« Fantaisistes, approximatifs, négatifs», tels sont quelques-uns des qualificatifs dont a usé l'ambassadeur de France concernant les lectures et commentaires faits par la presse algérienne des conclusions du rapport de l'ONG française, la Cimade, sur les conditions de délivrance des visas. Pour le diplomate français, la presse algérienne fait tout faux sur les enseignements à tirer de ce rapport qui, de son point de vue, n'est nullement à charge contre les services consulaires français. Or, en réaction aux déclarations de l'ambassadeur et du consul général français sur ce rapport, la Cimade a répliqué en des termes qui confirment la justesse d'interprétation que la presse algérienne a eue quant aux dispositions restrictives et vexatoires qui sont appliquées par les consulats français en Algérie pour ce qui est de la délivrance des visas. Sarah Belaisch, coordinatrice du rapport de la Cimade, a en effet pris le contre-pied du propos du consul général français ayant qualifié son rapport d'»élogieux» sur la façon dont sont traitées les demandes de visa en Algérie, en faisant savoir que ce n'est pas «la façon de voir» de son organisation. La responsable de la Cimade, tout en admettant que «l'externalisation» a amélioré les conditions d'accueil des demandeurs de visa en Algérie, déclare n'être pas convaincue par les arguments dont a usé le diplomate pour réfuter les lectures de la presse algérienne sur ce rapport qui n'ont pas eu l'heur de plaire. Concernant par exemple l'accusation de limitation délibérée de délivrance de visas exprimée dans certains commentaires de presse algériens, et que le consul général a justifiée par l'argument que les Algériens sont ceux qui restent le plus sur le territoire français à l'expiration de leur séjour légal, Sarah Belaisch s'est montrée dubitative sur cette explication, en faisant valoir que n'existant pas de différence objective entre la situation en Algérie et la situation du Maroc, les citoyens de ce dernier pays ont droit à un traitement nettement plus compréhensif. Par ailleurs, pour sa coordinatrice, le rapport de la Cimade ne peut être élogieux pour la France et ses services consulaires en Algérie puisqu'il contient des témoignages forts et assez virulents de citoyens algériens de toutes catégories sociales à leur endroit. Les commentaires de presse «fantaisistes et négatifs» n'ont dans leur ensemble que fait état de témoignages identiques quant à la baisse du taux de refus de visas annoncée par le consul général de France. La responsable de la Cimade l'explique en faisant valoir qu'elle est surtout provoquée par la décrue du nombre de demandes. Laquelle décrue est due elle-même au découragement qui est celui des Algériens à solliciter un visa dans les conditions que leur opposent les services consulaires français. Ce n'est pas être «négatif» de considérer que la question de la délivrance de visas est un problème qui impacte la sérénité des relations algéro-françaises. Ce n'est pas non plus être «fantaisiste» d'affirmer qu'il deviendra encore plus un obstacle à ce partenariat d'exception que les responsables officiels des deux Etats disent vouloir établir.