Le président Abdelaziz Bouteflika sera présent au 25ème sommet France-Afrique qui s'ouvre lundi à Nice. Ce n'est qu'hier en fin d'après-midi qu'un communiqué de la présidence annonçait la participation du chef de l'Etat. La nouvelle du voyage de Bouteflika à Nice avait été confirmée du côté de la présidence française, dès vendredi. L'Agence France Presse a cité, sans la nommer, une source à l'Elysée qui déclare que la « présence de M. Bouteflika est confirmée ». La même source indique qu'il « n'est pas prévu à ce stade d'entretien bilatéral mais il est évident que les deux présidents se verront et se parleront ». Ce n'est pas la première fois que le président Abdelaziz Bouteflika participe à un sommet qui réunit la France avec les Etats africains. En ce domaine, il est le seul parmi les présidents algériens à avoir sauté le pas. Il a déjà participé en 2001 au sommet France-Afrique dans ce qui avait été considéré comme un précédent. Abdelaziz Bouteflika a également participé au sommet de la Francophonie, rompant avec la traditionnelle réserve de l'Etat algérien à l'égard de l'organisation. Son choix de participer au sommet France-Afrique de Nice, coprésidé par Nicolas Sarkozy et Hosni Moubarak, pourrait être lu simplement comme une sorte d'occasion diplomatique routinière de rencontrer des homologues et de marquer sa présence. Cette lecture aurait parfaitement prévalu si le sommet s'était déroulé, comme prévu initialement, à Charm El-Cheikh avant d'être «délocalisé» par Paris qui ne voulait pas de la présence du président soudanais Omar El Bachir. Elle paraît difficile à faire prévaloir dès lors que le sommet se déroule en territoire français et dans un contexte marqué, depuis des mois, par une forte crispation dans les rapports politiques. Même si le sommet France-Afrique est une rencontre multilatérale, les observateurs ne manqueront pas de s'interroger sur les motivations de la participation du chef de l'Etat algérien à une manifestation en France. C'est qu'il est difficile de feindre d'ignorer qu'une visite officielle du président Abdelaziz Bouteflika, prévue dans le courant de l'année 2009, n'a pu avoir lieu. Et que des visites à Alger prévues ou souhaitées par des ministres français, dont Bernard Kouchner, n'ont pu avoir lieu. Une relation en dents de scie Les dossiers politiques bilatéraux ou régionaux sont des sources de divergences qui se greffent sur les questions mémorielles. A la loi du 23 février glorifiant le colonialisme a répondu une proposition de loi criminalisant le colonialisme que le gouvernement algérien ne semble pas prêt à endosser. L'un des derniers motifs de tension a été le classement de l'Algérie dans une liste de «pays à risque». Dans cette relation en dents de scie, les relations économiques qui sont importantes n'ont pas été affectées. Quelle que soit la météo des relations politiques, celles des affaires ont toujours fonctionné à plein rendement. Mais l'introduction de mesures de cadrage des importations dans la loi de finances complémentaire 2009 a, pour la première fois, suscité des réactions françaises inquiètes ou critiques qui ont été jugées inadmissible à Alger. Si les inquiétudes des opérateurs français, marseillais notamment, pouvaient à la limite être compréhensibles, Alger n'a pas admis que le vice-ministre français du Commerce, Hervé Novelli, porte un jugement sur la loi de finances algérienne devant les députés français. Depuis, le travail de l'ambassadeur français et des visites patronales ont convaincu les entreprises françaises qu'il est plus simple de s'adapter. La présence d'Abdelaziz Bouteflika à Nice ne va pas être l'occasion d'annonces spectaculaires. Tout au plus, elle permettra aux deux chefs d'Etat de reprendre langue...