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Les jeunes et les risques de rupture avec les institutions de l'etat
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 11 - 08 - 2010


5ème partie
e) Les représentations des jeunes de leurs possibilités de s'impliquer dans la vie sociale et politique
E-1) Les représentations du politique
Les jeunes se sont beaucoup exprimés sur les rapports entre l'engagement et le politique. Ceci signifie que les jeunes qui ont accepté cette démarche sont intéressés par ces questions. Ils mettent souvent en lien leur implication associative et cette réflexion à propos du politique. «S'engager politiquement ? On nous a toujours appris qu'être dans une association, c'est faire de la politique. Peu de jeunes ont une bonne situation, Par contre, beaucoup sont malheureux. Les politiques savent tout ça. L'idéal de la politique, c'est partir de la même base, c'est l'équité. Or il se trouve qu'elle (équité) n'a pas le droit de cité. .Pourquoi s'engager politiquement, Alors, qu'il y' a des femmes et des enfants, dans les rues, à même le sol dans ce pays riche». «Le jour du changement viendra et l'engagement politique évoluera ; il ne sera pas constant. Ce jour là, la discussion politique portera sur le numérique, sur l'internet, sur la nanotechnologie, sur l'environnement. Le monde appartient aux peuples scientifiques.», «On ne voudrait pas s'engager politiquement pour défendre que quelques idées : la famine, la misère. La politique idéale n'existe pas; Une politique porteuse c'est que tous les besoins primaires, les besoins vitaux soient satisfaits. Etre riche n'est pas la priorité, La vraie politique permettra de manger à sa faim d'avoir de l'eau potable, de gagner sa vie par ses propres moyens, de vivre dignement. Quand on enlève la dignité aux hommes on doit tirer la sonnette d'alarme.», «La politique, c'est ce qui est censé établir des règles, laisser le droit de parole, laisser une base qui est censée inscrire les personnes d'un pays. La politique, c'est fondamental dans un pays, sinon c'est l'anarchie.». «Pour les jeunes, la politique c'est un peu flou dans notre tête. Ils ne veulent pas s'engager dans la politique. On se retrouve avec des élus qui ne nous représentent pas. La politique : ça ne marche pas. Ils croient que ce n'est pas fait pour eux. Je ne suis pas engagée dans la politique, ni militante dans un parti. J'ai des idées, des valeurs. J'ai des amis, quand on parle, je leur prends la tête.». «Le pouvoir est ailleurs je pense, dans l'économie. Ceux qui ont l'argent». «La politique, c'est elle qui régit la cité.
C'est un mode d'organisation. Celui qui fait la politique en Algérie, c'est le «notables préfabriqués». Nous lambdas sommes incapables d'avoir une action politique. La politique en Algérie, «c'est noble». On est arrivé à un point où on n'a plus d'espoir. Depuis 1962, il n'y a pas d'alternance.», «Au niveau local : ce n'est pas les mêmes intérêts. Il n'y a pas de changement direct au niveau national par rapport au niveau local. Le politicien devient riche par l'accès au pouvoir, avant il était pauvre.», «Comme le pouvoir, c'est l'argent, la démocratie est absente. On voit ce qui se passe à la télé.», «Pour d'autres élus, ils ont riches avant de rentrer en politique. S'enrichir soit même n'est pas le but rechercher dans l'accès au pouvoir. Ils cherchent le prestige et l'immunité. On devine pourquoi ?». «A ce train ou vont les choses, les fondamentalistes purs et durs prendront le pouvoir, via une voie démocratique, ils auront une capacité à détruire petit à petit l'appareil politique dans le sens où ils couperont petit à petit les ressources financières, bloquer la constitution, mettre le droit de veto dans tout les domaines liés à la jeunesse, à l'éducation des fille, aux loisirs et donc pour nous aussi, et aussi tout ce qui touche à la culture, tout ce qui touche à la connaissance, tout ce qui touche à la musique, à la passion tout ce qui fait qu'aujourd'hui on est plus ou moins équilibré serait amené à disparaître, on serait plus dans un Etat Républicain, mais dans une khalifa où l'on serait amené à se battre. Mais qui prendra les armes pour libérer la République. Là est la question ?». «Les médias, exagèrent, quand ils disent que les jeunes sont violents, qu'ils volent, qu'ils cassent, mais on connait beaucoup de jeunes qui travaillent et qui vont à l'école, des jeunes dont les parents sont divorcés, qui travaillent le week-end et qui sont à l'école la semaine et ils réussissent, on connait d'autres qui ont arrêté et qui n'ont pas pu se débrouiller et les médias, il ne faut pas qu'ils montrent des images négatives ; juste avant les élections présidentielles, ils n'ont fait que parler de l'insécurité et à chaque fois qu'ils parlent d'insécurité, ces politiciens montrent du doigt en premier les jeunes.»
