Vingt boulangers ont cessé dernièrement leur activité quand les camions chargés de les approvisionner en farine ne purent plus accéder aux artères où ils sont installés en raison des travaux de réalisation du tramway. Cet état de fait a été signalé à l'avenue Hammou Mokhtar (ex-Saint Eugène) et à Es-Sénia et n'a pas laissé les membres de la Fédération nationale des boulangers de la wilaya d'Oran indifférents quant aux conséquences que peut engendrer ce problème, notamment au courant du mois de ramadhan, sans parler des boulangers eux-mêmes et de leurs employés qui ont perdu leur travail. Des perturbations dans l'approvisionnement du pain sont également envisageables, a souligné hier le coordinateur local de l'UGCAA, dans le cas où aucune mesure n'est prise pour remédier au problème. En effet, les professionnels du secteur tirent la sonnette d'alarme, notamment dans ces artères où vingt boulangers ont carrément mis la clé sous le paillasson à cause des désagréments occasionnés par la réalisation du tramway. Notre interlocuteur indique à ce sujet que la fédération avait demandé aux responsables de l'entreprise chargée de réaliser ces travaux d'aménager un passage d'urgence afin de permettre aux camions de ravitailler ces boulangers en farine et autres produits. Devant l'indisponibilité de ce produit essentiel entrant dans la composition du pain, les boulangers n'ont pas eu d'autre alternative que de fermer boutique. A vrai dire, la crise du pain est prévisible dans le cas où la situation se généralise à d'autres artères, a noté le même responsable, ajoutant qu'un rapport détaillé a été élaboré dans ce cadre et sera adressé aux responsables du secteur du commerce. Ainsi et en attendant que des solutions concrètes soient apportées par les instances locales pour remédier à la crise du pain qui peut survenir durant le mois sacré, le coordinateur local de l'UGCAA précise que 45 autres boulangers ont cessé leur activité depuis le début de l'année à ce jour, soit un total de 65 uniquement à Oran. En effet, sur les 632 boulangers inscrits, seulement 320 activent à l'heure actuelle, ce qui inquiète davantage les membres de la fédération quant au devenir de la profession. A ce titre, la fédération justifie ces fermetures récentes par la série de contraintes qui entravent l'activité, dont la cherté de la matière première, la taxe d'environnement fixée actuellement à 9.000 dinars pour le chef-lieu, alors qu'elle est de 8.000 dinars pour les communes limitrophes, le problème de la mise à jour auprès de la CNAS, la taxe d'évacuation des eaux usées, les coupures d'électricité, les retards enregistrés dans l'installation des compteurs spéciaux, la vente illicite du pain sur les trottoirs et le problème fiscal. Autant de charges qui continuent à pénaliser de nombreux boulangers, sachant que le prix de la baguette n'a pas augmenté depuis 1996 malgré ces contraintes. Rappelons que les boulangers d'Oran avaient suggéré la création d'un dépôt régional pour la gestion de la pénurie de levure qu'a connue, il y a de cela une année, l'ensemble du territoire national. Une demande allant dans ce sens a été adressée au wali d'Oran afin de mettre à la disposition de la corporation un dépôt pour gérer l'approvisionnement des boulangers en levure, un autre produit essentiel entrant dans la composition du pain.