A mi-chemin entre Misserghine et Es-Senia, plus de 5.000 habitants vivent toujours en marge du développement,pour ne pas dire de la civilisation. Haï El Wiam (ex-El Gsab), qui dépend administrativement de la commune de Misserghine, fait partie de ces localités qui ont poussé comme des champignons à la périphérie de l'agglomération, sans jamais avoir un statut. Lotissement, quartier ou localité, cela importe peu. Pour les habitants cela fait plus de vingt ans qu'ils endurent un calvaire au quotidien. Devant ce ras-le-bol généralisé, les habitants avaient organisé, il y a une quinzaine de jours, un sit-in de protestation devant la daïra de Boutlelis et l'APC de Misserghine, pour inciter les responsables censés veiller sur le bien-être des administrés à mettre un terme au laxisme et à l'attentisme. «Le sit-in pouvait à tout moment dégénérer, car les jeunes n'arrivent plus à supporter les conditions de vie désastreuses dans le quartier. Il a fallu l'intervention des sages pour apaiser la tension, mais cela ne pourra pas durer éternellement», assure le président de l'association du quartier «Tarik Essalama», M. Bouhali. Une colère légitime, si on s'attarde à énumérer une liste noire de problèmes qui ont fini par user les plus téméraires. A Haï El Wiam, 20 ans après, les habitants ne doivent compter que sur la résistance de leurs fosses septiques pour l'évacuation des eaux usées. Malheureusement, la majeure partie de ces fosses ont fini par céder et débordent à chaque coin de rue. Odeurs nauséabondes, prolifération de rongeurs et de moustiques, risque omniprésent de maladies, tel est le lot quotidien de ceux qui ont choisi de s'installer à Haï El Gsab. «Il y a un grand risque de cross-connexion, car toutes les fosses ont fini par céder. Lorsque l'on sait qu'une bonne partie de la canalisation d'AEP est défectueuse, et qu'elle passe à proximité de ces fosses, imaginez un peu le résultat», indique M. Bouhali, qui affirme que les autorités des services concernés ont été à maintes fois interpellées sans que la situation change d'un iota. Outre les eaux usées, les habitants doivent aussi faire face au manque d'éclairage public et au manque criant d'infrastructures sanitaires, sportives ou de loisirs. Hormis peut-être l'unique salle de soins, qui n'ouvre ses portes que deux fois par semaine, et un bureau de poste, rien n'a changé dans ce quartier qui peine à sortir de sa léthargie. Le débordement des eaux usées a aussi fini par user ce qui restait de la voirie. A l'intérieur du quartier, toutes les voies et ruelles se sont transformées en bourbier. «Les responsables nous ont affirmé qu'une importante somme a été débloquée pour l'assainissement, mais l'étude du projet lancée depuis 2009 n'a toujours pas été achevée. Nous attendons toujours que cette fameuse étude soit achevée», indiquent les membres de l'association. Ironie du sort, assurent-il, les rejets de Misserghine se font à proximité du quartier au niveau de la Sebkha, alors que les habitants attendent toujours que leur quartier soit relié au réseau d'assainissement. Pour conclure, un appel a été lancé directement au wali pour intervenir personnellement et inciter les responsables concernés à se déplacer sur site et écouter les doléances des citoyens.