Malgré un contexte international défavorable à la gestion alternative, le gouvernement libyen lance un hedge fund doté de plusieurs centaines de millions de dollars et d'un compartiment dédié à la recherche des opportunités d'investissement en Afrique. La Libye poursuit la diversification de ses canaux d'investissement à l'étranger. Après les fonds souverains lancés en 2006 et qui s'imposent désormais sur tous les fronts, ce riche Etat pétrolier vient de se lancer dans la gestion alternative. Le Secrétariat d'Etat libyen à la coopération internationale, relevant du ministère des Affaires étrangères, a annoncé, dans un communiqué publié le 23 juin dernier, le lancement d'un hedge fund basé à la City de Londres, confirmant ainsi les informations publiées une semaine plus tôt par le quotidien britannique The Independent. Le fonds d'investissement alternatif, qui a été déjà enregistré auprès de l'autorité britannique de contrôle des services financiers, devrait démarrer ses activités avant fin août prochain et compter à terme une quarantaine de traders rompus aux techniques de la gestion alternative, ajoute-t-on de même source. Il sera dirigé par Frederic Marino, un ancien gestionnaire de fonds d'investissement au sein des banques américaines Merrill Lynch et Bear Stearns. Le conseil d'administration du hedge fund, baptisé FM Capital Partners, comprendra, cependant, des dirigeants de fonds souverains libyens, dont Khaled Kagigi, directeur général du Libyan African Investment Portfolio (LAIP), le bras financier de la politique africaine de la Libye, et Taher Siala, dirigeant de la Libyan Foreign Investment Company (LAFICO) et ancien secrétaire d'Etat chargé des Relations extérieures et de la Coopération internationale. L'Afrique en ligne de mire La taille de FM Capital Partners, dont le lancement intervient dans un contexte international marqué par un durcissement des législations régissant les hedge funds, sera déterminée dans les semaines à venir en fonction des engagements des différents fonds souverains libyens. Ses fondateurs sont toutefois confiants qu'il démarrera avec "plusieurs centaines de millions de dollars". Ils espèrent également gérer, dans une étape ultérieure, les réserves financières de certains autres riches pays pétroliers arabes. Le premier hedge fund lancé grâce à des capitaux libyens restera, selon le Secrétariat d'Etat libyen à la coopération internationale, à l'affût des diverses opportunités d'investissement partout dans le monde, mais accordera un intérêt particulier à l'Afrique. D'autant plus que l'établissement, situé dans le très chic quartier londonien Knightsbridge, comprendra un compartiment dédié exclusivement à la recherche des opportunités d'investissement sur le continent. "Beaucoup d'établissements financiers manifestent aujourd'hui de l'intérêt pour l'Afrique et ses économies, qui affichent des taux de croissance à deux chiffres. Mais très peu de banques d'investissement sont déjà présentes sur le continent, ce qui nous laisse de la place pour y travailler de concert avec le Libyan African Investment Portfolio, pour soutenir les idées d'investissement", précise Frederic Marino, cité par The Independent. Outre son objectif principal consistant à faire fructifier les réserves en devises de la Libye, qui se sont élevées à 100,8 milliards de dollars à la fin 2009, FM Capital Partners ambitionne de devenir un centre de formation d'experts libyens dans le domaine de la finance des marchés. "En plus des rendements que nous dégagerons, nous souhaitons offrir à la Libye une génération de traders qui aura un excellent niveau de connaissance des diverses techniques financières internationales d'ici quatre ou cinq ans", indique M. Marino.