Fort d?une r??lection ? un troisi?me mandat sous forme de pl?biscite, le Pr?sident de la R?publique Abdelaziz Bouteflika aura toute latitude pour imposer sa politique, mais la t?che sera ardue tant les attentes auxquelles il va devoir r?pondre sont de plus en plus pressantes et les d?fis ?conomique, social et s?curitaire grands. Le ch?mage des jeunes, l?am?lioration des conditions de vie, le logement et la r?forme des institutions figurent parmi les principaux chantiers qui l?attendent, sans oublier la poursuite de la politique de r?conciliation nationale, cheval de bataille durant sa campagne ?lectorale. Pour les observateurs, il pourra m?me poursuivre cette politique avec une ?ventuelle amnistie g?n?rale ?voqu?e, sous condition d?un r?f?rendum. M?me si cette question suscite toujours une certaine opposition, ?mais pas sous forme de courant politique?, affirment certains analystes. Cela ?tant, le Pr?sident a engag?, d?s son premier mandat, cette politique pour mettre fin ? une d?cennie de violences islamistes, ponctu?es d?attentats aveugles, de meurtres et de massacres collectifs qui ont fait plus de 150.000 morts. Une loi sur la Concorde civile puis une Charte sur la paix et la r?conciliation nationale, adopt?es par r?f?rendum en 1999 et 2005, ont permis la reddition de milliers d?islamistes. L?amnistie ?voqu?e b?n?ficierait ? ceux qui d?poseraient d?finitivement les armes, r?pondait avec nuance un Bouteflika toujours aux aguets sur ce dossier tr?s sensible et brandissait en m?me temps une lutte sans merci contre les irr?ductibles, alors que les islamistes arm?s rodent toujours dans certaines r?gions. Ceci dit, avec plus de 90% des voix exprim?es et une participation de 74,54%, selon les chiffres officiels, Abdelaziz Bouteflika, qui briguait un troisi?me quinquennat au nom de la ?stabilit?? et de la ?continuit??, aura ainsi les coud?es franches pour aller le plus loin possible dans les r?formes et r?ajuster le tir dans sa d?marche mise en doute durant dix ann?es de r?gne. Le Pr?sident r??lu a promis un plan de d?veloppement, de 150 milliards de dollars, ax? notamment sur les petites entreprises, la cr?ation de trois millions d?emplois et la construction d?un million de logements. Il est vrai que maintenant - apr?s avoir r?vis? la constitution et mis fin au bic?phalisme de l?ex?cutif - le Pr?sident Bouteflika a les mains libres pour r?former l?Etat et les institutions, actuellement ankylos?es, dans le sens de la d?mocratisation. Et initier par ailleurs une politique cr?atrice d?emplois, notamment en faveur des jeunes. Et poursuivre l?effort de d?veloppement par de gros investissements, en l?occurrence la modernisation du rail, l?autoroute est-ouest et l?habitat qui sont, en principe, de nature ? cr?er de nombreux postes de travail. Le Pr?sident a promis ?galement l?augmentation du salaire national minimum garanti qui a ?t? un sujet de surench?re pour les candidats durant la campagne. Sans minimiser en rien la situation sociale qui reste difficile au moment o? la flamb?e des prix restreint le pouvoir d?achat des Alg?riens d?j? victimes en nombre du ch?mage (11,3% de la population active officiellement), tandis que l?Etat a 140 milliards de dollars de r?serve. Les multiples attaques contre les protestations des syndicats autonomes, seuls canaux d?expression actuellement, risquent de conduire les pouvoirs publics ? un cul-de-sac, ? l?heure o? le foss? entre le pouvoir et la population risque de se creuser. Ces syndicats, principalement actifs dans l?enseignement et la sant?, d?clenchent r?guli?rement, en vain, des gr?ves, principalement pour obtenir l?am?lioration des salaires. Les observateurs de la sc?ne sociale craignent que le ch?mage n?augmente et que la violence sociale, surtout chez les jeunes, ne s?aggrave, prenant en exemple la ?prise en otage? de responsables politiques dans des conflits locaux, r?guli?rement rapport?e. Dans ces conditions, il sera ?difficile? au Pr?sident, requinqu? par un large pl?biscite, ?de redonner confiance et espoir ? une jeunesse d?sabus?e et au comble du d?sespoir. La balle est dans son camp, disent succinctement les analystes.