e-2) Les représentations du sociale : La Citoyenneté
Nous retrouvons dans cette catégorie de liens déjà établis par les jeunes entre les problèmes sociaux, la citoyenneté et la politique. Cependant, plusieurs extraits d'entretiens sont particulièrement significatifs des liaisons qu'ils créent et des inquiétudes que cela peut générer : «Etre citoyen, c'est par exemple demander si ça ne gêne pas d'allumer une cigarette dans un endroit publique. Jeter sa poubelle par la fenêtre, c'est pas être citoyen. Stationner n'importe où, cracher par terre, ne pas respecter les gens du quartier.», «On n'a l'impression qu'on abuse des droits. Se lever pour une personne handicapée, ce n'est pas être citoyen, c'est être humain.», «Est-ce que citoyen, ce n'est pas appartenir à une société. On est Algérien. On a envie de nous sentir citoyen du Monde. On se sent responsable. La citoyenneté, c'est se sentir appartenir à quelque chose. Se sentir responsable. Est-ce qu'on se sent intégré ?», «On a beau être citoyen, la politique nous enferme dans une honte quotidienne. Le Maghreb Arabe, Masre Echakika…On est fatigué…Nous sommes Algériens… Nous vivons uni dans notre différence… On n'a un ennemi redoutable… C'est le Sous Développement.». Nous retrouvons dans cette catégorie de liens déjà établis par les jeunes entre les problèmes sociaux, la citoyenneté et la politique. Cependant, plusieurs extraits d'entretiens sont particulièrement significatifs des liaisons qu'ils créent et des inquiétudes que cela peut générer : «A propos du Fondamentalisme et du rapport qu'il instaure avec les personnes en détresse sociale : c'est beaucoup des jeunes qui sont malheureux, qui sont en détresse sociale et morale mais il n'y a pas que ces jeunes-là qui adhèrent à leurs idées. Ils sont à l'écoute de ce public se trouvant dans une situation précaire. Dieu seul sait qu'ils sont beaucoup à vivre dans la misère.», «La précarité, elle nous tombe dessus à partir de l'école, il y en a apparemment qui sont pas fait pour l'école, donc ils arrêtent l'école et donc on se dit qu'il faut travailler et puis ensuite, on est trop jeune pour travailler donc on s'arrête et puis on se met à traîner dans les rues puis… C'est le vol dans les magasins, les agressions et puis après on se met à fumer, à boire et c'est la prison…On sort et on remet çà puis voilà quoi ,c'est le cercle vicieux.», «En plus, le problème c'est qu'on refuse pas mal aux jeunes, le travail, le logement ou autres, et bien on baisse les bras parce qu'on ne sait pas à qui demander, vers qui se tourner.», «La politique, c'est illégal, parce qu'elle s'adresse qu'aux riches, nous, ils s'en foutent, ils ne pensent pas à nous.», «Et puis aussi pour qu'il y ait plus de démocratie, il faudrait que le niveau de vie puisse être équilibré, et il faudrait des moyens».
e-3) Et les grèves ?
«Les jeunes en général ne sont pas organisés pour manifester.», «Les élèves, ça les arrange pour ne pas aller en cours.», «C'est courageux pour les profs de se mettre en grève. Je suis en Terminale, les jeunes ne sont pas concernés pas la politique. Par exemple, Les politiciens, ils s'en foutent.», «C'est une génération de j'men foutistes.»,«Il y a des gens qui font un mouvement des lycéens, des universitaires mais les gens se sentent pas vraiment concernés ni par les lycées, encore plus par les universités.», «Le lycée et l'université sont des lieux qui sont en dehors de tout ça ? C'est des lieux où la citoyenneté n'existe pas ? Ce n'est pas comme votre génération(des années 50/60), vous viviez pour un idéal…Pour nous c'est le réel, le concret qui compte.», «Regardez-vous, vous êtes universitaire, vous rasez les murs, vous ne bougez pas, vous ne faites rien pour que ça bouge…L'élite est morte…Quand l'université est en marge, rien ne va plus…la différence entre l'Elite est nous…Vous avez abandonné le combat…Nous sommes des hittistes l'Hiver et des trottoiristes l'Eté.», «On va vous étonnés peut être. Notre salut, c'est les filles. Elles sont majoritaires à l'université…Demain ce sont elles qui prendront les règnes du pouvoir…Compétence exigé…Nous garçons, on n'est pas branché sur les études poussées…Et puis, entre nous, nous avons montré nos limites…».
