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Vivement l'Aïd !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 09 - 2010

Que retenir de ce mois de ramadhan 1431 qui tire déjà à sa fin. La première des choses qui revient sur toutes les lèvres est la cherté de la vie durant ce merveilleux mois qui est devenu malheureusement, au fil du temps, synonyme de bouffetance pour les frénétiques consommateurs et une affaire de gros sous pour les spéculateurs de tous genres, qui nous ont laminés, presque étouffés pendant ce mois qui est sacré pour les puritains, une véritable profanation pour les impurs.
LES PRIX QUI VOUS COUPENT L'APPETIT
On distingue deux genres de ferveurs en ce vénérable mois. Les cœurs durs que des tonnes de larmes des pauvres consommateurs n'émeuvent jamais et qui se bourrent par un assouvissement infini les poches. Et il y a ceux qui ne ratent pas la piété régnante pour se remplir les cœurs. Heureusement qu'il existe encore cette race de gens charitables qui font tout leur possible pour rendre heureux les nombreux éprouvés de ce mois. C'est aussi une affaire du bien contre le mal.
Les prix pratiqués par une grande majorité commerçants ne suivent aucune logique commerciale. La tomate, pour ne parler que de ce demi-fruit consommé tous les jours, passe du simple au sextuple en un clin d'œil et sans aucune gêne. La carotte, dont personne ne peut s'en passer pour son utilité culinaire, n'a pas baissé du double ou le triple de son coût habituel.
Quelques feuilles de salade verte à 120 DA le kilogramme vous fait appauvrir votre touffe de quelques cheveux le temps de l'annonce de son tarif. La pain est majoré à 10 DA chez presque la totalité des boulangers en y rajoutant un peu de sucre et de beurre pour devenir, on ne sait pas par quelle recette miracle, brioché et bon à croquer. Les produits des gâteaux et des vêtements prennent le large à l'annonce des 10 derniers jours. Tous les jours, on n'est aucunement au bout de nos surprises.
Après une légère accalmie au début de la seconde dizaine, tous les clignotants passent subitement au rouge. Je n'ai aucun doute là-dessus, les spéculateurs de ce pays possèdent la meilleure stratégie pour adapter la concurrence selon les envies des uns et des autres. Je dirais même banal pour qualifier le destin forcé des algériens. Des bandits en plein jour, à qui ne manquent que les armes, font et défont la vie des Algériens et se jouent comme ils l'entendent de tout un gouvernement.
Les contrôleurs dont parle l'ENTV, ne jouent leur rôle que devant les caméras du journal télévisé de 20 heures. Pas leur moindre trace dans notre vie quotidienne. En tous les cas, je ne les ai jamais rencontrés de visu sur mon chemin sauf s'ils se déguisent peut-être en fantômes. A chaque fois que l'on passe que ce soit chez l'épicier ou chez le marchand de légumes, la tendance est toujours à la hausse. Un jour, c'est le sucre, l'autre jour c'est l'œuf. Par le maquillage sensationnel, le poisson congelé devient subitement du poisson frais.
La viande congelée qui grimpe au plafond, à 700 DA le kilogramme SVP ! On importe pour voir l'effet contraire de la politique désirée. Ça ne se passe décidemment que chez nous ! Même la poudre pour la conservation des morts est venue au secours de nos Dracula des temps nouveaux. Cette consternation marquera à jamais le Ramadhan de cette année d'une pierre noire. On aura tout vu.
Sans exception, tous les produits subissent le diktat de la hausse même lorsque les cours du marché mondial ne varient pas ou en baisse.
Vous n'êtes jamais au bout de vos peines. Le consommateur est tout affolé surtout qu'il n'est nullement organisé. Il vit dans une jungle où les prédateurs sont partout. Au moindre relâchement et le voilà avalé, sans aucune rémission, tout cru. Il faut qu'il achète le produit coûte que coûte et quel que soit le prix. Et c'est cet affolement que nos suceurs de sang adorent le plus provoquer. Ils te poussent à la panique générale, à l'achat rapide et sans aucun calcul sinon tu seras le dernier à boycotter le produit. Avec cette manœuvre, t'as l'impression d'avoir fait une bonne affaire car si tu ne l'achètes pas aujourd'hui, tu le regretteras le lendemain. Et tant pis pour toi.
