L'euro baisse face au dollar. La facture des importations algériennes de la zone pourrait s'alléger. Le marché parallèle des changes reste, cependant, insensible à ces mouvements. L'euro continue à se vendre 127 dinars. C'est l'économiste en chef de la première banque allemande, Deutsche Bank, qui annonce la bonne nouvelle : l'euro va continuer à s'affaiblir. Une parité euro-dollar est même évoquée. «Je pense que nous allons bientôt voir (l'euro) à 1,20 dollar et une poursuite du recul vers la parité avec le dollar est absolument possible», a estimé Thomas Mayer, dans le quotidien «Bild am Sonntag» (BamS). Habitués depuis des années à un dollar faible et à un euro fort, les acteurs de l'économie algérienne ont de quoi se réjouir. Surtout si la faiblesse de l'euro est durable. C'est que la réorientation du commerce extérieur algérien vers la zone dollar, évoquée ces dernières années, est restée au stade du vœu pieux. Il y a eu une petite tendance des importateurs à aller vers des produits libellés en dollars mais cela n'a pas changé les choses de manière significative. L'Algérie continue toujours à exporter -des hydrocarbures- en dollars et à importer, presque tout, en euros. Le commerce extérieur du pays se fait dans une proportion de 2/3 avec la zone euro. L'appréciation de l'euro par rapport au dollar -1euro pour 1,5 $ à la mi-2007- fait renchérir nos importations. Situation «idéale» Des spécialistes ont estimé que pour retrouver le pouvoir d'achat du pétrole à 40 dollars de 1980, il faudrait que le baril soit vendu aujourd'hui, à plus de 100 dollars. Il est, en outre, difficile pour une économie -qui ne brille pas par sa souplesse- de changer de fournisseur en peu de temps. L'actuelle dépréciation de l'euro face au dollar est donc une situation «idéale» d'autant plus que les cours du pétrole restent dans la bonne fourchette des 75-80 dollars. Reste la question-clé: la faiblesse de l'euro est-elle durable ou passagère ? Nul ne se hasarde à donner une réponse catégorique alors que la crise qui emporte la Grèce pourrait s'étendre à d'autres pays européens. Les importateurs algériens auraient tendance à souhaiter que cette faiblesse soit durable, mais les «espérances» du Sud ne constituent pas un facteur économique. S'il est clair qu'un euro faible arrange l'économie algérienne, il comporte le risque de rendre la zone euro encore plus attractive et de mettre fin aux petits efforts de diversification. En théorie, l'euro fort de ces dernières années -et donc des produits achetés en Europe- aurait dû être dissuasif pour les importations et stimuler une production locale. Cela n'a pas été le cas, le préalable d'une politique économique publique volontariste d'incitation à la substitution des importations, n'étant pas réalisé. Il est difficile de voir dans l'imposition du Credoc, une politique de substitution des importations. Il est également remarquable de noter que la baisse de l'euro n'a aucune incidence sur son cours sur le marché parallèle mais réel de Port Saïd. La mauvaise monnaie chasse la bonne Hier, l'euro continuait à s'acheter à 126 DA et à se vendre 127 alors qu'au niveau des banques, il s'achetait à 94,33 DA et se vendait à 100,12 DA. Les prix sur le marché noir - aux traditionnels acheteurs algériens se serait ajoutée une clientèle chinoise importante - restent déconnectés de l'extérieur. La demande en devises reste plus forte que l'offre. «La mauvaise monnaie chasse la bonne». La fameuse loi de Gresham- quand il y a deux monnaies en circulation, les acteurs de l'économie ont tendance à thésauriser la «bonne monnaie» et à utiliser la mauvaise- se vérifie sur notre marché parallèle. «Port Saïd est un «agent froid» qui examine la réalité, ses structures fondamentales et fixe les prix en fonction de cela. Pour longtemps, Port Saïd jouera contre le dinar que l'euro baisse ou que le dollar baisse», explique un spécialiste.