f) La représentation des femmes en politique
La participation égale des femmes et des hommes à la vie politique est l'un des fondements de la démocratie. Malheureusement, en politique, l'égalité entre les sexes est restée un idéal plus qu'une réalité. Malgré tout l'intérêt que porte la constitution Algérienne à cette catégorie à la représentation des femmes dans les instances de décision politique et à leur impact sur le processus de prise de décision. Les femmes occupent, en 2010, quelques sièges aux deux chambres (Apn/Sénat), au niveau local (Apc/Apw). Au niveau de l'exécutif, la situation n'est pas meilleure. En 2010, seuls 03 portefeuilles ministériels ont détenus par des femmes, lesquelles sont aussi en minorité aux postes les plus élevés de l'Etat:01 femme wali ; 01 femme général, 01 femme à la cours suprême.00 femmes au conseil constitutionnel. No comment !
Les facteurs entraînant une sous-représentation des femmes en politique sont nombreux, ce qui non seulement constitue un gaspillage de talents mais aussi fragilise la démocratie. Le facteur le plus important aboutissant à la sous-représentation des femmes en politique est le fait que la plupart d'entre nous - même vivons encore dans une société où les attitudes, les usages et les comportements déresponsabilisent les femmes dans la vie publique, les discriminent et les emprisonnent dans des rôles-modèles prescrits et dans des stéréotypes selon lesquels elles «ne sont pas faites» pour la prise de décision et la politique. Aussi les politiciens de l'intérieur du pays, confirment l'idée que «pour les hommes, la politique constitue une profession tout à fait accessible, tandis que tel n'est pas le cas pour les femmes».
f-1) Le système électoral: pour une présentation proportionnelle
L'une des conclusions les plus nettes est que les pays appliquant un système de représentation proportionnelle comptent une proportion plus élevée de femmes dans leurs parlements que ceux appliquant un système de scrutin majoritaire. Les systèmes électoraux mixtes (par exemple, les systèmes mixtes avec compensation proportionnelle) semblent plus favorables à la représentation parlementaire des femmes que les systèmes majoritaires, mais moins propices à l'élection de femmes que les systèmes de représentation proportionnelle traditionnels.
Choisir un système électoral plus propice à la représentation des femmes devrait donc automatiquement servir également aux candidatures de jeunes. En général, les circonscriptions plurinominales sont jugées plus favorables à la désignation et à la représentation des femmes que les circonscriptions uninominales. La raison avancée est que les circonscriptions plurinominales permettent d'équilibrer les partis entre les sexes et, de ce fait, représentent divers intérêts internes aux partis, renforcent la cohérence des partis et attirent les votes des électrices.
La taille des circonscriptions plurinominales semble aussi jouer un rôle. D'aucuns estiment que plus elles sont grandes, plus les femmes ont de chances d'être désignées comme candidates et élues. Reste que la taille d'un parti -c'est-à-dire le nombre de sièges que le parti gagne ou compte gagner dans telle ou telle circonscription- joue parfois un rôle encore plus grand. Il semble, en effet, que seuls les partis prévoyant de remporter plusieurs sièges dans une circonscription pratiquent vraiment l'équilibrage des candidatures (ce qui est favorable aux candidates).
Les seuils légaux -qui fixent la proportion minimale des suffrages que doit recueillir un parti pour se voir attribuer des sièges- ne doivent pas normalement favoriser la représentation féminine, car les petits partis pouvant représentés les intérêts des femmes sont exclus de la représentation parlementaire. Toutefois, dans la pratique, grâce au seuil légal, seuls les partis de taille relativement importante accèdent au parlement -ils profitent même de l'exclusion des petits partis. Or, comme ils ont davantage de place sur leur liste de candidats, ils peuvent plus facilement désigner des femmes et leur permettre d'obtenir un mandat.
