Les scandales liés à la pédophilie qui éclaboussent l'Eglise catholique dans plusieurs pays occidentaux ne semblent pas émouvoir le pape Benoît XVI. Après de simples excuses, il laisse croire à une croisade contre le Vatican. L'Eglise catholique dans la bourrasque. Depuis quelques mois, curés, évêques, archevêques sont accusés de pédophilie. En Irlande, France, Angleterre, Allemagne, USA, Autriche et jusqu'au plus haut sommet de la hiérarchie de l'Eglise, le Saint Siège, le scandale et la honte éclaboussent les hommes de Dieu. Au pape Benoît XVI il lui est reproché d'avoir couvert (protégé) ces clercs et ministres, alors qu'il était archevêque, puis directeur de cabinet du précédent pape Jean-Paul II. Alors que l'émotion chez les chrétiens (et chez les autres croyances) est grande, le prédicateur du Vatican, le père Raniero Cantalamessa, n'a pas trouvé mieux comme explications et excuses que de comparer la colère légitime des victimes de pédophilie à une campagne antisémite. Du coup, colère et levée de boucliers chez les organisations juives qui qualifient les propos du père Raniero d'irresponsables, scandaleux et honteux. «Une insulte aux victimes des pédophiles de l'Eglise et aux victimes de la Shoah», a déclaré Stéphane Kramer, le SG du Conseil central des juifs d'Allemagne. D'autres responsables juifs ont été plus durs dans la dénonciation des propos du prédicateur du Vatican. Le pape, lui, tente de minimiser la gravité du scandale et pense que c'est une campagne orchestrée par des milieux hostiles à l'Eglise. Mais, le pape Benoît XVI n'est pas à sa première offense, pour ne pas dire provocation aux deux autres religions du Livre : le judaïsme et l'islam. Voilà deux ans, il a qualifié l'islam de religion de violences et de haine. L'année dernière, il a exclu toute accusation de consentement du pape Pie XII au régime nazi d'Hitler, poussant l'audace jusqu'à proposer sa béatification. Pour taire les demandes des organisations juives sur les vérités de la collaboration de Pie XII au régime nazi, il a joué sur l'émotion de la foi en déclarant dans un discours «historique» que le christianisme et le judaïsme sont proches et ont en commun une essence et une doctrine communes. Pas un mot en direction des musulmans. Comme si l'islam est sorti du néant, alors même que les prophètes Moïse et Jésus ont annoncé (la Bible) l'arrivée du prophète Mohammed, et que ce dernier n'a cessé de répéter (Coran) qu'il est le continuateur des messages de Moïse et Jésus. Etonnant pour le premier responsable de l'Eglise catholique qui appelle au dialogue des religions en « isolant» l'islam des religions du Livre. Le propos n'est pas d'amalgamer les millions de chrétiens à travers le monde ou de stigmatiser l'immense majorité des serviteurs de l'Eglise. Il s'agit de faire la part des choses et de reconnaître, qu'à la différence de son prédécesseur Jean-Paul II qui a multiplié les appels au dialogue œcuménique (interreligieux), Benoît XVI fait dans la différence et l'affrontement des religions du Livre. Et jusqu'à ce scandale qui arrive par certains hommes de l'Eglise, le pape donne à croire qu'il n'est pas si grave que ça et qu'il compatit à la repentance des accusés. « Dieu leur pardonnera, pour peu que les prêtres pédophiles avouent leurs péchés», laisse-t-il entendre. Les victimes, elles aussi, retrouveront leur dignité auprès de Dieu selon lui. De deux choses l'une, ou ce pape n'a ni les capacités, ni les compétences et encore moins la dimension requises pour diriger l'Eglise catholique en ces temps modernes, ou c'est un « illuminé» qui est coincé dans une lecture et une interprétation du christianisme comme unique religion révélée par Dieu aux hommes. En somme, un intégriste du christianisme, comme les intégristes des deux autres religions du Livre que sont le judaïsme et l'islam. Dans les deux cas, il constitue un danger en ces temps de crises multiples (économique, religieuse, identitaire ) que vit le monde. Et bien des drames de l'humanité ont commencé par des desseins proclamés au nom de Dieu. Et un prêtre est un être humain avec ses faiblesses, il peut se laisser tenter par bien de péchés, y compris celui de la pédophilie. Dans ce cas, il doit affronter la justice (des hommes) et ne pas se disculper (ou justifier) ses actes en invoquant Dieu.