Le dernier rapport de la Cimade sur les conditions de délivrance de visas et surtout ce qui l'a suivi comme commentaires de la presse algérienne, ont fait réagir l'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, et le tout nouveau consul général, Michel Dejaegher. Dans une conférence de presse conjointe, tenue hier au Centre culturel français, l'ambassadeur français n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger la presse algérienne dont les écrits sont jugés “fantaisistes, approximatifs et négatifs”, concernant la lecture faite des conclusions du rapport de l'ONG française. La conférence de presse a, donc, eu comme seul point à l'ordre du jour, les réponses au rapport de la Cimade. L'idée “juste” que voulait faire passer l'ambassadeur de France à Alger est de confirmer tout ce qui a été dit dans le rapport de cette ONG française. Avec une seule nuance, pour lui le rapport est “positif”. Le seul point négatif relevé dans le rapport reste le fort taux de refus des demandes de visas. L'ambassadeur confirme, donc, tout ce qui a été dit dans le rapport de la Cimade, avant de céder la parole au tout nouveau consul général de France à Alger, arrivé depuis une semaine seulement et qui est présenté comme étant “le spécialiste français des visas”. Michel Dejaegher confirme, à son tour, les conclusions de la Cimade. “Les représentants de la Cimade ont été reçus par mon prédécesseur, Francis Heude, et ils ont été invités à visiter les locaux de Visas-France, dans la plus totale transparence. Le rapport décrit d'ailleurs fidèlement la procédure de dépôt des demandes de visa chez le prestataire”. Pour lui, le constat de l'ONG est “élogieux”, notamment en ce qui concerne l'allégement des procédures et des délais de traitement des dossiers grâce à l'externalisation de la collecte des demandes de visas. Il réfute les accusations selon lesquelles Visas-France garderait les données personnelles des demandeurs de visas et affirme que ces données sont effacées du système dès que le demandeur récupère son passeport. Le consul général reconnaît, en revanche, que le taux de refus des demandes de visas est plus élevé en Algérie qu'ailleurs. “En effet, le taux moyen des refus pour l'ensemble des nationalités et des consulats français tourne autour de 10% : il était de 10,84% en 2009. À Alger, en 2006, il était de 43,98%. En 2009, il est tombé à 29,68%, donc en dessous des 30%. En mai 2010, il est passé à 27,07%”. Il s'embourbera dans les chiffres et les pourcentages, mais ne donnera aucune explication sur ce fort taux de refus. “Je viens de prendre mes fonctions (l'autorisation d'exercer m'a été donnée officiellement par les autorités algériennes il y a moins d'une semaine). Je vais analyser la situation pour voir où des améliorations me paraissent possibles, tout en maintenant notre vigilance afin de lutter contre la fraude et tout en respectant les textes”. Tout en clamant que la politique de délivrance de visas est régie par des directives européennes et qu'elle s'applique à tout le monde, il confirmera que la motivation des refus entrera en vigueur dès le 5 avril 2011. Il confirmera également que le consulat d'Alger va expérimenter, via Visas-France, la collecte des données biométriques. Mais aucune date n'a été avancée pour le lancement de cette opération. Le consul général finira par lâcher quelques motifs de refus des demandes de visas, lors de la séance questions-réponses. Il citera “les risques” représentés par les demandeurs algériens de visas. Ces “risques” concernent le détournement des visas de leur objectif initial. C'est-à-dire utiliser un visa de court séjour pour tenter de s'installer en France, ou utiliser un visa touristique pour aller se faire soigner dans les hôpitaux français. “Tous les jours, on reçoit des appels des préfets pour signaler des personnes ayant obtenu des visas de court séjour et qui demandent des prolongations”, dira-t-il. Le consul général évoquera les tracasseries des hôpitaux français qui peinent à récupérer leur argent, suite à l'hospitalisation de nombreux Algériens, partis avec des visas touristiques, et non pas ceux envoyés par la Cnas. Pour l'ambassadeur français, il existe une convention entre la Cnas et les organismes français de Sécurité sociale pour la prise en charge des malades algériens en France. Mais le problème qui se pose concerne les personnes qui vont se soigner, en dehors de ce cadre conventionnel, et qui laissent des ardoises que les hôpitaux français peinent à recouvrir. Mais combien sont-ils ces Algériens à “risques” ? Aucun chiffre n'est avancé, pas même une moyenne, ou une vague idée. On se contente, du côté de l'ambassade de France, d'agiter cet épouvantail, sans jamais donner de chiffres exacts. L'appréciation faite par le consulat des “risques” représentés par chaque demandeur reste, donc, le seul leitmotiv. Les demandes, pour motifs de visites privées, familiales ou touristiques sont celles qui connaissent le plus fort taux de refus. L'ambassadeur de France revient à la charge, en martelant qu'“il n'y a pas de quotas réservés aux Algériens” en matière de délivrance de visas. “Il n'y pas de plafond”.