Le débat sur les Fonds souverains était à peine ouvert, en Algérie, que la parenthèse s'est refermée bien vite que l'on pensait. C'est la faute à l'été, serait-on tenté de prétexter. La polémique n'est en fait qu'un petit feu de paille allumé, nonchalamment par inadvertance et qui s'est éteint aussi par courtoisie politique. Cependant, une solution intermédiaire aurait pu être proposée par les experts : les Hedge Funds…Voilà un bon sujet de discussion pour nos économistes à la rentrée. Pour l'heure un petit round up nous permettrait sûrement de bien comprendre ce concept financier, né aux Etats-Unis et importé en Europe où il garde encore sa solide réputation. Au 15 mai 2008, le secteur européen des hedge funds cotés (comprenant à la fois les fonds à stratégie unique et les fonds de fonds) représentait près de 13 milliards d'euros d'actifs sous gestion, contre moins de 3 milliards d'euros au début de 2003. Malgré un contexte exceptionnellement difficile pour les levées de capitaux, les entrées en bourse de hedge funds ont permis de lever près de 2 milliards d'euros depuis le début de l'année. Plusieurs bonnes raisons expliquent la forte expansion du marché de ces produits cotés ces dernières années. Les entités cotées ont des caractéristiques intéressantes pour un large éventail d'investisseurs institutionnels et, par extension, d'investisseurs très fortunés en Europe. L'avantage le plus immédiat réside dans la possibilité d'investir dans des structures qui, en dehors de circonstances exceptionnelles, offrent une liquidité quotidienne. Cette transformation de structures assorties d'un capital variable en structures offrant un prix de marché quotidien et un cours d'action observable est séduisante pour toutes sortes d'investisseurs.De plus, bon nombre d'investisseurs d'Europe continentale hésitent à investir dans des structures domiciliées offshore. La possibilité d'investir dans une structure cotée sur une place boursière territoriale largement reconnue comme le London Stock Exchange leur offre donc un certain confort. Un autre aspect qui attire bon nombre d'investisseurs européens est le fait que les fonds cotés aident à surmonter un des plus grands obstacles auxquels sont confrontés les gérants de fonds de hedge funds: la congruence des actifs et des passifs. Les clients ont souvent besoin d'échéances de remboursement fréquentes, habituellement mensuelles ou trimestrielles. La difficulté est que, souvent, ces échéances ne coïncident pas avec le temps nécessaire pour tirer parti d'opportunités d'investissement moins liquides. En effet, les opportunités plus intéressantes exigent d'engager des capitaux pour une durée généralement plus longue que les stratégies plus liquides, et il faut un grand talent de la part des gérants pour savoir maîtriser des périodes de non-cession plus longues. En s'engageant pour de plus longues périodes, les investisseurs peuvent bénéficier du potentiel associé aux primes d'illiquidité. Le choix d'une approche à plus long terme est d'autant plus essentiel que, dans le climat actuel, il faut parfois attendre plusieurs années avant qu'une bonne partie des opportunités d'investissement qu'évaluent les gérants (par exemple les titres adossés à des créances hypothécaires ou les valeurs de sociétés en difficulté) ne s'avèrent fructueuses. Cette inadéquation pose aux gérants de fonds de hedge funds un problème important. A tel point que le marché se caractérise par une inadéquation entre le profil de liquidité agrégé des fonds de fonds, sur lequel la plupart des investisseurs fondent leurs attentes en matière de liquidité, et la nature plus illiquide de bien des investissements sous-jacents de hedge funds. Si les gérants les plus clairvoyants ont pu atténuer cette inadéquation en créant des structures de fonds transparentes et flexibles leur permettant de mieux faire concorder les actifs et la demande des investisseurs, ils auront tout de même besoin d'accentuer la non-cession au-delà de ce qui convient à de nombreux clients. Pour des clients qui souhaitent des échéances de liquidité plus fréquentes, une structure à capital fixe représente donc un réel "compromis". Une structure bien équilibrée pourra offrir un capital quasi-permanent que le gestionnaire du fonds peut investir en faisant appel aux gérants les plus talentueux, associé à une liquidité quotidienne fournie par le marché. Les hedge funds cotés tendent à présenter de plus fortes corrélations vis-à-vis des marchés d'actions que ce serait le cas pour un hedge fund non coté. Pour atténuer cet effet, il importe par conséquent de choisir des gérants de fonds de fonds qui ont une solide expérience de la construction de portefeuilles dotés d'un faible bêta, dont les rendements des stratégies dépendent surtout d'autres facteurs que l'orientation des marchés d'actions ou d'obligations. Les structures cotées peuvent aussi se négocier avec une décote par rapport à la valeur des actifs sous-jacents quand l'offre d'actions dépasse la demande sur le marché. Il s'agit souvent de l'élément le plus pernicieux de fonds cotés et c'est ce qui explique pourquoi ils ont souvent une réputation mitigée sur le marché. La crainte de bon nombre d'investisseurs vis-à-vis de ce type de structures est que de nombreux responsables des investissements s'engagent à gérer la décote et à racheter des actions, mais s'abstiennent souvent de procéder à ces rachats. Le mieux pour régler ce problème est d'examiner régulièrement les mécanismes de contrôle des décotes faisant appel à des rachats et remboursements d'actions. A l'inverse, les structures peuvent se négocier avec une prime considérable par rapport à la valeur des actifs sous-jacents, ce qui risque de constituer un élément dissuasif pour les clients souhaitant effectuer des achats sur le marché secondaire. Là encore, les gérants peuvent contribuer à atténuer cet effet en émettant des actions supplémentaires au moment opportun. Un risque supplémentaire réside dans le fait que les gérants de hedge funds cotés peuvent être confrontés à de plus fortes pressions pour divulguer des informations exclusives. Si une transparence satisfaisante est la bienvenue, la divulgation de certaines informations comme les noms des gérants correspondants peut être préjudiciable aux performances. Ces règles ont cependant changé récemment pour prendre en compte cette réalité. Les gérants qui réussissent souhaiteront tirer parti de ce changement de réglementation, car ils tendent à avoir un accès unique à certains responsables des investissements ou à des programmes d'investissement. Enfin, bien que les hedge funds cotés puissent présenter une plus grande liquidité, il ne faut pas surestimer le volant de liquidité quotidienne dont disposent les investisseurs. En définitive, on doit avoir la contrepartie correspondante pour toute opération que l'on souhaite réaliser. En particulier, les investisseurs doivent savoir qu'il existe toujours le risque d'une absence de liquidité là où ils en ont le plus besoin.Pour minimiser ce risque, le mieux est de s'assurer que la structure cotée est détenue par une base d'investisseurs très diversifiée. Les marchés cotés continueront de se développer, comme le montrent les levées de capitaux observées cette année. Si le climat pour les entrées en bourse a été difficile, plusieurs offres de placement ont rencontré un grand succès à ce jour. Cela va sans aucun doute encourager d'autres intervenants à solliciter le marché car, manifestement, l'intérêt continue de croître. Mais surtout, les fonds de hedge funds peuvent permettre aux gérants de proposer des solutions d'investissement aux clients qui exigent des échéances de liquidité plus fréquentes que celles offertes habituellement par les structures de hedge funds à capital ouvert, sans aucun compromis sur le processus d'investissement. Voilà pourquoi ce secteur a connu une expansion considérable et continuera de se