Tous les ans, c'est la même histoire qui se renouvelle inlassablement et dont les leçons ne sont jamais retenues. A la fin du mois, on l'impression de sortir du bout d'un long tunnel. Le prochain Ramadhan sera le clone de celui-ci avec de nouvelles frasques et ses délits. On efface tout et on recommence.
Heureusement que l'ambiance du mois du ramadhan n'a pas d'égal lors des onze restants. Les regrets sont vite oubliés. Toute la famille à table. Les amis, les prières et ses invocations, la solidarité sont renforcés. Passés, les deux journées de l'Aïd, on revient à la vie routinière.
Grille de programmeS ou RECLAME ?
Le mois du Ramadhan est aussi synonyme d'un programme spécial de la télévision publique. Cette année c'est la grosse déception. Paradoxalement, notre Tv a, paraît-il, obtenu les meilleures audiences pendant ce mois. D'abord, par rapport à quoi, a–t-elle décroché cette première place ? Tous les spécialistes parlent d'un fiasco sauf ses responsables. Après la rupture du jeûne, on vous passe plein plein de publicité. On est rassasié pendant au moins une vingtaine de minutes à tel point qu'on se rappelle plus des spots que du programme lui-même. Il fallait sans doute faire élire la meilleure réclame présentée. Moi, je vote, sans hésitation aucune, pour Hamoud Boualem qui a présenté sans doute la meilleure pub avec ses éclats de rire qui vous laissent au moins tout sourire. C'est le seul qui pu apporter une certaine gaieté.
Le programme, c'est une « caméra cachée » grandeur nature. Par la pauvreté et la pénurie des acteurs passés chez Nessma TV ou ailleurs, les citoyens sont devenus des artistes naturels, bénévoles et disponibles à souhait. Et ils jouent gratuitement, pas même pour un petit tee-shirt ou une casquette en papier offerts par la maison. Pourtant ils passent dans la grille à une grande heure d'écoute, en prime time ramadhanien. Par manque de coordination nationale, toutes les stations régionales, ont eu par télépathie la même idée. Au menu, c'est la fameuse « caméra cachée » qui a subi des liftings partout dans le monde sauf chez nous. Les débilités, il n'y en a presque que ça !
Et puis, heureusement que le ridicule n'est pas Algérien, Quel est l'Algérien qui ne regarde pas la télévision nationale, histoire de se mettre dans l'ambiance ramadhanesque. Il aurait fallu comparer ces résultats par rapport aux résultats des années précédentes. Ils seraient identiques depuis que l'ENTV existe. Nessma TV a quand damé le pion en recrutant des acteurs algériens pour des sketchs à connotation beaucoup plus Algérienne pour attirer les déçus de l'obligée.
SOUVENIRS
Ce mois de Ramadhan a vu aussi la disparition de figures nationales telles que Tahar Ouettar, Lakhdar Bentobbal, Mohamed Salah Mentouri et du premier ministre de l'éducation nationale au lendemain de l'indépendance Abderrahmane Benhamida que personnellement, je n'ai jamais entendu évoquer son nom sauf en ce jour de son décès. On ne sait toujours pas comment honorer et rendre hommage les gens de leur vivant.
Par ces omissions volontaires ou involontaires, c'est notre mémoire collective qui en prend des coups et dont il sera difficile de se remettre. Comme tous les mois de l'année, chacun a perdu des siens de son entourage des personnes anonymes telles que mon collègue Naït Si Ali de mon université ou Houari de mon enfance. Ainsi va la vie. Chaque ramadhan apporte son lot de tristesse et de joie.
