Les propos du Premier ministre, Ahmed Ouyahia accusant les syndicalistes d'avoir politisé la grève de l'Education, étaient selon le CNAPEST «inacceptables». Le chargé de la communication du CNAPEST, Messaoud Boudiba, s'est dit déçu d'entendre le Premier ministre parler «d'ennemis intérieurs» et «d'ennemis extérieurs» en évoquant en même temps la grève des enseignants. Pour Boudiba, «c'est clair le ministre a voulu à travers ces propos justifier l'échec de son gouvernement dans le dialogue social». Le porte-parole du CNAPSET a rappelé que son syndicat existe depuis 2003, et qu'il avait entamé des grèves depuis cette date, dans le cadre du respect total des lois de la République. «Nous n'avons jamais engagé un débrayage sans dépôt de préavis de grève, ou sans consulter la base ou sans donner un ultimatum à notre tutelle, pour éviter les grèves», dit-il. Et de préciser : «ce ne sont pas les mains étrangères ou internes qui nous ont manipulé pour entamer une grève de longue durée, mais c'est l'attitude d'indifférence à l'égard de notre mouvement et la non satisfaction de nos revendications qui nous ont poussés à un débrayage qui a duré deux mois». Le porte-parole du CNAPEST répond à Ouyahia en soulignant que les enseignants et son syndicat sont algériens et ils sont pour l'intérêt de l'Algérie et des enfants de l'Algérie. Pour sa part, le secrétaire général du SNAPEST, Meriane Meziane a affirmé que son syndicat a respecté durant les mouvements de protestation précédents les procédures légales qui régissent le droit des syndicats à la grève. Et de souligner : «les jugements du Premier ministre n'engagent que sa propre personne». «Le gouvernement d'Ahmed Ouyahia avait tout le temps pour promulguer le régime indemnitaire, sachant que la grille de salaires des enseignants a été promulguée en 2008. Il aurait pu éviter cette situation de crise», ajoute notre interlocuteur. Notre interlocuteur prévient les syndicats autonomes : «il faut prendre au sérieux les menaces du Premier ministre». Meriane Meziane regrette par ailleurs le fait que les pouvoirs publics continuent de tourner le dos aux syndicats autonomes de la Santé. «Si le gouvernement cherche la paix sociale, il doit répondre aux doléances des citoyens algériens, c'est aussi simple que ça !». Le porte-parole de l'UNPEF, Amraoui Said, a tenté de démontrer que son mouvement est apolitique. «Nos revendications sont transparentes, claires et nettes», a-t-il indiqué. Et de préciser que les syndicats qui étaient en grève n'ont pas demandé le départ du ministre de tutelle, ni du Premier ministre. «Nos revendications ont concerné l'augmentation des primes pédagogiques et de rendements. Nous n'avons eu de légère majoration, mais nous n'avons pas eu de réponse sur les nouvelles primes revendiquées jusqu'à nos jours». Bien qu'il ait gelé le mouvement de grève, l'UNPEF demande toujours à la tutelle et au Premier ministre de prendre en charge les dossiers liés aux œuvres sociales et la médecine du travail. Le porte-parole de l'UNPEF a tenu à préciser que l'UNPEF et le reste des syndicats autonomes ne sont pas contre la politique d'Ouyahia, ou contre un tel ou tel parti politique, mais ils sont tout simplement «contre la pauvreté». Pour eux le scénario est habituel «chaque fois que les pouvoirs publics échouent dans le dialogue social, ils privilégient le recours à la justice et ils accusent les syndicats d'être des manipulateurs».