en même temps du précèdent. C'est à ce titre, justement, qu'elles interviennent pour enfoncer encore le clou défini au complexe Oedipien. Parfois jusqu'au bout. C'est-à-dire jusqu'au meurtre, y compris parfois de la mère, suivi dans la plupart des cas par le suicide dudit meurtrier ! De nos jours, les journaux en rapportent des malheurs édifiants, à ce sujet, dans leurs colonnes notamment dans celles de la presse en langue nationale. Parfois, dans le détail et sans états d'âme. En revanche, d'autres événements non moins bouleversants maintenus, cependant, dans l'omerta absolue, effectués de la part de gens pourtant bien nés et nantis de surcroît, et que la presse aux ordres les à sciemment occultés pour ne pas froisser les promoteurs et maîtres à penser de telles ignominies. A l'image de la corruption qui fait rage, ces dernières années, au niveau du gotha algérien. Pourquoi cette sélectivité communicationnelle, liée au sensationnel débridé, de la part de la presse ? Terrible et mystérieuse devinette du Sphinx à l'adresse d'dipe le maghrébin dupé par le mensonge conjugué aux maladresses aussi bien de la part des mères, pourtant socle de la stabilité familiale, que des pères identifiés aux pouvoirs ambulatoires d'humeurs et foncièrement excentriques de caractères. Le tout, à cause des vanités, désinvoltures et divagations de faiseurs d'opinions, d'éducateurs et éducatrices qui, dans la pratique, n'ont que le nom et non la qualification. Pas plus que le nom ! (1) (1) Lors de la guerre avec Israël, en 1967, nombre d'Algériens ont affirmé que le char «national» n'avait pas de mécanisme de marche arrière ( ?) Alors que celui Egyptien il reculait aisément. L'issue de cette bataille fut désastreuse et frustrante pour plusieurs générations de nationalistes panarabes imbus du Antarisme et d'héroïsme de façade. Au fait, pourquoi n'inventons nous pas ce genre de Char contre la corruption ?? Dans les années 1970, un enseignant de mon patelin sorti d'une école zaouiste, toujours vivant, avait dit que Shakespeare n'est que l'altération du prénom en arabe de Cheikh El Béchir et, donc, qu'il est bel et bien de chez nous ce Shakespeare. Un complexe d'appartenance. Un ministre algérien du culte, disparu dans les années 1980, connu pour ses conférences déroutantes, avait affirmé lors d'une rencontre sur l'histoire de la région du Hodna, que la tribu berbère des Barzel - du nom d'une femme selon ses dires - habitante aux monts nord du Hodna, était à l'origine de la création de Brasilia capitale du Brésil. ! Drôle et confuse est cette époque de toutes les élucubrations, inhibitions, complexes d'identité, fantasmagories, et des réalités amères.