No comment ! Les responsables étrangers connaissent suffisamment les susceptibilités locales pour ne plus se risquer à commenter les décisions du gouvernement algérien dans le domaine économique. Cela n'empêchera pas, bien sûr, les agences de notation de faire de la «veille législative» et de transformer en appréciation, négative en général, les changements introduits pour l'encadrement de l'investissement. Des changements devenus depuis au moins trois ans une spécialité des lois de finances complémentaires. Il faut en définitive positiver le fait que nos partenaires étrangers, soucieux de préserver leurs intérêts, s'abstiennent de commenter les décisions de l'Algérie. Cela a été fait dans le passé et cela a donné lieu à quelques réactions «ultra-patriotiques» où des Algériens, n'ayant pas le même avis que le gouvernement en matière de gestion de l'économie, étaient purement et simplement présentés comme servant sournoisement des intérêts étrangers. Le silence des partenaires étrangers est au fond secondaire. Leur intervention chahute inutilement un débat national nécessaire mais qui tarde à se faire. Il est au demeurant plus pertinent de voir, dans les faits, comment nos partenaires s'adaptent à nos changements de législation. Connaître le nombre d'investissements directs étrangers réalisés au cours de l'année est plus instructif que d'entendre un ministre étranger s'inquiéter que l'Algérie fasse «fausse route». En définitive, l'attitude sourcilleuse des autorités algériennes a réussi à faire taire les propos - parfois très excessifs - de partenaires étrangers. Que cela résulte d'une conviction ou du souci de ne pas obérer ses possibilités d'affaires en Algérie n'a pas d'importance. Ce qui importe est que leur retenue devrait permettre, à tout le moins, aux intervenants nationaux de pouvoir s'exprimer franchement sur la politique économique du gouvernement sans risquer l'accusation d'être les agents d'organisations patronales étrangères ou d'être des ennemis de la nation. Restons donc «entre nous» et évacuons d'emblée des discussions oiseuses sur le patriotisme économique qui, ainsi que l'indiquait hier dans ces colonnes Abdelhak Lamiri, est pratiqué par tous les Etats, y compris ceux qui professent le libéralisme total , chez les autres, s'entend. Le patriotisme économique n'est pas une invention algérienne. Même les Etats-Unis ont recours à des passations de marchés et à des appels d'offres préférentielles. Le plus important est ce qu'on met dans ce «patriotisme économique». Si le gouvernement a de bonnes raisons de chercher à réduire le volume des transferts, sa politique pour y parvenir fait débat. La règle des 51/49%, devenue un quasi-dogme, ne convainc pas tout le monde. Elle est, expliquent des économistes, contre-productive même au regard de l'objectif du transfert des ressources. Un observateur national constate avec regret que nous savons parfaitement bien interdire mais que l'on n'arrive toujours pas à encourager et à inciter. Est-ce une question de culture et de routine bureaucratique ? Limiter la participation étrangère à 49% dans les entreprises est facile - il suffit d'un article de loi -, avec un effet économique discutable. Créer 500.00 PME a plus de sens pour l'économie mais un changement de loi n'y suffirait pas. C'est bien un changement de culture qui est nécessaire.