Nous pensons que le seuil minimal à la représentation de la femme sur les listes électorale en Algérie devrait être de 40%. Aussi, pour obliger le pouvoir à instaurer l'équité, nous devrions changer le système électoral : Supprimer les listes bloquées(les partis politiques déterminent l'ordre dans lequel leurs candidats se verront attribuer des sièges éventuels, et l'électeur approuve l'intégralité de la liste sans pouvoir modifier cet ordre). En revanche, avec les listes ouvertes, l'électeur peut exprimer sa préférence pour des candidats particuliers, modifiant ainsi l'ordre de placement sur la liste. Avec les listes libres, l'électeur peut même choisir entre des candidats de différentes listes. Quel est le type de liste le plus avantageux pour la représentation des femmes?
f-2) Le système électoral: L'impact des quotas par sexe
Ces dernières années, un nombre impressionnant de pays à travers le monde ont adopté des quotas électoraux par sexe, et encore plus nombreux sont les pays où les partis politiques appliquent, en plus ou à la place des quotas légaux, des quotas volontaires. Il convient cependant de faire ici un avertissement : tous les quotas ne sont pas les mêmes. La véritable différence entre les différents types de quotas n'est pas vraiment de savoir s'ils sont obligatoires ou non, mais plutôt de se demander s'ils sont axés sur les moyens ou sur les résultats. Un quota de moyens ne garantit pas que les femmes soient effectivement élues, contrairement aux quotas de résultats.
En règle générale, plus les partis appliquant volontairement des quotas par sexe sont importants, plus l'impact de ces mesures auront une représentativité de la femme su la scène politique. Toutefois, les quotas volontaires appliqués au niveau des petits partis peuvent aussi avoir un impact sur la représentation des femmes, étant donné l'effet de «contagion» sur les partis concurrents de même idéologie politique, qui peuvent alors se sentir obligés de suivre l'exemple pour rester compétitifs dans la course électorale
f-3) Considérations supplémentaires
En théorie, la représentation parlementaire des femmes est particulièrement favorisée par le système électoral suivant: scrutin de liste proportionnel dans une grande circonscription et/ou une circonscription recouvrant l'ensemble du territoire national avec un seuil légal, des listes bloquées et un quota obligatoire prévoyant non seulement une forte proportion de candidates, mais également des règles strictes de placement de ces candidates sur les listes (dans le cadre, par exemple, d'un système d'alternance hommes/femmes) et des sanctions efficaces en cas de non-respect.
De surcroît, les mesures visant à améliorer la représentation des femmes peuvent parfois entrer en conflit avec d'autres objectifs -par exemple, garantir une représentation parlementaire équitable des petits partis et améliorer la relation entre les électeurs et leurs représentants :«pour renforcer efficacement la représentation descriptive et substantielle des femmes en politique, la réforme de la législation électorale ne saurait suffire; une approche beaucoup plus large et plus complète s'impose. Néanmoins, une telle réforme- à condition d'être bien conçue et efficace -peut faciliter un tel processus.»
On part du principe qu'il existe un lien fondamental entre la démocratie et un véritable partenariat femmes-hommes dans la gestion des affaires publiques et que, par conséquent, il faut mettre un terme à la traditionnelle mise à l'écart des femmes des structures étatiques qui déterminent les priorités politiques et législatives. Les femmes butent contre des obstacles à plusieurs niveaux:
• Avant tout, elles doivent décider de s'engager dans l'arène politique, et être en mesure de le faire.
• Pour prétendre siéger au parlement, elles doivent persuader leurs partis politiques (ou les responsables de ces partis) de les présenter comme candidates.
• Elles doivent remporter l'élection.
Les attitudes culturelles dominantes constituent le deuxième facteur de poids pour dissuader les femmes d'entrer en politique- et, ce qui n'a rien d'étonnant, l'un des moins importants pour les hommes. Pour que ces attitudes changent, l'ensemble de la population doit être convaincue que les femmes font d'aussi bons législateurs que les hommes: des campagnes de sensibilisation et une éducation civique sensible au genre semblent donc s'imposer. Et là les mass-médias pourraient jouer un rôle important dans la sensibilisation de la société quant à la participation effective de la femme en politique.
Aussi, Les partis politiques -et le pouvoir invisible- maintiennent un ferme contrôle sur la sélection des candidats se présentant aux élections, ainsi que sur la détermination de l'ordre des candidats sur les listes électorales. Ces «gardiens», en général, des instances fermées entretiennent souvent des réseaux d'anciens qui empêchent les femmes d'infiltrer la direction des partis. En l'absence de règles claires (quotas, par exemple), la sélection des candidats et la détermination de l'ordre de placement sur les listes électorales sont donc souvent dominés par des responsables masculins, ce qui entrave l'accès des femmes au corps législatif. Pour que cette situation change, les partis doivent s'ouvrir aux femmes et modifier leur perception de la gente féminine.
A suivre
*Maître de conférences Université de Constantine


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