Vingt chefs de famille, travailleurs de l'entreprise Sonelgaz, sont depuis des mois sans électricité ni gaz de ville. L'entreprise en a décidé ainsi. Ces derniers sont accusés d'avoir occupé illégalement les lieux. Ils étaient au départ soixante familles à avoir occupé les 84 logements. Cette affaire remonte à 2003, quand la commission centrale d'accession au logement avait lancé un programme national pour la construction de 84 logements au lieudit les Lauriers Roses, à Annaba. 84 travailleurs répondant aux critères énoncés avaient été retenus par la commission régionale et validés par la commission centrale en 1984, avec parmi eux des familles ne travaillant pas et ne résidant pas à Annaba. Mais la liste a été retenue. Ces travailleurs avaient, après les formalités d'usage, versé des contributions initiales de l'ordre de 500.000 dinars. Le projet en question avait été confié à une filiale de Sonelgaz, dénommée S.C.I. (Société civile immobilière), qui avait procédé à la réalisation et la livraison des logements depuis quatre années déjà, puis a été dissoute. Une dissolution qui a mis dans l'embarras les 84 familles qui affirment ne trouver pour l'instant aucune autre solution que d'occuper les lieux, « de peur que nos logements prennent une autre destination». Le comité exécutif de l'entreprise, présidé par le PDG du groupe, avait, lors de sa réunion du 24 décembre 2008, décidé, selon le procès-verbal n°21, «l'affectation des logements des Lauriers Roses pour les actifs résidant à Annaba est retenue. Les inactifs et les non-résidents à Annaba ne peuvent prétendre à une affectation en l'état actuel des choses. Le liquidateur de la SCI devra procéder aux remboursements des avances aux agents inactifs et actifs qui ont versé de l'argent à la SCI dans le cadre de ces opérations», lit-on dans le PV en question. Les agents de Sonelgaz ne sont pas de cet avis. «Nous nous trouvons dans une situation très délicate. Nous sommes sous une forte pression. D'abord, l'entreprise refuse de nous raccorder aux réseaux d'électricité et de gaz ; ensuite, on nous met en difficulté. Les logements en question nous appartiennent, nous y avons souscrit en parfaite harmonie avec les orientations et les critères de la société. Nous avions mobilisé toutes nos énergies pour concrétiser ces projets afin de mettre nos enfants à l'abri de tout besoin en la matière. Aujourd'hui, on veut nous spolier de notre bien. Nous n'accepterons jamais cela », nous a déclaré une femme qui interpelle les dirigeants de l'entreprise pour revoir leur position. Aujourd'hui encore, bien que l'option de loger les actifs résidant à Annaba ait été retenue par le comité exécutif en 2008, le problème reste le même. «Nous sommes dans nos droits. Pourquoi voulez-vous qu'un projet que nous avons monté, suivi jusqu'à sa réalisation, puisse prendre une autre destination ? Et l'on doit se contenter d'un simple remboursement ?», s'est interrogé un autre travailleur, qui nous a fait part de l'effort de médiation opéré par le syndicat qui ne cesse de multiplier les contacts pour un règlement à l'amiable de cette situation.