Angela Merkel a plaidé hier pour un durcissement de la régulation des marchés financiers et s'est prononcée en faveur de la création d'une agence de notation européenne. L'idée, proposée il y a déjà plusieurs semaines par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, avait été reprise la semaine dernière par le vice-chancelier allemand, Guido Westerwelle. Une agence européenne pourrait apporter "une compréhension de base" des mécanismes économiques différente de celle des agences existantes, plus orientée vers "la pérennité" de l'économie et moins vers le court terme, a-t-elle dit. "Plus de concurrence dans ce domaine ne peut pas nuire", selon Mme Merkel. Elle a expliqué vouloir apporter des modifications au pacte de stabilité de la zone euro "de manière à ce qu'il ne puisse pas être contourné". "Nous allons présenter des propositions à la fois sur une meilleure application d'une politique de stabilité monétaire commune et sur des modifications éventuelles des traités, qui rendront possible à l'avenir une réaction plus adaptée" aux problèmes financiers d'un ou de plusieurs membres de la zone euro, a-t-elle déclaré. La ministre de l'économie française, Christine Lagarde s'est elle aussi dite favorable à une telle mesure, dans un entretien accordé au Monde. Christine Lagarde a annoncé hier qu'elle allait prendre des dispositions concrètes pour que l'Autorité des marchés financiers (AMF) puisse contrôler les agences de notation. "Il faut bien sûr les contrôler plus, s'assurer qu'elles respectent les règles", a-t-elle déclaré sur Europe-1. "Je vais publier dans les tout prochains jours des documents suffisants pour autoriser l'Autorité des marchés financiers (AMF) à contrôler les agences de notation et à vérifier en particulier qu'elles respectent des règles déontologiques sur les conflits d'intérêts, sur la modélisation, sur la séparation entre les titres à risques et les titres à moindres risques". La ministre de l'Economie a estimé qu'il y avait "un certain nombre de règles qui vont devoir être fixées, qui vont devoir être rappelées". "On ne dégrade pas un pays dans les conditions où sa notation a été dégradée, c'est-à-dire 15 minutes avant la clôture, pour précipiter des achats ou des ventes dans des conditions hâtives, déplorables pour la solidité du marché". Les agences de notation, dont les trois principales sont Standard & Poor's, Moody's et Fitch, toutes américaines, sont accusées d'avoir abaissé les notes de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne, avec comme conséquences la hausse des taux d'intérêt auxquels ces pays peuvent emprunter sur les marchés et la fragilisation de l'euro face aux spéculateurs.