Les capitaux investis sur le secteur des matières premières représenteraient environ 175 milliards de dollars. Hedge funds et fonds de pension se montrent friands de nouveaux produits dérivés. Selon les estimations de Barclays Capital, l'afflux d'argent frais sur le secteur amorcé en 2006 s'est nettement prolongé en 2007 : de 48 milliards de dollars, les nouveaux capitaux investis dans le secteur des "commodities" a représenté 35 milliards de dollars l'année dernière. Au total, la banque estime que 175 milliards de dollars financent aujourd'hui le secteur des matières premières, notamment au travers de l'offre pléthorique de dérivés. Si 125 milliards sont directement investis sur les matières premières elles-mêmes, le solde, soit 30 % du total, se concentre sur des produits spécifiques comme les Exchange Traded Fund ou certificats, mais aussi des obligations adossées à des matières premières. Face à cette demande d'un nouveau genre, de nouveaux types de dérivés font leur apparition. La bourse de Shanghai vient de lancer ses premiers "futures" sur l'or, et le London Metal Exchange s'apprête à lancer des "futures" sur l'acier, une petite révolution dans le monde des métaux qui permettra aux investisseurs de trouver une exposition au marché de la construction des pays émergents, principal débouché des marchés asiatiques. Les fonds de gestion alternative ("hedge funds") semblent largement responsables de la hausse globale du secteur. Selon les données de la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) américaine, les positions longues sur les matières premières ont atteint un record historique le 31 décembre 2007. A cette date, 1,3 million de positions étaient "ouvertes" sur les différentes places traitant de matières premières outre-atlantique, Nymex, CBOT, CME principalement. Les prévisions tablent néanmoins sur un fléchissement de 3 % sur les cours moyens des matières premières en 2008. En moyenne, le zinc devrait reculer de - 38 %, le cuivre de - 32 %, le fret sec (transport de minerai par voie maritime) de - 22 %, l'argent de - 10 %, le caoutchouc de - 8 %, le plomb de - 7 %, le café et la laine de - 5 % le cuivre de - 2 % et l'aluminium de - 1 %. A l'évidence, les métaux non ferreux ont amorcé une retraite. Mais de nombreux produits de base poursuivraient leur ascension : deux des ingrédients de l'acier, le charbon (+ 40 %) et le charbon à coke (+ 30 %) ; de nombreux produits alimentaires comme le soja (+ 22 %) et le blé (+ 10 %) ; bien évidemment l'énergie avec le gaz naturel (+ 12 %) et le pétrole (+ 3 %) et les métaux précieux emmenés par l'or (+ 22 %). En fait, il s'agit d'une stabilisation des prix à un très haut niveau car, après une hausse moyenne de 14 % en 2007, l'indice Cyclope-Rexecode se maintiendra "à un niveau record, proche des niveaux de la grande crise précédente de 1974", a déclaré M. Chalmin. Aussi, les spéculations vont bon train pour savoir si la crise des subprimes, la chute des Bourses et le ralentissement américain auront un effet dépressif sur les prix des matières premières au cours de cette année. Cependant, à l'appétit féroce pour les matières premières des pays en pleine émergence industrielle, il faut ajouter que les investisseurs doivent trouver à placer les énormes liquidités dont ils disposent encore, soit quelque 5 000 milliards de dollars. L'immobilier traversant une crise, les actions et les obligations devenues hasardeuses, restent les placements dans les fonds dédiés aux matières premières. Autant dire que les prix de celles-ci ne baisseront guère.