Les oppositions à la construction de mosquées se multiplient avec violence à travers le pays, de la Floride au Tennessee. Dernier acte en date: un incendie a eu lieu tôt dans la matinée de samedi dernier au niveau du site de construction d'un centre islamique et d'une mosquée dans le Tennessee. Le bureau fédéral américain d'enquête (FBI) annonce avoir «lancé une enquête pour faire toute la lumière sur cet incendie». Keith Moses, responsable du FBI, affirme que «les enquêteurs sont en passe de rassembler toutes les preuves susceptibles d'établir la vérité entourant cet acte» et «n'exclut pas l'hypothèse d'une origine criminelle». Selon Kami Ayache, qui gère ce projet de mosquée, «les lieux ont été aspergés d'une matière inflammable avant d'être la proie au feu». De son côté, le bureau de lutte contre le trafic d'alcool, de tabac et d'armes et des explosifs s'est également saisi de cette affaire en décidant de mener sa propre enquête. Dans cet Etat conservateur du Tennessee, trois projets de mosquées ont poussé des centaines de personnes à descendre dans la rue, s'opposer aux chantiers. «Nous n'avons jamais éprouvé un tel degré d'hostilité», confiait un musulman syrien installé depuis trente ans en Amérique et responsable de l'expansion de la mosquée de Murfreesboro, près de Nashville. Il faut dire que ce projet de construction d'un centre islamique à Tennessee se heurte, depuis juillet dernier, à une vive manifestation de plusieurs centaines d'opposants. Dans la foulée, le gouverneur du Tennessee, Ronald Lynn Ramsey, a publiquement critiqué ce projet et est même allé jusqu'à proférer des propos offensant les musulmans. Face à cette cascade de violence, le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR) a affirmé avoir appelé les représentants des musulmans du Tennessee à se concerter pour arrêter les voies et moyens à même de se protéger contre cette vague d'islamophobie qui cible les musulmans. De son côté, Ibrahim Kobar, directeur des relations intérieures du CAIR, a dénoncé ce rétrécissement des libertés conférées par la Constitution américaine pour la liberté de culte. Le 25 mars dernier, deux Américains ont été condamnés à quinze ans et quatorze ans de prison après avoir été reconnus coupables d'un attentat aux cocktails Molotov ciblant une mosquée du Tennessee et des inscriptions racistes sur l'édifice. Le troisième complice attend son procès. «Le droit d'exercer son culte sans crainte de ce genre de réaction violente fait partie de nos droits fondamentaux», a affirmé le procureur général adjoint de la section des droits civils. «Nous poursuivrons activement tous ceux qui cherchent à intimider ou blesser toute congrégation en raison de sa foi ou de ses pratiques religieuses», a-t-il ajouté. Dans le Wisconsin, les vitres d'une mosquée flambant neuve ont été brisées, il y a deux mois. Temecula, dans la banlieue de San Diego (Californie), a inauguré récemment un Centre communautaire musulman avec beaucoup de difficultés. Lancé en 2006, le projet de construction de la vingtième mosquée du comté de San Diego a subi toutes les obstructions : les opposants ont invoqué l'augmentation du trafic automobile, le manque de concertation avec les associations du quartier. Les plus farouches ont, jusqu'à la semaine dernière, brandi des pancartes «Stop aux mosquées en Amérique». «Pas de mosquée!» est devenu un leitmotiv des groupes xénophobes aux Etats-Unis. Cette vague d'islamophobie en dit long sur la virulence du débat que suscite depuis le début de l'été le projet de construction d'un centre islamique à deux rues de Ground Zero, site des attentats du 11 septembre 2001. Invoquant la liberté de pratique religieuse comme «l'une des raisons majeures de la création de l'Amérique», le maire démocrate de New York, Michael Bloomberg, a au contraire soutenu fermement la démarche, y voyant le symbole de la capacité du pays à surmonter ses divisions.