La fin de l'apartheid en Afrique du Sud et l'arrivée au pouvoir dans ce pays de l'ANC de Nelson Mandela, dont l'Algérie a soutenu avec détermination le combat libérateur, ont ouvert entre les deux pays l'ère d'une coopération et d'un partenariat qui se veulent stratégiques. Les premiers jalons de ce type de relations ont été posés du temps où le charismatique Mandela a présidé aux destinées de la République sud-africaine. Mais il revient à son successeur, Thomas Mbeke, et au président Abdelaziz Bouteflika d'avoir impulsé l'élan qui a permis aux deux pays de nouer entre eux un partenariat multiforme significatif, même si, de l'aveu des deux parties, il est encore en deçà des potentialités sur lesquelles il pourrait s'appuyer pour s'élargir. C'est de cela en tout cas qu'il va s'agir au cours des travaux de la 5e session de la Haute Commission binationale de coopération algéro-sud-africaine qui s'ouvriront aujourd'hui à Alger. Pour la circonstance, le successeur de Thomas Mbeke effectue sa première visite officielle en Algérie. Des groupes techniques consacrés à la prospection d'opportunités d'affaires à réaliser entre les deux pays, notamment dans les secteurs de la science et des technologies, de l'industrie, de la défense, du tourisme et de l'agriculture, ont préalablement balisé le terrain aux décisions que cette commission aura à ratifier sous la présidence des chefs d'Etat des deux pays. Rien ne s'oppose à la densification de la coopération et du partenariat algéro-sud-africain, si ce n'est que les acteurs, dont c'est le rôle de la concrétiser, pèchent par méconnaissance des possibilités qu'ils peuvent exploiter les uns et les autres. C'est ainsi par exemple que les Sud-Africains sont certes déjà présents en Algérie dans plusieurs projets d'investissement dans le secteur des mines notamment, mais encore timidement en d'autres où ils pourraient aisément contribuer. La pénétration algérienne du marché sud-africain est quant à elle anecdotique, du fait que nos opérateurs économiques n'ont pas le regard tourné dans cette direction. Sur le continent africain, l'Algérie et l'Afrique du Sud, qui sont en convergence politique, sont en capacité d'instaurer entre elles une coopération Sud-Sud exemplaire. L'axe Alger-Pretoria qui s'est constitué, pour notamment initier le NEPAD, doit prêcher par l'exemple au plan des relations bilatérales s'il veut que se fédèrent à lui d'autres pays du continent. Il ne lui suffit pas en effet de l'excellence des rapports politiques qui existent entre l'Algérie et l'Afrique du Sud pour prétendre au leadership continental. Celui-ci se joue également à travers l'attractivité que les deux pays pourront exercer en établissant entre eux de consistants échanges commerciaux et un partenariat économique et industriel qui en feraient des pôles vers lesquels les autres pays africains seraient susceptibles d'adhérer. C'est de l'approfondissement de cette stratégie qu'il serait question dans les entretiens qu'auront à Alger les présidents Bouteflika et Jacob Zuma, qui ne manqueront pas à l'occasion de dissiper la brume provoquée sur les relations algéro-sud- africaines par la question de l'entrée contrariée du géant sud-africain des télécoms, MTN, sur le marché algérien, une entrée que les autorités algériennes n'excluent pas mais pas par le mode que Orascom Télécom aurait voulu.