Le passage de quelques jours à Relizane chez la maman te permet de se replonger dans le Ramadhan de la jeunesse et d'un passé nostalgique. Une virée nocturne du côté de Mesdjed Ennour pour les taraouih suivie d'un petit moitié-moitié au comptoir du Café d'El-Feth te fait ressortir les sensations de vos 20 ans en compagnie des amis du quartier des olivettes ou de la rue du parc. Enfin, une Gaâda sur la terrasse du café Majectic, sur la place de la mairie, entouré du cousin Djillali, en maestro des lieux, te fait sauter en éclats jusqu'aux premières lueurs de l'aube annonçant l'heure du Shor.
saâdane, l'exemple
Ce mois constitue aussi la fin de nos rêves footballistiques avec un Saâdane au hit-parade un certain 18 novembre, abattu, vomi, jeté en pâture et de surcroît insulté par tout un stade à Blida lors d'un immoral 3 septembre. Des insanités fusaient des gradins ; heureusement étouffées en direct par les ingénieurs du son de la télévision. Comme quoi, l'Algérie est le pays des extrêmes, le juste milieu fait toujours défaut.
Rabah Saâdane a eu au moins le culot et le mérite de démissionner. Il existe des responsabilités qui sont haïs partout mais ne s'aventurent pour tout l'or du monde à quitter leur indéboulonnable fauteuil. Saâdane a tenu compte que des présents. Il n'a même pas attendu la suite des absents mais sait que derrière leurs écrans, ils n'en veulent plus de lui. Il ne veut pas rester contre leur gré. Encore chapeau bas Monsieur Saâdane.
ET L'ENSEIGNEMEMNT SUPERIEUR !
Comme universitaire, j'attendais avec impatience de l'audition présidentielle du ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Il n'y a que les chiffres présentés qui ont changé par rapport aux années précédentes.
J'espérais mais sans trop d'illusions à ce qu'on discute des indemnités des enseignants chercheurs. Il n'en fût point dans le texte lu dans le journal de 20 heures de ce mardi 7 septembre. L'enseignant chercheur n'est qu'un chiffre de plus ou de moins.
Actuellement ils sont actuellement aux alentours de 38000 pour à peu près 1 million 150 milles étudiants sans compter ceux de cette présente rentrée universitaire. Le prorata est d'un enseignant pour 28 étudiants, un chiffre très très loin des règles internationales. Et ça le rapport du ministre n'en fait aucune évocation. Il faut donc doubler le nombre d'enseignants ou bien diviser celui des étudiants par deux. Le chiffre est encore effarant lorsqu'il s'agit de découvrir le nombre d'enseignants magistraux par rapport au nombre d'étudiants. Nous courons depuis plusieurs années à rattraper ce fatal retard mais les résultats typiques du Baccalauréat, ne reflétant aucune réalité pédagogique, ne font que nous reculer et régresser de plus en plus en arrière. La quantité ne remplacera jamais la qualité.
Le rapport du ministre n'évoque nullement le côté pédagogique assimilé au fameux triptyque étudiant-chaise-lit. Par exemple, aucune donnée n'est présentée sur le nombre d'heures d'enseignements réels dispensés par rapport aux volumes horaires des programmes officiels ni comment y remédier aux lacunes d'un bac acquis en étant amputé du tiers de son volume. Un diplôme délivré par nos universités n'aura aucune valeur et ni estime sur le marché local ou au plan international s'il n'est pas confronté et comparé à toutes les normes universelles. Ça y est, mes chers lecteurs, l'Aïd frappe de toutes ses forces à nos portes et il est le bienvenue. Il est annoncé pour aujourd'hui ou demain. La confrontation de la vue du croissant à l'œil nu qui ne doit pas se contredire avec les calculs astronomiques, a encore devant elle, de belles années de dualité. Quel que soit le jour, vivement l'Aïd pour tous, Saha Aidkoum et à l'année prochaine Inchallah.


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